6 ans après avoir découvert la sympathique famille « Ill » – Illgraben, Illhorn, Illpass, Illalp, Illsee – nous avons décidé de retourner lui rendre une petite visite de courtoisie pour faire la connaissance du petit dernier, Illbach, que nous n’avions pas encore eu la chance de rencontrer. Illbach est un sympathique petit torrent alpin aimant les apics et les gorges. Il prend naissance au pied du mur que son frère Illsee a fait installer pour augmenter le volume d’eau qu’il peut retenir, et son principal intérêt, dans la vie, est d’aller se jeter le plus rapidement possible, dans les bras de son oncle, le tapageur et irascible Illgraben, 1’500 mètres plus bas. Pour être francs, il faut avouer que se ne sont pas les charmes d’Illbach lui-même qui nous ont incité à rendre une nouvelle visite VTT à la famille « Ill », mais évidemment, les prometteurs attraits de son single-track parallèle.
La principale caractéristique de la famille « Ill » n’est pas son fils Benny, mais son lieu de résidence. Ces gens-là habitent si haut et si loin, qu’on a l’impression qu’il faudra plusieurs jours pour arriver jusque sur le pas de leur porte, l’Illpass. De 545 à 2’544 mètres exactement, si les 2 kilomètres ne sont tout juste pas franchis, le D+ a quand même de quoi forcer le respect, et les différentes manières de le vaincre, pédalage et portage, largement de quoi éreinter les mollets les plus aguerris. Mais une fois l’accès son royaume franchi, la famille « Ill » déroule pour vous, ses plus beaux joyaux. Impressionnants pics rocheux, singulier glacier suspendu, gras et vastes pâturages herbeux fourmillant de pierriers denses ou plus émiettés, chapelet de taches d’eau concourant pour le titre du plus beau turquoise, tout chez eux est fait pour ravir les yeux et l’esprit des amoureux de la nature les plus exigeants.
Quand cette grosse feignasse de soleil de l'Assomption daigne enfin baigner la rive gauche de ses chauds rayons matinaux, nous sommes déjà en route quelque part au-dessus de Niouc.
Beauregard : après quelques lacets lacsifs et autant de traversées copieusement pourcentées, nous attaquons le vif du sujet : le chemin de Sierre-Zinal.
Et vue la chaleur qui règne déjà sur les hauteurs de Couquelle, le sujet, précisément, n'est rapidement plus très vif.
Après quelques longues minutes d'un portage harassant, l'arrivée sur l'épaulement principal séparant Anniviers de la vallée du Rhône, nous remet instantanément en selle.
Les rares trouées dans l'épaisse pinède laisse présager d'un jour enchanteur, mais les vertigneux apics environnants n'offrent que peu de plages disponibles pour la contemplation.
Ponchet, ou l'histoire d'une postulante à la plus belle clairière du Valais.
Mélèzes, soleil, panorama d'exception : perso, je lui donne ma voix sans hésitation, malgré les redoutables concurrentes que je lui connaît.
Si nos mollets commencent à être entamés par le fort dénivelé avalé, nos yeux eux, sont simplement équarquillés de bonheur...
... face à un tel point-de-vue.
On dit que les toxines sont éliminées avec la sueur. Si c'est avéré, les miennes ont dû subir une véritable hécatombe dans la terrible ascension en plein soleil, entre Chandolin et Tsapé.
Je ne me souviens pas avoir été aussi content de voir de si près des paravalanches. Ceux de la face Sud de l'Illhorn annoncent de toute évidence la fin de notre montée du jour.
Petite variante, cette fois, pour rendre visite à la famille "Ill", nous avons choisi comme porte d'entrée, l'Illpass au lieu du Pas de l'Illsee.
Si l'appéritif est à peine moins rocailleux... (sans rapport avec le célèbre nectar antigel des caves Orsat.)
... l'endroit lui, est toujours aussi somptueux.
Comme pour les grande métropoles, il y a ici aussi, un chemin périphérique pour contourner le centre (d'intérêt).
Pour autant, ce périph' de l'Illsee ne ressemble pas à un pensum pour pendulaires...
... ou alors, je veux bien y faire pendulaire tous les jours.
L'ingénieur qui a établi les plans de ce mur de retenue ne devait pas avoir les idées très claires ni l'esprit très carthésien.
And Now, direction Illgraben, option directissime.
Directissime n'est peut-être pas le mot qui définit le mieux cette descente : sinuosissime ou méandrissime serait sûrement mieux choisis.
Ou aussi cailloutissime.
Panoramissime ?
Après délibérations, on a choisi de conserver "grandissime"
Bon, au lieu de se gargariser, si on pédalait un peu. (Mais je croyais que c'était une descente ? Tais-toi et appuie sur les manivelles !)
Mittel Illalp, 2196 mètres : mais comment font ces mélèzes pour parvenir à s'acclimater à cette alitude dans un versant aussi austère ? (Ah, OK, ce sont de mélèze haut-valaisans...)
Adret VS Ubac. Pour le 15 aôut, je veux bien faire quelques concessions, mais pour les autres jours de l'année, mon choix sera inflexible.
Et en plus de jeunes vierges ont parsemé notre chemin de pétales de rose blanches.
Ah, en fait non, c'est effectivement blanc, mais c'est de la caillasse friable. Tout de suite moins romantique.
Localement, le jeu consiste à deviner le single à travers les frondaisons de geniévriers et de myrtillers.
Ou alors, aussi, à carrément l'inventer.
A partir d'Unter Illalp, l'environnement devient plus herbeux et forestier, et notre chemin, immédiatement plus tolérant et convivial (en un mot).
Adret VS Ubac - Stage 2. Malgré le superbe promontoir offert par le pâturage d'Ober Meschler, mon avis n'a toujours pas changé.
Point de Budilji ou de Güetji sur notre itinéraire, mais du Dörfli, du Unter Meschler, du Berghüsli et du Pulligen. Absence de single oblige.
Adret VS Ubac - Stage 3. Et cette fois, vous êtes convaincus ?
A défaut de sens de l'orientation et de passerelle bouthanaise, la traversée de l'Illgraben se fera aujourd'hui sur un de ses nombreux seuils, aménagés pour essayer de dompter ses célèbres crues.
