Après ce spendide weekend que la plupart d’entre-vous ont mis à profit pour rouler, peaufiner les réglages de leur nouvelle monture ou dépenser un max de calories avant l’hiver j’ai le moral bien bas et sents le besoin de faire partager ma tristesse.
Vendredi passé nous organisions la sortie annuelle à VTT de notre office. Ouvert à tous, pros ou simples vététistes occasionnels, ce tour traditionnel mène les participants de Bienne à Chasseral par différents chemins selon la forme de chacun, puis dans une métairie pour un souper fondue ou grillade. L’après-midi estival promettant d’être mémorable, tout le monde part ensemble de l’office, content de quitter le bureau pour se défouler et grimper au sommet du géant jurassien.
Nous nous retrouvons à quatre dans le groupe des cracks et décidons de prendre le chemin le plus physique jusqu’au sommet de Macolin. Jusque là aucun problème si ce n’est une bonne transpirée et un rythme cardiaque plutôt élevé au point le plus haut de ce tronçon. Une petite pause boisson/Balisto et déjà nous repartons sur des chemins larges et faciles. Puis nous attaquons une petite descente sur une route asphaltée et légèrement bosselée. A la queue-leu-leu nous descendons à 40 km/h en longeant un coin de forêt puis dans une large plaine. Un coup d’oeil en arrière pour constater que notre ami Andreas n’est pas là, un arrêt d’urgence et déjà l’un de nous fait demi-tour pour aller voir où est passé notre ami. Soudain un cri terrible au loin : Marc et moi nous empressons de rejoindre notre collègue Urs qui est auprès d’Andreas étendu dans le fossé au pied d’un gros pin, totalement inconscient. Marc, pourvu de solides référence de sauveteur, plonge aussitôt pour prodiguer les premiers soins. Comprenant que le cas est très grave nous organisons rapidement les secours. Malheureusement la couverture GSM est nulle dans cette endroit retiré. Urs rejoint la ferme au-dessus pour appeler l’ambulance alors que je fonce à la montagne de Douane d’où j’appelle le 117. Une fois les coordonnées du lieu du drame communiquées ils vont avertir la REGA et son hélicoptère.
Le temps de remonter rapidement sur les lieux et je réalise que le cas est très grave : Andreas saigne abondament du nez et des oreilles, il ne respire plus malgré les efforts désespérés de Marc qui n’a pas arrêté de faire la respiration artificielle… Quelques minutes terribles encore et l’ambulance arrive. En quelques secondes les pros prennent le relai, installant toute une batterie d’appareils autour de notre ami. Puis l’hélico arrive et atterit à 30m. Le médecin et l’infirmière jaillissent aussitôt et augmentent encore les soins. J’aide le groupe dans la mesure de mes faibles moyens. Mes deux autres amis sont anéantis. Massages cardiaques, stimulateur, injections multiples : rien n’y fait et je comprends rapidement que notre ami est parti pour toujours. Le mécecin de la REGA se retourne vers moi avec un air grave et me confirme qu’ils arrêtent les mesures urgentes car le coeur ne repart pas. La terrible hémorragie cérébrale à stoppé le système cardiaque quelques secondes après le choc et Andreas ne doit pas avoir souffert…
S’ensuit la terrible procédure policière et judiciaire : mesures, photos, identification, analyses, interrogatoire, derniers regards puis levée du corps. Pour nous ses amis il est temps de redescendre à Bienne retrouver le reste du groupe déjà prévenu. Le verre que nous buvons enfin a un goût particulièrement amer en cet instant.
Andreas avait 41 ans, marié avec deux enfants en bas âge. Et surtout son casque était dans son sac, peut-être qu’il estimait que cette petite descente ne nécessitait pas de protection particulière. Le destin en a décidé autrement. Le casque l’aurait-il sauvé ? Je ne connais pas la réponse mais je peux vous assurer que plus jamais je roulerai au plat ou à la descente sans mon casque. Seule une montée longue, éprouvante et sans danger me verra tête nue ou coiffé de mon célèbre bandana qui m’a valu parfois le surnom de pirate.
Dans l’émotion d’écrire ces lignes j’ai envoyé le message sans vraiment conclure. Etant adepte du casque depuis toujours, régulièrement conforté dans mon choix par quelques chutes habituelles et surtout un OTB mémorable par-dessus un p…ain de chat fou, j’attaque la fin de mon entraînement pour mon tour de décembre en Ethiopie avec un très grand respect pour les risques que l’on prend sur son VTT. La vitesse est grisante, les machines actuelles permettent de descendre de manière très sûre mais il est toujours indispensable de mettre toutes les chances de son côté. Et l’un de ces moyens est justement de toujours porter un casque . Les modèles actuels sont si confortables, si protecteurs et tout compte fait pas si chers s’ils peuvent vous sauver des vies.
Lorsque je regardais une dernière fois mon copain étendu mort sur une petite route de campagne (et c’est une expérience que je ne souhaite à personne) je me suis juré que je mettrais un max de chance de mon côté lors de toutes mes prochaines sorties à VTT.
La vie c’est formidable, mais cela peut vite, très vite devenir terriblement dur…