Comme Horace l’a si bien déclamé nous sommes trompés par l’apparence du bien dans beaucoup d’aspects de notre vie. Alors que la plupart des avantages de la technologie moderne nous facilitent la vie lors de nos sorties vététistes, il en va diablement autrement quand d’autres pans de la modernité sont appliqués à des domaines différents. Bien calés sur nos destriers high-tech, habillés de matières issues de la recherche spatiale, protégés par des casques nanotechnologiques, guidés par des navigateurs satellitaires à la puissance de calcul phénoménale nous nous voyons soudain confrontés à des obstacles dépassés, moyenâgeux, primitifs, que dis-je : quasi néanderthaliens !
En effet qui n’a pas rencontré un jour, lors d’une de ses sorties, un de ces horribles obstacles mis en place sur notre chemin par des spécialistes que l’on croirait formés pour nous enquiquiner au maximum. J’ai nommé les clédars, portails, chicanes, grillages, fils de fer barbelés et autres barrières sensés séparer les troupeaux et faciliter le passage du quidam lambda.
A force de rencontrer lors de chaque sortie ce genre de pièges à cons que d’aucuns s’évertuent à placer sur nos parcours j’en suis venu à me considérer comme une sorte de spécialiste de ce genre de parasites. Et des obstacles, croyez-moi, j’en vois sur mon chemin : jusqu’à 23 entraves sur 25km près de chez moi. Et de tous les genres, comme vous le constaterez sur les photos. Car quand il s’agit d’embêter (et je suis poli) le pauvre vététiste l’imagination humaine n’a pas de limites. A croire que certains esprits cogitent longuement pour mettre au point des engins de torture plus dignes de l’Inquisition que du 21ème siècle.
L’obstacle anti-vététiste, spécialité de nos magnifiques pâturages jurassiens, semble se reproduire telle une pandémie dans tous les endroits que nos crampons vont taquiner. Plus un mayen, plus un alpage, plus un champ qui n’en soit largement pourvu. Avec pour résultat des éraflures, des déchirures, des hématomes et des électrocutions à foison dans nos rangs.
Petit florilège des impedimenta placés sur notre route et leurs effets possibles sur notre organisme.
P.S. : les présents propos sont évidement à prendre au second degré ! Mais n’hésitez pas à me communiquer vos expériences et surtout vos photos de modèles exclusifs pour enrichir ma collection.
Ah qu'il est beau, tout de bois conçu, délicatement ouvragé et parfaitement ajusté, avec juste ce qu'il faut d'huile sur les gonds pour ne pas grincer à notre passage. C'est le modèle «facile classique» que l'on apprécie, même s'il nous oblige à mettre pied à terre.
Voici un modèle de simplicité et d'efficacité, et surtout pas trop pénalisant pour nous autres pauvres bikers : manipulation aisée, risques moindres et surtout ouverture facile dans les deux sens. On perçoit le soucis de bien faire de ceux qui l'on conçus et posé. Bravo.
Le «tout électrique risk free», à condition de le négocier à bonne vitesse assis sur son destrier. Souple à souhait, construit en fibres high-tech genre carbone, il peut se montrer redoutable lors d'un contact avec mise à la terre (un pied malencontreusement posé) mais a l'avantage de rester définitivement ouvert si on le passe avec suffisamment de vitesse.
Le HT (haute tension) souple, vicieux par nature avec son élasticité active au mauvais moment, son crochet humide de rosée au matin à manipuler avec des mains toujours moites. Tous les ingrédients sont réunis pour que le malheureux vététiste se voit traversé par une grande giclée de courant écologique, malgré la panonceau d'avertissement.
Le «traître» classique, garantissant une belle gamelle lorsqu'il est humide et négocié avec un certain angle limite. Glissade et/ou roue pliée voir brisée sont la récompense d'une méconnaissance de ce genre de vicieux parasite.
Voilà le type même de modèle technique sécurisé avec goupille et poignée mobile, à manipuler à deux mains, avec en corollaire la chute du VTT (côté dérailleur arrière grâce au bon docteur Murphy) et un chapelet de jurons bien sentis.
Encore un beau vicieux : le «tordu écolo» tout de bois vêtu mais surmonté d'un fil électrique peu visible mais bien alimenté en 60kV, de quoi envoyer le vététiste imprudent sur le dos. Nécessite une approche prudente et un passage de monture tout en finesse avec moult circonvolutions.
Enfin un modèle qui nous rappelle l'Histoire avec un grand H. Ne fait-il pas penser à la Révolution Française et à sa célèbre guillotine? Son passage paraît aisé mais le couperet ne se prive pas de toujours tomber au mauvais moment.
Là nous atteignons des sommets dans la connerie obstructive : encadré de deux poutres en chêne traitées à cœur et quasi indestructibles, l'écueil est constitué d'un lien souple et léger suivi d'un vieux portail dont les gonds sont faits du même matériau que le lien. Le tout est d'une efficacité douteuse face à l'intelligence bovine mais néanmoins assommant pour un biker pressé et motivé.
La chicane (ici avec mention bien visible) reste un classique des chaînes jurassiennes et nécessite toujours un grand effort au niveau de la ceinture scapulaire. Toute tentative de négocier l'obstacle en tenant sa monture verticalement sur la roue arrière est d'emblé vouée à l'échec. Diablement efficace donc.
Harassé, harcelé par les obstacles mis sur son chemin, éventuellement blessé par lesdits obstacles, le biker peut se retrouver parfois devant ce genre d'avertissement quasi scientifique que ses yeux embués ont du mal à déchiffrer. Mais qu'il prenne garde car derrière ce panneau bien innocent peuvent se cacher de réels dangers que seul une maîtrise parfaite de sa monture peut permettre de fuir.
La chicane à double effet est rare mais assez tordue pour être mentionnée. Constituée de profils métalliques tranchants et de barbelés très accrocheurs, elle est associée à une topologie vicieuse (pente raide à la sortie) nécessitant une contorsion délicate surtout lorsque s'y ajoute le poids du VTT tenu à bout de bras. Une sale bête.
Résultat d'une profonde cogitation agraire ce monument-ci remplace l'ancien modèle à chicane que l'on peut apercevoir à l'arrière-plan. Tous les éléments sont parfaitement pensés et montés : des fils électriques high-tech et des isolateurs permettant de supporter la très haute tension mise en œuvre, des piliers quasi éternels et surtout un portail qui est une véritable œuvre d'orfèvrerie. Que du tout beau, la Rolex de l'obstacle anti-vététiste.
Là on approche du sublime absolu, de la quintessence des connaissances en matière de passage facilitant la continuité. Bien conçu, pas trop pentu, il semble terriblement facile à négocier par le vététiste débutant. Mais c'est sans compter les échardes bien acérées qui parsèment ses flancs boisés. D'où une certaine circonspection à maintenir à sa pratique.
Semblable au modèle précédent celui-ci a vu son concepteur ajouter un stupide obstacle à manipuler avec les mains (les bovins acrobates réussissaient-ils à négocier l'obstacle?). D'où un passage compliqué et très peu gratifiant vis-à-vis des promeneurs goguenards.
Ah le tourniquet ! Ce devrait être le summum de la facilité pour un piéton, mais pour le biker lié à son VTT il peut vite devenir problématique, surtout lorsque s'y ajoute comme ici un panneau stupidement placé. Ajoutez-y un pivot rouillé et mal lubrifié et vous obtenez le plus agaçant des obstacles classiques. Au final un manège pas si enchanteur.
Peut-être pas le pont de la rivière Kway mais certainement le pont de la gamelle mémorable pour le malheureux qui l'aborde avec insouciance après un arrêt arrosé dans la métairie proche. Nécessite une certaine dose de concentration, d'équilibre et une garde au sol conséquente sous peine de finir appareillé avec en prime le grand pignon en morceaux. Mais un régal pour les connaisseurs qui le passent plusieurs fois dans les deux sens.
Là on est en pleine dérive grandguignolesque : le fil de fer barbelé amovible, aussi appelé «arrache-burnes» lorsqu'il est associé au port malencontreux d'un moule-bite par le vététiste imprévoyant, peut paraître simple à négocier. Mais ne perdons jamais de vue qu'il a été conçu par un rustre vicelard prêt à se réjouir du malheur des autres. Donc à aborder avec mille précautions et en pleine connaissance des risques encourus.
La «Suisse pays de montagnes» génère ce genre d'obstacle aberrant pour traverser une clôture fortement électrifiée. Cette véritable via ferrata est heureusement rare sous nos latitudes, mais exige du vététiste de véritables prodiges d'équilibre et d'imagination. Comment transférer homme et monture sur ce montage non scellé au sol et très précaire? De tous ceux rencontrés jusqu'à ce jour c'est de loin le plus détesté des imbécillités mis sur notre route.
Pour clore la série voici le comble du vice et du sadisme : l'électrifié camouflé. Très peu visible de loin malgré un semblant d'avertissement fluo, il se fonde parfaitement dans le paysage environnant. Une des principales causes d'accident sur nos crêtes et qui mériterait largement d'être éliminé définitivement de l'arsenal anti-biker. Le couronnement de l'aberration.
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