Le Canton de Vaud fête en 2003 le bi-centenaire de son entrée dans la Confédération helvétique. Pour marquer notre solidarité avec les autres Confédérés qui doivent eux-aussi « supporter » nos compatriotes vaudois, nous avons opté pour 2 randos successives hors des frontières valaisannes. A priori, le potentiel offert par le canton vert et blanc pour le « vrai » VTT alpin nous paraissait assez limité. Finalement, en ne nous éloignant pas trop de nos « chères » montagnes, nous avons quand même déniché deux spots très sympas à « rider » : le Col des Essets/Pas de Cheville au-dessus des Plans sur Bex et les célèbrissimes Rochers de Naye, au-dessus de Montreux.
Deux sorties extrêmement différentes à tous point de vue. Une météo orageuse agrémentée d’un orage de grêle, une région sauvage et désertée par les touristes et un itinéraire rude et sans préliminaires pour la première. Un soleil caniculaire, un site magnifique mais truffé de vacanciers et une séance d’approche digne d’une compète de « bitumeux » pour la seconde.
Au bilan final, 2 randos en 4 jours pour plus de 3500 mètres de déniv+, dont une partie en portage, quelques litres de sueur mais des paysages magnifiques parcourus des sentiers étonnants et gratifiants. Largement de quoi reléguer l’omniprésent G8 à son rang de non-événement.
Le col des Essets
Après un petit apéritif bitumineux, nous attaquons le menu du jour en douceur. Aux Plans-sur-Bex nous optons pour le chemin des Echelles, direction Pont-de-Nant.
A Pont-de-Nant nous tournons résolument le dos au monde civilisé pour nous engager dans l'étroit vallon de l'Arbalesse. Les cohortes de touristes de l'Ascension se diluent aussi rapidement que la piste s'élève.
A l'approche de l'alpage du Richard, nous évoluons déjà dans une absolue tranquillité. La météo incertaine et la consistance de l'itinéraire menant au Col des Essets n'incitent apparemment pas les randonneurs d'avant saison à trop s'éloigner de leurs chères automobiles. Tant mieux pour nous.
La traversée du vaste plateau est un régal : le terrain est roulant, la pente faible et l'environnement somptueux fait rapidement oublier les premières douleurs musculaires.
Les petites bâtisses de pierre donnent accès à un vaste pâturage étirant ses douces déclivités sur plus de 3 kilomètres.
Après une courte séance de portage sous un orage de grêle, nous aboutissons finalement aux 2286 mètres du Col des Essets. Nous décidons de bifurquer pour rejoindre Anzeindaz et poursuivre jusqu'au Pas de Cheville.
Les névés franchis, la descente sur Anzeindaz devient un peu moins hasardeuse, quoique très grasse et particulièrement glissante, l'humidité apportée par le récent orage s'additionnant aux eaux de fonte des neiges.
Les célèbres gîtes d'Anzeindaz sont finalement à portée de crampons. La courte transition descendante qui ne devait être théoriquement qu'une formalité, nous a finalement pris plus de temps et d'énergie que prévu.
Un soleil momentanément retrouvé vient nous redonner de l'ardeur pour attaquer l'ultime montée à travers l'immense pâturage menant au col séparant le canton de Vaud, du Valais.
Les célèbre blocs erratiques du Pas de Cheville nous souhaitent la bienvenue dans notre beau canton d'origine.
Pfff .... Ca passe !!! Faut juste rentrer la tête pendant le bunny-hop. :o))
Les Rochers de Naye
Villeneuve-Col de la Chaude (pas d’allusions douteuses svp) 1246 mètres de déniv +. Le ruban bitumineux n’en finit pas de crisser sous nos roues cramponnées.
Les flancs escarpés bordant le col ne sont pas forcément l’endroit idéal, mais chaque tronçon vaguement roulable est immédiatement mis à profit pour remonter en selle. Non, mais !!!
Ah ! Et bien le voilà ce fameux col de la Chaude. Fini de jouer aux routeux, nous passons directement au stage de sherpas.... Euhhh... Quand est-ce qu’on va faire du VTT ???
Après une nouvelle séance de portage, nous finissons par nous extraire du versant abrupt pour nous hisser jusque sur l’étroite arête herbeuse. Aussitôt le chemin redevient à de meilleurs sentiments.
Ce single-track est loin d’être antipathique, mais il se fait quand même pas mal prier avant de daigner mettre à notre disposition son étroit ruban poussiéreux et caillouteux.
Singulière séance d’équilibre, d’adresse agrémenté d’un soupçon de force sous le regard malicieux de la Pointe d’Aveneyre et de son interminable arête Sud-Ouest. Le panorama est superbe, mais le tracé technique et étroit. A chacun de définir ses priorités.
L’arrivée au Plan d’Areine met un terme à ce premier numéro de funambule. Nous retrouvons un plancher mieux pavé, en l’occurence surtout mieux « herbé »
Après un bref arrêt casse-dalle près de l’étable d’Areine, c’est revigorés que nous nous attaquons à l’ascension finale en direction du vallon de Naye. Cerise sur le gâteau, le sentier qui y mène est superbe. Miam. Miam. Finalement, je crois que je reprendrai bien un peu dessert...
Arrghhhh !!! C’était décidément trop beau. Le dernier col à peine franchi, nous retrouvons notre habituelle compagne de ce début de saison, froide et humide. Heureusement l’antenne du sommet des Roches est en vue.
Je ne me souviens plus de la dernière rando de laquelle je suis revenu les pieds secs ?? Une chose est sûre, ce n’était pas en 2003.
Un single-track avec un S majuscule, un truc de fous : sinueux, aérien, interminable et juste assez technique pour ne pas se contenter d’admirer béatement le phénoménal panorama environnant.
Vu sa largeur ce chemin pourrait être dévaler full gaz, mais la nature fait bien les choses, la caillasse très instable et piégeuse nous force à conserver une allure raisonnable et une concentration de tous les instants.
Freinage, lacet, relance, transition sur versant Sud, re-freinage, re-lacet, et retour sur le versant Nord. Et quand c'est finit, on recommence. Trop bon.
Euh.... Dis-donc Cris, je voudrais pas critiquer tes trajectoires, mais c’est une illusion d’optique ou t’es en train de faire une magnifique tout droit ??
Cette descente est tellement gratifiante, que la longue et pénible ascension jusqu’au Col de la Chaude (au fond de la photo) nous paraît désormais dérisoire.
Le terrain reste quand même assez cassant. Les machines, mais surtout les pilotes commencent à souffrir. Heureusement, la largeur du sentier permet de choisir des trajectoires moins exigeantes.
Je voudrais que ça ne s’arrête jamais. Mais la force de gravité terrestre joue contre nous.
Le sommet des Rochers de Naye et sa précieuse antenne relais s’éloignent. Le sentier quitte peu à peu les arêtes herbeuses pour s’enfoncer dans la forêt.
Le sympathique sentier continue ses circonvolutions hésitantes entre les deux versant de la crête, dévoilant à chaque détour vers le Nord, le magnifique panorama sur le bleu Léman
Le point de vue s’en trouve évidemment rétréci, mais le single-track reste ludique et joueur, déroulant des pièges rocheux sous nos roues averties. Un régal.
Au Creux à la Sierge nous finissons par émerger de la forêt. Le sentier se transforme instantanément en piste plus roulante.