Les conditions hivernales actuelles sont à double tranchant. D’un côté une accumulation de facteurs négatifs: stratus persistant, températures glaciales, glace, verglas et pluies givrantes aux conséquences parfois considérables sur la santé et/ou la carrosserie, activités « outdoor » réduites. De l’autre côté une neige idéale, un ciel pur au-dessus du coton et une envie toujours plus forte de se donner à fond en ce début d’année. Les agapes festives y sont peut-être pour quelque chose… Tous les ingrédients sont donc réunis pour entreprendre une sortie raquette d’anthologie.
Au menu de ce premier dimanche de janvier une grimpée en raquettes sur la crête jurassienne de Montoz, en partant de Péry au fond glacé du Bas-Vallon de Saint-Imier. Deux heures de montée entrecoupées de courts arrêts photographiques, dans une nature sauvage et pourtant à deux pas de la métropole horlogère de Bienne. Une fois la crête atteinte un extraordinaire panorama se dévoile: la vue embrasse tout le Plateau, la chaîne alpine, les crêtes du Jura, les Vosges et la Forêt Noire. Les durs efforts de la grimpée sont rapidement oubliés pour faire place à l’admiration, à la contemplation des lieux et au plaisir roboratif d’une halte à la cabane CAS de la Rochette. Il est des lieux que l’on ne voudrait jamais quitter, Montoz est l’un d’eux, que ce soit en raquettes comme aujourd’hui ou à VTT tout le long de la « bonne » saison. Malheureusement l’heure de la descente, du retour aux réalités d’un monde pas toujours compatible avec nos aspirations, a sonné. Prenant au plus court directement dans la pente très raide je rejoins des loges estivales cachées au fond de vallons perdus et raides, emprunte d’étroites gorges et arrive finalement à mon point de départ noyé sous un brouillard sibérien. Mais du plus profond de moi monte encore un bonheur immense: celui d’avoir été seul au monde pour quelques heures.