Le nombre de revues qui vous proposent de vous arracher à la banalité de votre quotidien pour vous faire découvrir la nature et les grands espaces sauvages a incroyablement tendance à croître par les temps qui courent. Que cette profusion de magazines à vocation évasion soit liée à l’émigration continue des habitants des régions rurales vers les grands centres urbains, caractéristique de notre société moderne, ne fait évidemment aucun doute.
Souvent branchés horizons lointains, genre « Géo », « Grands Reportages », « National Geographic », ou « Animan », parfois à vocation plus locale, comme « Détours en France » ou « Méditerranée Mag », toutes ces parutions semblent tendre vers un même but : « vous faire rêver ». A grands renforts de reportages téléguidés, de témoignages « pur sucres » ou de photos subtilement cadrées et retouchées, elles rivalisent d’ingéniosité pour vous montrer ce dont votre choix de vie urbaine vous prive désormais, jour après jour.
J’ai personnellement la chance de vivre dans une région rurale, alpine et encore relativement préservée. Cette proximité immédiate de la nature et mon goût prononcé pour les loisirs de plein air me permettent habituellement de me passer de ce genre de lecture. Pourtant il m’arrive de céder aux sirènes des couvertures pompeuses ou des titres racoleurs des vendeurs de rêves en papier. Malheureusement, à chaque fois, la désillusion est à la hauteur des promesses entrevues : le contenu est faible et souvent superficiel, les reportages semblent calqués sur des catalogues d’agences de voyage, les témoignages sonnent creux ou sont trop bien léchés pour sembler vrais et l’esprit critique paraît avoir quitté depuis longtemps les cerveaux stéréotypés des pseudo journalistes, pour autant qu’il y ait été présent un jour. Restent les photos… me direz-vous. Toujours somptueuses et terriblement alléchantes, tellement alléchantes d’ailleurs, que je me plais à croire que ce sont les mêmes photographes et maquettistes qui travaillent pour les agences de publicité et pour les magazines d’évasion.
L’affaire aurait pu en rester là. Il doit bien y avoir des lecteurs moins critiques que moi, puisque les maisons d’éditions redoublent d’efforts pour proposer de nouveaux tîtres.
Et puis un jour que je poirautais patiemment dans une salle d’attente quelconque, je me suis mis à feuilleter Alpes Magazine . J’ai d’abord jeté un oeil blasé sur cette énième revue pour citadin en mal d’air pur. Pourtant ….. peu à peu…. tout doucement …. le charme a opéré :
Papier légèrement glacé, ni fin, ni vraiment épais, juste comme il faut.
Mise en page, sympa, aérée et bien proportionnée.
Photos sobres et bien choisies. Elles ressemblent même parfois à ce que j’ai l’habitude de voir lors de mes escapades pédestres ou vttistiques, avec une petite touche de professionnalisme en plus.
Finalement,cette première rencontre s’est brusquement interrompue avec l’appel du rendez-vous pour lequel je patientais. Mais le ver était dans le fruit.
Quelques temps plus tard, au détour d’un kiosque à journaux, je me suis décidé à faire plus ample connaissance avec cette « autre » revue sur la nature.
Et là, j’ai succombé.
Les photos paraissent encore plus « vraies » que je ne les avais entrevues, mais surtout le contenu est au diapason : complet, varié, original et parfaitement bien « torché ». Les sujets font la part belle à l’authenticité, tout en étant souvent inédits et très pertinents : des endroits étourdissant de beauté, bien évidemment, mais aussi des villages, des vallées, des régions, des pays, des portraits, des personnages, des figures, des histoires, de l’Histoire, des traditions, des produits locaux, de la science et pour couronner le tout, des fiches pratiques et des renseignement utiles.
N’en jetez plus la cour est pleine ….
Même pas.
Si je devais ne choisir qu’un seul et unique mot pour définir Alpes Magazine , je retiendrais : JUSTE. Les reportages, les témoignages, les récits ou les photos, tout dans cette revue sonne JUSTE, sans pour autant sonner terne. Ce désir de coller fidèlement aux réalités de la chaîne alpine n’est absolument pas réducteur. Au contraire, la passion des différents journalistes et la flamme des photographes transpirent à travers leur plume et leur oeil pour le plus grand bonheur du lecteur réceptif.
Je viens tout JUSTE de renouveler mon abonnement à ce bimestriel pour les deux prochaines années et je ne peux que vous encourager à y laisser vous-aussi déambuler votre esprit et vos yeux, un jour ou l’autre.