L’avantage de la méthode « qu’est-ce qu’elle a l’air sympa cette montagne en face ! », c’est que, comme les Alpes sont vastes et ses sommets innombrables, on met un certain temps avant d’être en manque d’idées pour la prochaine rando. L’inconvénient, c’est qu’à force d’aller en face, on finit aussi par aller de plus en plus loin.
Pas très grave !
« Va et découvre ton pays », comme le conseillait si bien Paul Budry, l’écrivain vaudois. Pardon, l’écrivain bernois, parlant français :-). Alors comme cette partie du Valais est aussi un peu la nôtre, mis à part le dialecte qui y a cours, après le Niwen, le Schafberg et l’Ergischalphorn, nous voilà partis à la découverte du Dreizehntenhorn, pour fêter la St-Joseph, jour férié dans les cantons « non païens ».
Si la région de l’Augstbord, toute proche, m’était déjà familière, pour en avoir franchi son « pass », il y a quelques années, avec ma monture sur le dos ( heureusement que je ne pratique pas l’équitation) et le vallon du Ginals pour l’avoir traversé, il y a deux ans, en allant vers Moosalp, je n’avais encore jamais exploré la zone qui les sépare, en poussant jusqu’à la 13ème corne :-). Une petite « dose » de remontées mécaniques vétustes et quelques heures de peaux nous en ont fait découvrir ses principaux charmes hivernaux : une nature belle et sauvage, des panoramas de rêve et une face nord fort appétissante, malgré une neige dont la croûte aura été plus coriace que nous l’espérions. Des conditions de ski délicates, voire difficiles, qui, ajoutées à une bise persistante, nous ont incité à ne pas abuser de notre menu de fête en ré escaladant l’Augstbordhorn voisin, comme nous l’avions initialement prévu.
Tant pis, il faudra qu’on revienne !
A la sortie de la première "arbalète" du matin : c'est rassurant de voir que les bonnes idées sont parfois partagées.
Les faux-plats du haut vallon de Ginals seraient parfaits pour une mise en route en douceur...
... s'il n'y avait pas cette forte bise qui nous force à maintenir un rythme soutenu pour nous préserver de ses morsures.
Si le "Grosse See" dort encore sous plusieurs mètres de neige et de glace, le panorama qu'il offre vaut son pesant de "Fischstäbli".
Les premiers contreforts de l'Augstbordgrat donnent rapidement le ton : trace regelée et souvent déversante.
Moralité : quand la trace est retorse, le mieux est encore de ne pas chercher à l'utiliser.
En émergeant sur l'Augstbordgrat, la suite du programme nous saute aux yeux.
Couteaux et double-cales pour une remonte d'arête aussi rugueuse que le dialecte local.
Roche, glace et panorama d'exception pour un dépeautage anticipé...
... et une fin d'itinéraire plus pédestre que prévu.
Quelques pas en équilibre entre Augstbord et Ginals.
Le Meidpass et les Dents-du-Midi, côte à côte : mais que ce monde est petit.
On appelle ça "en prendre plein les yeux" et, paradoxalement, c'est réputé bon pour la tête.Allez, comprendre.
Selfie sommital sur fond de Ginals abyssal.
Neige non revenue pour un nouvel épisode toujours aussi rugueux.
La forte bise qui empêche le réchauffement de l'air, nous prive aujourd'hui de l'habituelle moquette de saison...
... et nous impose de skier dans du "trafolé" comme jamais.
Quelques transitions à la recherche de meilleures conditions...
... que nous finissons par dénicher dans un versant au revêtement très hétérogène ...
... et peu propice pour trouver le bon tempo et le juste toucher de neige.
Pente sommitale avalée d'un trait avec l'espoir que la perte d'altitude nous rendra notre neige printanière.
Encore perdu ! Même les versants orientés plein Est, exposés au soleil depuis plusieurs heures, sont restés croûtés.
Pas de quoi en faire tout un fromage, même si le menu du jour c'est croûte dure, croûte molle ou croûte verglacée.
Style peu orthodoxe à la recherche d'hypothétiques appuis.
Quelques bribes de poudreuses éparpillées dans un monde de "carton".
Revêtement gelé et option "full gaz"...
... pour une retraversée express des faux-plats du Ginals ...
... et un retour apprécié sur les pistes balisées de la petite station d'Unterbäch.