Dans l’esprit de beaucoup, la Suisse est associée à la montagne et à Heidi, aux vertes prairies avec les neiges éternelles à l’arrière plan, et au mauvais temps qui reste accroché à ces montagnes apportant de la pluie, de la neige, du brouillard qui font que l’on reste bien au chaud dans son chalet typique. Pourtant, il existe une vallée où la sécheresse est telle que les paysans devaient risquer leur vie pour construire des canaux d’irrigation amenant dans les champs l’eau des glaciers des hautes montagnes environnantes : le Valais.
Petite explication météorologique : les masses d’air qui circulent autour de la Terre subissent des transformations physiques dues aux différentes caractéristiques des terrains rencontrés : océans, déserts, forêts, et montagnes. Lorsqu’une masse d’air franchit une chaîne montagneuse, elle subit un soulèvement qui va avoir pour effet de la transformer. En effet, à l’avant de la montagne (au vent), la masse d’air va se soulever, et subir une détente qui va refroidir cette masse d’air d’environ 1°C pour 100m au lieu de 2 (c’est le principe du frigo). Ce refroidissement brutal va avoir comme effet de diminuer la capacité de la masse d’air à contenir de la vapeur d’eau. Il va y avoir condensation (donc formation de nuages) et si la quantité d’eau condensée est trop importante pour être portée par l’air, précipitations sous forme de pluie ou de neige. Ce phénomène est souvent subit par les porteurs de lunettes l’hiver : en entrant dans un endroit très chauffé (un bar par exemple) après quelques minutes passées dehors, l’air en contact avec le verre froid des lunettes se refroidit d’un coup et il y a condensation sur le verre sous forme de buée. C’est le même phénomène. Inversement, à l’arrière de la montagne (sous le vent), la masse d’air va redescendre et subir une compression qui crée un réchauffement (exactement comme une pompe à vélo chauffe quand on gonfle un pneu). Ce réchauffement brutal va quant à lui augmenter la capacité de la masse d’air à contenir de la vapeur d’eau. Les nuages disparaissent, et s’il y a eu précipitation au vent du relief, la masse d’air est plus sèche qu’avant car toute l’eau précipitée ne s’y trouve plus.
Ce phénomène météorologique se nomme effet de Foehn, et il a la particularité de donner des climatologies très différentes à deux régions voisines, comme l’Alsace et la Lorraine, les versants français et espagnols des Pyrénées, le Valais et le reste de la Suisse. La vallée du Rhône valaisanne est en effet entourée des plus hautes montagnes des Alpes. Au Nord les Alpes Bernoises et ses sommets de plus de 4000m (Finsterrarhorn, Munch, Jungfraü, Gross Fischerhorn…) Au Sud les Alpes valaisannes comptent une quarantaine de sommets de plus 4000m comme le Mont Rose, le massif des Mischabels, le Cervin, le Breithorn, le Grand Combin, la Dent Blanche…. A l’Ouest enfin, le massif du Mont Blanc, toit des Alpes avec ses 4807m.
Vous l’avez compris, d’où qu’elles viennent, les perturbations ont du mal a déverser des pluies sur le Valais entre Martigny et Brigue. Il en résulte une pluviométrie annuelle très basse. A Sion par exemple, on ne relève en moyenne que 592mm de pluie par an alors qu’il en tombe 971mm à Berne, 854mm à Genève, 1724mm à Lugano, 1143mm à Zurich. Pour avoir une pluviométrie dans le même ordre de grandeur, il faut aller à Athènes (400mm), Alger (636mm) ou Barcelone (547mm). Pas étonnant donc de voir des vignes à 1500m d’altitude dans le Valais, les plus hautes d’Europe !
Pas de doute, le Valais est un petit coin de paradis…