Alors que d’aucuns ont profité du catholicisme de leur canton pour aller s’éclater sur les pentes Anzèroises en pleine Fête-Dieu, je profite à mon tour d’un jour de congé pour aller titiller les alpages fribourgeois quelque peu éloignés des crêtes jurassiennes que je fréquente assidûment. Ce grand tour de la Berra et du Schwyberg, que j’avais tenté en octobre dernier et que l’orage avait malencontreusement interrompu, me tendait les bras depuis longtemps. Car le pays de Fribourg, et plus particulièrement les alpages des Préalpes, est un merveilleux terrain de jeux pour tout vététiste crapahuteur et quelque peu curieux d’user ses crampons sur la barrière de röstis, cette ligne théorique et fluctuante qui marque la frontière entre la Suisse germanique et son pendant gaulois et francophone. Le mélange d’une météo incertaine, d’un roadbook pas complètement maîtrisé et d’auberges d’alpages peut-être pas encore ouvertes est un puissant révélateur qui m’incite à grignoter mes heures supplémentaires et enfourcher mon fidèle compagnon, malgré la perspective de rouler seul…
Parti de Plasselb en pleine Singine germanophone je m’élève rapidement pour atteindre la Francophonie et la crête de la Berra à Crau. S’ensuit une succession de rudes montées et de descentes bien techniques en des lieux qui chantent agréablement aux oreilles de tous les Zozets : le Cousimbert, la Berra, l’Auta Chia, la Patta, les Schwyberg,… Malgré un temps menaçant et des conditions peu propices aux photos (ciel brumeux et laiteux) les paysages sont grandioses et la vue surprenante sur toute la Gruyère et le Plateau, avec par endroits des forêts ravagées, cuisants souvenirs du terrible Lothard de décembre 1999. Au final un tour grandiose et exigeant, agrémenté d’un excellent repas dans une de ces auberges dont Fribourg est généreusement garni. Qu’exiger de plus avant les grillades du week-end ?