A l’aube d’une nouvelle saison de ski, il est toujours bon de rappeler certaines « absurdités » législatives.
Dans un petit pays comme la Suisse, les conflits d’utilisation du territoire entre adeptes des loisirs de plein air et faune sauvage sont inévitables. Pour limiter le dérangement des animaux, la Confédération et les cantons ont défini des secteurs dans lesquels les activités humaines sont limitées, voire interdites. Il est notamment défendu, en toutes saisons, de quitter les chemins balisés dans le Parc national. La pratique des sports d’hiver est, en outre, proscrite dans les districts francs fédéraux et les zones de tranquillité pour la faune.
Leur multiplication commence à provoquer une levée de boucliers au sein des associations sportives. Le Club alpin suisse s’est ainsi opposé à deux nouvelles zones valaisannes – créées pour compenser deux installations mécaniques destinées au ski alpin – et s’inquiète des nombreuses courses qui deviendront hors la loi lorsque le nouveau Parc national de l’Adula (TI) sera créé. Le milieu du VTT proteste, lui, contre l’interdiction d’accès au vallon de Réchy, qui a entraîné la disparition d’un itinéraire mondialement réputé.
Libérée de la présence des indésirables, la faune se la coule-t-elle douce pour autant ?
Même pas ! En raison de la surpopulation de certaines espèces, notamment des cerfs, les chasseurs sont appelés à la rescousse pour réguler leur population. Depuis plusieurs années, des volets sont ouverts dans ces espaces normalement protégés. Ironie du sort, en 2016, trois d’entre eux l’ont justement été dans les nouvelles zones de Grimentz et Nendaz où, dans le même temps, on promet une amende salée aux skieurs qui pointeraient le bout de leurs lattes. Même chose en 2014 dans le vallon de Réchy. Chassez le randonneur et le chasseur revient au galop…
Entraver la liberté individuelle est une décision grave. A fortiori lorsque l’atteinte touche la montagne, territoire symbolique souvent considéré comme le dernier espace de liberté. En estimant qu’un individu gêne davantage lorsqu’il est armé d’une paire de skis ou d’un vélo que d’un fusil, les autorités donnent l’impression que ces zones de protection ne sont rien d’autre, au fond, que des chasses gardées.
Vincent Cherpillod
Bon A Savoir