Confinement – Jour 4

Ravito, toto !

Réveillé par les bruits de déménagement de mes voisins, un couple de saisonniers pour qui le laborieux hiver helvétique se termine plus vite que prévu, je suis surpris de ne pas trouver mes deux poulettes tapies, comme chaque matin, devant la porte de ma chambre. Ne seraient-elles pas encore rentrées de leurs escapades nocturnes ? Probable, avec la lente remontée des températures, l’extérieur redevient leur terrain de prédilection. Du coup, je vais déjà m’occuper de me restaurer avant qu’elles ne viennent, à leur tour, réclamer pitance et caresses.

L’échappée (pas forcément) belle du jour consiste en un rapide aller-retour destiné à calmer un frigo qui crie désormais famine. Et là, quitte à le braver, ce maudit virus, je choisis d’aller me ravitailler directement à la grande ville. Pour autant qu’on puisse qualifier Martigny de grande ville. Si la route du Grand-St-Bernard n’est pas complètement désertée, il y règne quand même un calme inhabituel. Pratiquement que des immatriculations valaisannes et toutes à une allure respectant (à peu près) les limitations. Ou quand Mr Covid a aussi du bon…

En revanche, au centre commercial, le tableau est moins rose. Beaucoup de rideaux métalliques abaissés au milieu desquels s’étire une file de caddys séparés par le mètre cinquante désormais imposé et tracé à même le sol. Les gens sont étrangement calmes. Apathiques ou résignés, ils peinent à sourire, ou simplement à rendre un bonjour ? Cela aurait été la peste ou le choléra, je dis pas. Mais là, il n’y a pas péril en la demeure. C’est même justement en y restant (à demeure) que vous serez le mieux protégé de ce virus, que, de toute façon, à l’instar de la grippe, nous finirons tous par chopper, tôt ou tard, (mais le plus tard sera le mieux). La fabrication des fameux anticorps collectifs espérés, étant à ce prix et le confinement strict mais qui ne veut pas le dire, ayant comme unique but d’éviter que nous le choppions tous en même temps.

Une petite giclée de gel hydro, alcoolique et obligatoire, et hop, me voilà à l’intérieur du supermarché orange (Migros ou Coop, à vous de deviner) muni d’un Self Scanning désormais hautement recommandé (surtout par des caissières qui, il n’y a pas si longtemps, nous accusaient de les priver de job). L’atmosphère y est tout de suite plus affairée. Si certains clients vaquent calmement à leurs courses quotidiennes, devenues hebdomadaires par la force des choses, d’autres remplissent leur caddy comme s’ils voulaient ouvrir un magasin d’alimentation concurrent de celui qu’ils sont en train de dévaliser. Mis à part quelques étalages qui peinent à être ré achalander, il ne manque pourtant pratiquement rien. Ni fruits, ni légumes, ni pain, ni viande, au rayon frais. Ni pâtes, ni riz, ni conserves, à celui des aliments à longue durée de conservation.

Ah, si, finalement, au rayon PQ, c’est le grand bleu, qui est aussi, accessoirement, la couleur des étagères. Visiblement, il fait quand même un peu, voire beaucoup, « chier » ce SRAS-CoV-2, le retour.