L’avènement d’Internet, des journaux en ligne et, finalement, des réseaux sociaux, permet désormais à tout un chacun de s’exprimer (semi) publiquement et espérer une audience plus ou moins large. C’est très clairement une bonne chose. Pouvoir émettre une opinion, apporter sa contribution à un débat ou confronter son point de vue à celui des autres est un des éléments essentiels à l’assise et l’épanouissement d’une société basée sur la démocratie et la responsabilité individuelle.
Ce « néo » précepte énoncé, il faut bien lui adjoindre une petite restriction que toute personne normalement équilibrée applique normalement d’elle-même : Avoir un avis, c’est bien ! Avoir un avis sur tout (et n’importe quoi), c’est aussi stupide qu’humainement impossible. Et pourtant, si, comme moi, vous fréquentez un peu le monde virtuel situé derrière votre modem, vous avez déjà certainement eu l’occasion de croiser un de ces nombreux Dr ès Sciences, inter-disciplines, diplômé d’une célèbre université en ligne. 20 minutes « dot » quelque chose ou FaceBook « dot » com, pour ne citer que des établissements parmi les plus réputés fréquentés de la vaste toile.
Je comprends bien qu’une vie confinée, dont l’ouverture sur le monde n’est quasiment que virtuelle, puisse inciter certaines personnes à cogiter plus que de raison. J’admets bien volontiers aussi que la multiplication de « breaking news », relayées à grands renforts de décomptes morbides et de termes quasi apocalyptiques, par des médias qui ont pris l’habitude de tourner en boucle dès qu’un sujet apparait vendeur, puisse rendre l’atmosphère déjà lourde et incertaine, particulièrement anxiogène. Pour autant, j’ai du mal à comprendre à quoi ça sert de partager des théories, complotistes ou non, sans en avoir préalablement ni vérifier la source, ni la véracité ? Qu’a-t-on à gagner à vouloir débattre de sujets à propos desquels on est parfaitement ignare ? N’y a-t-il rien de mieux à faire que de pourrir tous les espaces de discussion disponibles en ligne, de rajouter de la confusion et de la discorde sociétale à l’anxiété générale, au moment-même où il faudrait, au contraire, savoir raison garder, et les coudes se serrer ?
Je n’ai qu’une seule réponse : « Si vous n’avez aucune compétence en matière médicale ou en matière de gestion de crise, allez plutôt jouer à « Candy Crush » ou « Death Stranding » (si vous aimez tant l’idée de mourir) et fermez votre gueule ! Le monde peut très bien se passer de vos commentaires !
Alors que le volet « médiatico-socio-virtuel » de cette période compliquée commence gentiment à me courir sur le haricot, son pendant « réel », lui, pour ce qui me concerne en tout cas, trouve gentiment un rythme de croisière dont je ne sais trop quoi penser. L’aventure de courses hebdomadaires est désormais dénuée de toute singularité névrosée ou « pénurique ». Le travail à distance se profile comme une alternative cohérente et viable à son cousin (latin) « in situ ». Et je n’ai jamais trouvé mes voisins et voisines aussi conviviaux et ouverts à la discussion que depuis qu’ils vivent confinés.
Je ne sais pas si cette « semi » vie va vraiment s’installer dans la durée, mais pour l’instant, elle est loin d’être aussi irrespirable que l’haleine d’un contaminé au Covid-19.