C’est un petit pays d’alpes calcaires, avec des flambées de grès rouge et de schiste noir.
Ses plus hauts sommets dépassent de peu les deux mille mètres.
Ils sont taillés en tours, dressés en murailles, tendus de larges pans de gazon.
Ils ont des vides aériens, des pitons pyramidaux, de douces prairies, de la grâce, du charme.
Ils ne sont pas célèbres.
Daniel Anet
Taney est connu avant tout pour son lac. Lové dans son petit vallon boisé, cerné de pics rocheux, ce plan d’eau turquoise pourrait être idyllique. Le conditionnel est malheureusement nécessaire pour évoquer la sur fréquentation touristique dont l’endroit fait aujourd’hui l’objet. Si son cadre n’a pas fondamentalement changé, son statut de but d’excursion pour randonneurs motivés, s’est aujourd’hui transformé en sortie dominicale pour urbains pressés et en mal d’air pur. Par nature, cette clientèle n’aime ni les efforts légèrement soutenus, ni l’éloignement d’avec les commodités du monde moderne. Aller à Taney en évitant les désagréments de ces hordes de touristes reste donc heureusement envisageable, à condition d’éviter l’accès par Miex et Le Flon, ainsi que les abords immédiats du lac. C’est exactement cette option que nous avons choisie en gagnant le village par le vallon de Novel, le Col de la Croix et le Pas de Lovenex et en redescendant sur Le Bouveret par Chalavornayres et Sérex sur les flancs nord-est du Grammont. Une rando magnifique, quoique très humide sur la fin, dans un cadre splendide et parfaitement préservé.
32 degrés au thermomètre et un seul mot d'ordre : hydratation.
La Croix des Dames, Le Freney, En Clarive : les hameaux de la rive suisse du vallon de Novel défilent à mesure que se déroule l'interminable ruban bitumineux de ce début de rando.
D'un seul coup l'étroit vallon s'ouvre et la petite route débouche sur le vaste et splendide pâturage de l'Au de Morge.
Le dicton populaire dit Raide comme la justice de Berne. En l'occurence, je dirais plutôt Raide comme la route de l'Au
Le début de l'ascension vers le Col de la Croix : un scénario qui fleure bon la sueur d'un début d'été caniculaire.
La pente est terrible, la chaleur étouffante et la végétation abondante : chronique ordinaire d'un portage de basse altitude.
L'exercice reste physique, mais à mesure que nous gagnons de la hauteur, l'air devient plus respirable et le panorama tellement grandiose qu'il finit par faire oublier la pente abrupte du sentier.
Col de la Croix : un retour en selle au bon goût de chemin terreux.
La cuvette de Lovelex et son petit lac vert : un cadre magique pour une transition appréciable mais trop brève.
Si le cadre est tout simplement splendide, le single-track reste exigeant et localement traître : pas idéal pour admirer le paysage.
Le Pas de Lovenex, deuxième col du jour, se profile déjà dans le prolongement du Mont-Gardy.
Encore quelques hectomètres de répit et il faudra déjà attaquer le deuxième portage.
Un second portage beaucoup plus frais que le premier.
La Grande Miette tout étonnée de voir ses flancs parcourus par des bikers.
Balcon sur Léman recherche biker motivé et bénévole pour parcours d'anthologie. Sensations garanties !
Le Pas de Lovenex marque le basculement définitif de notre rando vers sa composante descendante.
Une partie descendante qui commence par un étonnant slalom entre restes de névés et petits étangs éphémères.
L'exercice est sympathique et appréciable après les durs efforts consentis à la montée.
La silhouette caractéristique de l'alpage de la Montagne de l'Oz, porte d'entrée supérieure du vallon de Taney.
Pas forcément drôle, mais utile pour faire augmenter notre moyenne horaire mise à mal par les interminables portages, la piste du vallon de Taney option full gaz.
Chassez le naturel, il reviendra au galop. Au premier single-track rencontré, nous abandonnons sans regrets la piste pour plonger d'une manière beaucoup plus ludique vers les eaux turquoises du lac de Taney
Les Echerches : un enchevêtrement de lacets en caillasse qui invite à un exercice plus technique et plus engagé.
Des résidus d'avalanches qui barrent un tronçon du chemin : simple prétexte pour un vertigineux kilomètre lancé sur la neige. Eric Baron n'a qu'à bien se tenir.
Entre barres rocheuses et aulnes couchés par la neige en travers du sentier, les pièges naturels ne manquent pas et par conséquent les raisons de rester attentifs non plus.
Taney et son fameux lac se rapprochent. La silhouette grossissante de la pointe du Tâche en est la preuve visuelle.
En atteignant les premiers pâturages, le sentier se radoucit et s'élargit, comme pour se mettre au diapason de la topographie du vallon.
Taney : ses chalets, son lacs, ses auberges et ses hordes de touristes du dimanche. On aime ou n'aime pas, mais quand on a faim on ne regarde pas toujours aux détails qui fâchent.
Parfait dosage entre glucides, lipides et protéines, le repas concocté par les diététiciens locaux est particulièrement bien adapté à nos organismes de coureurs des montagnes. Faible en calories, équilibré et très digeste....
LA photo de Taney par excellence. Une formalité expédiée avec d'autant plus d'empressement que les orages annoncés ont profité de notre pause casse-croûte pour nous encercler.
Course-poursuite désespérée le long des rives du lac pour tenter d'échapper aux premières gouttes de pluie.
Orage! Au désespoir! L'intégralité de la descente sur le Bouveret, par les chemins de la Pierre à l'Ours, Chalavornaire et de Sérex se passe sous un véritable déluge d'eau et dans un concert de coups de tonnerre.