L’année 2007 marque-t-elle les prémices des changements climatiques depuis longtemps annoncés ? Après un avril caniculaire, un mai semi hivernal, voilà maintenant un début juin tropical. Pour les adeptes d’activités de plein air, cette fin de printemps exige pas mal de perspicacité pour trouver un créneau météorologique favorable entre chaleur, moiteur et averses quotidiennes. Bien décidés à compléter notre connaissance du Valais Central, nous avons décidé d’aller passer le congé de Fête-Dieu sur les chemins pédestres du Val d’Hérémence. L’itinéraire choisi devait permettre, après avoir « expédié » les 1’000 mètres de dénivelé bitumineux entre Hérémence et Thyon 2000, de rejoindre le célèbre barrage de la Grande-Dixence à partir de la station à l’architecture la plus moche du Valais.
Des nombreux single-tracks courant le long du versant gauche du Val d’Hérémence, nous connaissions déjà ceux reliant l’alpage d’Orchera au mur du plus haut barrage valaisan. Le principal intérêt de notre sortie de ce jeudi férié, consistait donc à en découvrir le solde, ceux menant de Thyon à Orchera. La Trabanta, Termeno Ro, le Mont Cauille et Essertse sont ainsi venus complétér les « lieux-dits » ayant vu passé nos crampons. Pourtant notre périple hérémensard n’a finalement pas échappé aux désagréments causés par la récente installation d’un climat tropical sur le Valais. A Orchera les nuages menaçants qui nous avaient accompagné tout au long de la journée ont abondamment ouvert leurs vannes, ruinant nos espoirs de mener à bien la liaison intégrale entre les deux plus célèbres « hymnes au béton » de la région.
7.4043°E 46.1843°N Alt.1233, inutiles extraits d'un futur hypothétique guide, pour les accros des chiffres et des balises...
Quelques interminables kilomètres plus tard et quelques centaines mètres de dénivelé plus haut, nous sommes encore et toujours sur le bitume. Chemin de croix pour un début de rando puant.
L'image est trompeuse. Nous sommes bel et bien sur un single-track. N'en déplaise aux puristes que nous sommes, le départ du sentier traverse l'esplanade bétonnée de Thyon 2000.
Tous les goûts sont dans la nature, dit-on. Pourtant il aurait peut-être mieux valu ne pas laisser l'architecte, auteur de cet hymne au mauvais goût, le mettre en oeuvre dans nos Alpes.
Les premiers hectomètres de terre de la journée sont accueillis comme un dessert ou une bénédiction, selon qu'on soit gourmand ou croyant.
Le bon usage du lacet : permettre aux organismes de souffler un peu dans l'infernale course au dénivelé d'une piste en mal d'altitude.
Perches de canons à neige et balafres ouvertes aux bulldozers : les stigmates du tourisme hivernal moderne sont ici omniprésentes, pour le plus grand désapointement du randonneur estival...
La Trabanta : un environnement plus proche d'un lendemain d'apocalypse que du mythique sentier valaisan vanté par la chanson populaire.
Rencontre du troisième type... Après l'imbuvable bitume, après l'apocalyptique champs de batailles des pistes de ski, nous finissons par trouver une début de chemin pédestre qui semble vouloir aller dans la même direction que nous.
En même temps que les sourires refleurissent, le ciel s'ouvre. Chronique d'un (petit) moment de grâce dans une journée spéciale.
Le responsable du choix de l'itinéraire forcé de tourner le dos aux versants ensoleillés de la vallée du Rhône. Un rôle de plus en plus ingrat à endosser au fil des kilomètres et de l'arrivée des nuages envahissant l'étroit Val d'Hérémence.
L'avenir proche importe pourtant tellement peu, quand le présent est aussi gratifiant que les circonvolutions de ce magnifique single-track courant le long des flancs escarpés de la Tsermetta.
La percée de soleil s'éloigne au même rythme que nous nous enfonçons le long des versants du Mont Carré, Mont Rouge et Mont Loère.
Première singularité dans un tracé terriblement sympathique, mais parfois monotone : au détour d'une crête, la silhouette hérissée de paravalanches du Mont Cauille nous saute au visage.
Souvenirs, souvenirs. A la vue de ces interminables barrières métalliques, l'inénarable et périlleuse escalade de leurs homologues surplombant le village Rarogne resurgissent des tréfonds de notre subconsient encore traumatisé par l'aventure.
Visiblement... certains subconscients ont la mémoire plus courte que d'autres. :o))
Chat échauddé ne craint finalement pas le métal rouillé... tant que le sentier pédestre semble proposer une issue aux terribles pièges qui nous environnent maintenant de toute part.
Les voies tortueuses du Mont Cauilles sont (presque) impénétrables.
Pourtant la délivrance finit toujours par sourire aux âmes vertueuses... et aux attentifs VTTistes sachant lire les balisages des sentiers pédestres :o
Comémoration d'une victoire annoncée.
Les rangées de hottes coupe-vent annonce notre arrivée imminente sur l'arête somitale du Mont-Cauille.
Aujourd'hui plus encore plus que de coutume, le bonheur du biker est dans le pâturage. Derniers obstacles de bois et de métal sur un chemin à nouveau résolument roulant.
Essertse : contre-jour pour un biker en mal de soleil.
Un single, un alpage, une arête montagneuse et quelques névés : le menu usuel du biker alpin, mais pas de son estomac qui commence à montrer d'évidents signes de mécontentement.
Un petit passage à la pompe à carburant s'impose.
L'accueillante hospitalité des petits bâtiments de la cabane d'Essertse et un ultime rayon de soleil feront la paire pour nous offir le plus délicieux des arrêts casse-croûte.
La nature a poussé le luxe jusqu'à orner notre table improvisée d'une superbe nappe d'un bleu aussi profond que l'océan cher à mon ami PA.
Sandwichs engouffrés et soleil envolé. La suite s'appelle Pas de la Lé, mais aussi premières gouttes d'une pluie longtemps annoncée.
Chaulué : si le single reste définitivement souriant, la météo devient rapidement beaucoup plus antipathique.
Malgré une augmentation de rythme imposée, les vannes d'un ciel de plus en plus sombre ne semblent pas vouloir nous laisser passer entre leurs gouttes.
Voir Orchera et ... se faire pourrir par l'orage. Le magnifique alpage perché au-dessus de Prarion, point de départ d'une précédente escapade en direction de la Dixence, en sera aujourd'hui le point final, par la faute d'une pluie de plus en plus dense et insistante. Pour certains, la boucle est bouclée, pour d'autres le solde de l'itinéraire menant au barrage restera un mystère.
Orage aux trousses : le single-track filant vers Le Louché, Couta et Prarion est avalé bille en tête, malgré son revêtement herbeux détrempé et glissant.