S’il y a bien un itinéraire qui vaut autant par la beauté de l’environnement dans lequel il évolue que par l’attrait (d’une partie) de ses chemins, c’est bien cette longue boucle de 50 kilomètres autour du petit massif montagneux qui relie le Fühlorn au Breithorn. Composée de deux branches complètement différentes, l’une, sauvage et « singletrackeuse », transitant par le Saflischtal et son col éponyme pour accéder au Binntal, et l’autre, plus « routière » et plus civilisée (il faut l’écrire vite), vous permettant d’en ressortir via les gorges de la Binna, la basse vallée de Conches et la ribambelle de hameaux aux noms imprononçables qui jalonnent son ubac, entre Ausserbinn et Brigue.
Nous avions découvert avec ébahissement le Saflischpass à l’automne 2007 et, ensuite, régulièrement inscrite à notre carnet de courses saisonnier, jusqu’à ce que Mr Covid nous prive de ses charmes, par complication logistique et difficultés d’approche. Il aura donc fallu patienter 3 longues années pour retrouver le charme inégalé de ces chemins alpins, sinuant à travers pâtures d’altitude et terre ocre, entre le parc naturel du Binntal et son voisin transalpin de l’Alpe Veglia e Alpe Devero.
Il y a surement plus de papillons sur ce massif de chardons odorants que de chemins à suivre sur le « smartphone » de ce randonneur déjà égaré.
Si on entre dans le Saflischtal comme on entre en religion, on y revient, saison après saison, par conviction.
Le Rundweg de Rosswald serait probablement intégralement roulable si son sillon n'était pas, chaque année, un peu plus profond.
En tout cas, dès que la configuration le permet, c'est retour en selle de concert.
La très exigeante remontée de la piste bleue de Fleschboden : le bonheur et la meilleure ligne sont, une fois encore, dans le pré d'à côté.
Exactement comme pour ces jeunes marmottes autochtones, tout juste réveillées de leur douce nuit de juillet.
Le moment privilégié où l'on tourne le dos à toute civilisation.
De gorges en crêtes, chaque coup de pédale nous rapproche du Saflischtal, puis du Binntal.
Et quand le chemin n'est pas forcément divin, il reste son voisin, le pré, pour continuer à avancer et à s'élever.
Une option chaque année plus judicieuse, vu l'augmentation de profondeur du « sentier-sillon ».
Tourner le dos au Simplon, pour mieux y revenir ? (Le week-end prochain).
Torrent asséché et raviné ? JP et son fidèle Levo sont toujours partants pour tenter de passer « sellé ».
Alors que sur terre, l'ocre grignote le vert, dans le ciel, le bleu règne, encore et toujours, en maitre incontesté.
De mieux en mieux ventilés, mais, toujours plus près du soleil. Le menu habituel d'une journée VTT au-dessus des 2'500 mètres.
Si vous pensiez qu'au Saflisch tout passait sellé, je vous laisse tenter ce passage. Dans le sens que vous préférez.
Au fond, Rosswald s'éloigne, le Glishorn s'incruste, le Fletschhorn s'impose.
Plus près de nous, le Fülhorn s'efface, pendant que les Huwetz (Chleine und Grosse) prennent possession de notre horizon.
Simultanément, les 2'562 mètres du Saflischpass ne sont désormais plus que cailloux sous nos roues...
... et le très contournable « Z » qui marque le début de la descente, un coup de guidon aussitôt oublié.
Après trois saisons de privation, comment ne pas sourire au moment de retrouver un Saflischtal aussi préservé.
Préservé, mais toujours aussi sympa à rouler.
Le Saflischpass et sa succession de moraines et « collets » erodés : une image reconnaissable entre mille.
En perdant (légèrement) de l'altitude, l'ocre se disperse et le vert reprend des couleurs.
Et comme en plus d'être sauvage et beau, le Saflisch est aussi vaste, il y de quoi réhausser encore la sensation d'évoluer dans un environnement privilégié.
Privilégié, mais localement cabossé.
De Furggerchäller à Hola, pour rouler en sécurité, il faudrait démonter sa manivelle gauche.
Ou alors, continuellement la taper, mais garder le sourire et, surtout, un oeil ouvert sur son étroit tracé.
Un bref regard en direction du Passo di Cornera (Chriegalppass) ne donne pas immédiatement envie d'y emmener son vélo.
Contrairement à la plongée en apnée, entre la croix de Hola et les petits chalets de Saflischmatta.
Si certains ont déjà tenter de passer, d'autres, ici, ont sûrement trépassé.
500 mètres de dénivelé en 500 mètres de sentier, ça implique forcément, parfois, de désescalader.
Sillon souriant, mais sillon, chaque saison, plus profond.
Le VTT c'est comme la lambada : tout est dans le déhanché.
Le personnel improvisé du Twingi LandArt de Ze Binne, manque clairement de style, mais certainement pas d'amabilité.
Du Römerbrücke à Brigue. il reste 25 kilomètres à rouler, mais plus aucun cliché pour l'illustrer.