Après un départ tardif, rafraîchi par les dernières bruines matinales, l’habituelle et insipide ascension routière des Mayens-de-My s’est agréablement métamorphosée en surprenante partie de cache-cache à travers nappes de brouillard et écharpes de brume résiduelle. En émergeant au soleil des alpages, nous pensions avoir mangé notre pain noir du jour, bitumeux et humide. C’était sans compter avec les conséquences d’une semaine pluvieuse et neigeuse à souhait. La météo déplorable de ces derniers jours a transformé notre terrain de jeu traditionnel sur les hauteurs contheysannes en véritable bourbier.
Les pistes d’alpage et chemins pédestres menant de Pointet vers la Croix de l’Achia ont été littéralement inondés par les abondantes précipitations et ravagés par la désalpe du bétail. Si cette montée finale peut facilement être qualifiée d’exercice d’équilibrisme aquatique, que dire de la « désescalade » du versant Nord du col, toujours aussi vertigineuse et, une fois n’est pas coutume, recouverte de neige fondante et de boue liquide. Une seul mot me vient à l’esprit : « dantesque ». Comme si cela ne suffisait pas, le portage pour remonter vers la Chaux de Lotze nous a, lui-aussi, réservé son lot de pateaugeages humides et froids, pimentant un itinéraire localement engagé, de bouffées d’adrénaline pas toujours souhaitées. Après une telle équipée, notre arrivée sur les hauteurs des magnifiques pâturages de Lotze a fait figure de véritable « retour des enfers ». Quel plaisir d’y enquiller agilement le magnifique single-track asséché par un soleil retrouvé, sous le regard des hordes de chamois et des troupeaux de moutons, sifflant ou bêlant, dans la douceur d’une fin d’après-midi radieuse.