Emaney-Barberine

Apparentée à une étonnante suite de jeux de cache-cache entre les nappes d’un brouillard tenace, cette longue rando-tour s’est avérée très sympathique, malgré un déficit visuel certain en matière de paysages. Emprisonnée dans l’épaisse couche de stratus, la majeure partie de l’itinéraire retenu nous a privé de son intérêt principal, le magistral panorama sur tout le massif du Mt-Blanc. Seule sa partie supérieure, située au-dessus des fatidiques 2’000 mètres d’altitude, nous a permis de randonner sous les pâles rayons d’un soleil voilé.


Résolument partis des Marécottes dès l’aube, malgré les conditions météo très incertaines, c’est avec une immense satisfaction que nous avons émergé de la tenace purée de pois au niveau de l’alpage d’Emaney, passant brusquement des froids et cotonneux paysages forestiers des flancs de la Creusaz à la majestueuse perspective du cirque montagneux du vallon d’Emaney. La timide présence de l’astre du jour nous a ensuite accompagné durant la superbe, mais rude ascension du Col de Barberine, puis durant sa rapide désescalade en direction des eaux turquoises du lac d’Emosson, nous permettant d’apprécier au passage les magnifiques paysages de caillasses et de falaises de son versant Nord-Est, puis les verts pâturages posés sur le bleu des froides eaux du petit barrage, de son pendant Sud-Ouest. Contrairement à ce que la brève et bitumeuse transition sur la rive gauche du vallon de Barberine pour rejoindre le mur de retenue nous avait laissé espérer, le chemin de retour vers Les Marécottes, le long des versants Sud de Bel-Oiseau, Fontanabran, des Dents de Fenestral et d’Emaney, ne fut malheureusement pas épargné par les bancs de brouillard. La nappe de stratus était même localement tellement dense et plaquée aux flancs de la vallée, qu’elle nous a offert le sentiment assez déroutant, d’évoluer au beau milieu d’un conte de fées, plein de mystères, de lueurs blafardes, d’ombres fantomatiques et de lutins malicieux et virevoltants.