Il y a un an tout pile, à un jour près exactement, une pierre masquée m’expédiait par-dessus le cintre de mon vélo, et, quelques minutes plus tard, après un deuxième envol, en hélicoptère cette fois, aux urgences de l’hôpital de Viège. Je ne suis ni superstitieux, ni fétichiste, mais je voulais marquer cet anniversaire autrement qu’en bénissant la broche en titane qui épaule (c’est le cas de le dire) ma clavicule, depuis ce malheureux jour d’août 2020.
Pour ce faire, je trouvais intéressante et conjuratrice l’idée de remettre de la pierre au menu VTT de cette journée particulière. Et s’il y a un col valaisan qui respire la « minéralité » par tous les pores de ses deux versants, c’est bien le Meidpass, célèbre Pass(age) entre les deux rives de notre « kleiner Roestigraben ». De la pierre qui roule, de la caillasse qui fuit sous les roues ou du bon gros granit ancré dans le sol, de la marche bien cassante, mais aussi du rocher lisse comme la peau d’un bébé ou du bloc plus rugueux comme le dialecte parlé autour de lui, cet itinéraire alpin regorge de minéraux plus ou moins bien intentionnés.
Le 21 août 2020, une malheureuse pierre esseulée m’avait brisé la clavicule et mis au tapis pour trois longs mois. En 2021, les 523’327 cailloux dispersés au diable vauvert, auront, au mieux, vu passer mes roues cramponnées, au pire, forcé à mettre pied à terre.
Les années se suivent et les 20 août ne se ressemblent pas. Tant mieux !
Aujourd'hui, le « funi » c'est « bibi ». Et aussi, un peu, Mr Brose.
Chalet Blanc est plutôt vert, cette année, mais néanmoins toujours ascendant, voire très ascendant.
La définition-même du nez dans le guidon et du bec de selle dans le fion.
La Roja, c'est l'équipe qui nous a éliminé du dernier Euro, mais c'est aussi le premier répit d'une montée qui les compte sur les doigts d'une seule main.
A l'impossible, nul n'est tenu, mais l'important, c'est de toujours essayer.
Quand le vert se mouchète de gris, c'est que le Meidpass entre véritablement dans la partie.
Et quand le chemin n'est pas divin, le pré reste heureusement d'actualité.
Encore 400 mètres de dénivelé et un milliard de cailloux mal intentionnés.
A commencer par ceux, mouillés, de ce juvénile affluent du Torrent des Moulins.
Un juvénile affluent qui sait prendre le temps de flâner et de « méandrer » dès que son pré le permet.
2626, ce n'est pas le nombre de cailloux présents sur la photo, mais l'altitude à partir de laquelle l'ascension de l'arête finale débute.
Le gris gagne du terrain sur le vert, mais le pied n'est toujours pas à terre.
Le lacet, surtout en montée, est une science, dont la maitrise est un art de haute volée.
En revanche, d'un lacet à l'autre, pas question de marche forcée.
Toutes les déclivités sont à tenter, quand on est bien assisté.
Le gris a définitivement gagné la partie. Le seul vert à subsister ici, a pour nom « lichen », qui est aussi l'ami un peu collant de tout granit qui se respecte.
Quand tout devient pierrier, il ne faut, ni compter, ni s'en laisser compter, mais continuer à pédaler.
Bon là, pourtant, je pense qu'il va falloir finir à pieds.
La première « Spitzkehre » du versant germanophone : ça aurait pu passer.
Tomber du ciel, à travers les nuages. Quel heureux présage. De l'Higelin en chemin, trop bien !
Une île de « Grün » égaré au royaume du « Grau » ?
Non, cette année, réchauffement oblige, y a aussi du « Weiss » qui fait de la résistance.
But avoué : finir la journée, et du coup aussi, l'année, sans rien (se) casser.
Et, dans ce secteur, c'est pas forcément gagné.
Pas plus que dans celui-là.
Le Meidsee passé, tout devient plus « flowy »...
... ou presque.
Et dans ce « presque » se cachent du lacet empilé à gérer ...
... du caillou, parfois fixe, parfois instable, à avaler...
... et de la caillasse mouvante à apprivoiser...
... pour d'atteindre Meide Oberstafel...
... puis Mittel, son frère cadet.
Voyage au coeur de la « Swissitude ».
La Gruben Highway, plus exigeante qu'envisagée et plus retorse que ce cliché pourrait le laisser penser.
Jusqu'à son dernier lacet il ne faut rien lâcher. Ni sa concentration, si ses leviers.
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