La légende de la JeannoTT

C’était à l’aube de notre temps, quelque part au coeur d’un massif montagneux qu’on appelait alors les Alpes.

Des hommes au coeur gros et au regard farouche avaient décidé de braver les éléments pour accomplir une quête. La légende prétend qu’ils étaient 4. Elle prétend aussi qu’ils chevauchaient des engins bizarres, des ancêtres de nos bicytor, mûs par la seule force de leurs mollets velus ; sur ce point au moins, on doit bien reconnaître que cette histoire est farfelue … Mais je vous laisse juge !



Comme le veut la tradition, ils partirent à l’aube. Leur route était longue et les épreuves ne manqueraient pas. Après s’être chauffé les muscles sur une faible pente où paissaient de braves bestiaux dont on ne sait trop l’usage, ils furent vite aux portes des espaces inexplorés ou l’Histoire les attendaient. Pour commencer, et malgré la beauté hostile du lieu, ils cheminèrent rapidement à travers ces grands espaces que la « Grande Catastrophe » n’avaient pas encore vitrifiés. Le froid et la pluie étaient le lot quotidien à ses époques reculées, et la tâche de nos héros paraîtrait aujourd’hui bien insurmontable ! Mais ils étaient nobles de corps et d’esprit et étaient portés par une foi inébranlable. Très vite, ils furent au pied des premiers à pics. Péniblement, ils escaladèrent les montagnes qui leur barraient le chemin, ils taillèrent des tunnels, longèrent des bisses (dont les fouilles récentes nous ont rappelés l’existence), grimpèrent des pentes vertigineuses sur leur pesantes machines (NDLR : le poids n’était pas dans la tête avant l’invention de l’inverseur de gravité)…

On prétend que l’un d’entre eux, guide de montagne local dont le courage n’avait d’égal que la verve, fit même la montée d’un trait ! Le petit groupe exténué doubla le col enneigé du Raw-Wheel et atteignit enfin un plateau désertique et tourmenté. Bien que le vent et son cortège d’éléments déchainés le balayassent en permanence, nos héros s’y aventurèrent. De cette rude traversée dont tellement de chants et de légendes vantent encore l’épopée, retenons juste le récit qu’il fut fait de la vertuosité du pèlerin le plus doué : des sauts de corniches, des passages scabreux, des voltes aériennes et des atterrissages doucereux (certains prétendent que le nom de « K4Fly » donnés aux vaisseau à Plasma est inspiré de cette légende). A la nuit de la première Glace, ils atteignirent enfin le « Grand Col du Bernois Epaté » : première étape de leur quête insensée ! La légende ne sait pas grand chose du rite qui s’y déroula, mais un sorciéran de mes amis, prétend avoir lu dans ses grimoires numériques antédiluviens que la guerre entre deux pays et deux cultures éclata suite au sort qui fut jeté à cette occasion là … Nul ne saura jamais !

On sait en revanche que 4 héros redescendirent et se jetèrent dans la pente comme nul autre avant eux ; ils volaient et criaient des « HiHaaa !» comme aiguillés par une terreur incontrolable ! Les rictus de frayeur qui marquaient leur visage, que d’antiques gravures ont essayé de reproduire, sont autant d’énigme pour les bio-historiens qui ont été consulté à ce propos : nul degré d’horreur connu à ce jour ne peut expliquer cette déformation ! Un argument au crédit de ceux qui osent prétendre que le « plaisir » a existé ? Quel était donc la cause et le but ce sentiment étrange ?

On rapporte encore que leur fuite fut provisoirement stoppée par une halte dans un hameau ; ils y firent un repas pantagruelesque de vraie viande (la synthèse carbonée étaient inconnue à l’èpoque), y burent tous les tonneaux (on soupçonne que cette localité frelatait les nobles breuvages et les vendait hors de prix pour le plaisir des locaux), et abusèrent des femelles qui rougissaient de convoitise devant ces corps parfaits : ils furent chassés du lieu par les maris jaloux. Leur périple reprit sur des pentes mouvantes, des chemins empierrés envoutés pour les jeter à terre ; ils luttèrent dans les cris, le sang et les larmes mais ils purent s’en échapper. L’épreuve du précipice fut passé sans trop de mal : en transe sous l’effet des philtres qu’ils avaient avalés, la pesanteur fut vite oubliée et les gouffres enjambés.

Une quête ne devient légende que dans la douleur et la peine. Unis depuis le début, ils luttaient comme des frères. La forêt des malheurs réclamait son dû. Les dernières thèses préhistoriennes soutiennent que les arbres furent haut, aux premières années de la terre. On suppose que c’est donc sous les branches de ces monstres à feuilles, qu’un de nos héros succomba. Pourtant cent fois leurs engins furent stoppés, cent fois ils les réparèrent. Une rupture de latex vint à bout d’un engin. Un homme à terre était un homme condamné, en ses temps reculés : il mourut dignement sans râle ni regret. Paix à l’âme de celui qu’on nommait Cocodale, le grimpeur fou. Ses compagnons repartirent, le pleurant sans même le temps de l’ensevelir : l’obscurité maléfique réclamait d’autres sacrifices, son vassal de single déployait des efforts d’ingéniosité pour ralentir la course des héros fatigués. La troupe trébucha, hésita, tituba mais passa …. La quête aboutie et fut fêtée pendant 3 jours. De la troupe rescapée, pour le féliciter, on adouba Jeannot au rang du VTT. N’y cherchez pas de sens, vous ne trouveriez pas : nos chercheurs, nos PC, même nos systèmes expert, cherchent en vain la clé de ce mot et de tous ses mystères.

Vous devez vous demandez quel était cette quête ?
Examen, châtiment, expiation de pêché ? Personne n’en sais trop rien mais au bout du chemin, ils parlaient de « Bonheur » et de « JeannoTT » : ses mots sont aujourd’hui totalement oubliées.

PA – Mountains Bicytor
Journal des Légendes de la Terre – 7ème décade de l’an 4038 après l’Hégire