Depuis que le soleil est devenu aussi rare que les décisions politiques prises avec un peu de bon sens, il est quasiment aussi compliqué de rouler au sec que d’adhérer à des choix de société toujours plus controversés. Après un mois de mai qui a vu une nouvelle valse de gouttes froides, juin s’ouvre à peu près sur le même refrain. Rien de bien fumant donc, pour un premier juin, juste une vague pause dans le défilé de pluies qui se succèdent depuis des semaines.
A défaut de pouvoir profiter d’un temps ensoleillé et sec, qui est désormais considéré comme un péché « climatique », il faut savoir mettre à profit chaque accalmie, même passagère, pour aller rouler. A notre programme de ce samedi d’abord gris, humide et bruineux, un tour complet du Val Ferret. Chemin du Tour du Mont-Blanc pour l’ascension et chemin des Bergers pour le retour descendant. Du connu et du célèbre pour la remontée de la rive gauche et du moins connu, voire de l’inédit, pour la descente via sa voisine d’en face.
Résultat des courses, le versant Ouest du Val Ferret est toujours aussi sympa et intéressant à rouler, même avec des racines humides et glissantes. En revanche, pour son pendant opposé, en matière de chemins, il y a à boire et à manger. Et niveau « becquetance », ce n’est pas toujours du « gastro » étoilé au Michelin. Si le chemin des Bergers et les premiers tronçons des hauts de la Fouly et de la Seiloz restent plutôt comestibles, ensuite, la transition de Prayon à Branche mériterait la visite de Philippe Etchebest pour en revoir la qualité de ses sentiers successifs.
Le Val Ferret reste le Val Ferret, un cadre naturel superbe, mais un potentiel VTT qui ne tient toujours pas vraiment toutes ses promesses.
Entrée en matière via le tronçon « Ferret » du TMB, y a pire comme mise en jambes.
Encore très humide après les pluies des jours précédents, chaque racine demande du doigté pour être abordée en sécurité.
La traversée du fameux couloir des chaînes de sécurité pour touristes hollandais.
Avalée sans reprendre le souffle et sans faire pieds.
A la première racine qui glisse, on a toujours tendance à freiner pour gérer, mais à partir de la 953ème, l'appréhension a disparu, et la gestion, aussi.
L'ascension qui permet de traverser la Luy Joret. Autrement plus ardue que ce cliché ne pourrait le laisser penser.
Luy Joret rime aujourd'hui, avec premier névé de notre journée.
La Combe des Fonds dans le brouillard et une petite bruine qui nous rattrappe au passage. Les perspectives de notre journée s'assombrissent. Ou, du moins, s'humidifient.
Ce TMB est quand même un sacré beau chemin pour entamer une journée.
Jamais loin de sa Dranse, jamais véritablement dans le versant, il remonte la vallée dans sa ligne de plus petite pente. Un vrai régal.
Un régal, mais pas toujours un dessert. Ou alors, il faut avoir la dent dure.
La magnifique clairière de l'Inrive déjà squattée par des Hérens visiblement bien inspirées.
Vus la carrure et la longueur des cornes, on va éviter de les brusquer. Contourner au lieu d'effaroucher, avec des reines, c'est la règle pour cohabiter.
La Fouly et son petit « casse-dalle » avalés de concert, il faut ensuite se hisser jusqu'à Ferret.
L'idée de pousser jusqu'aux Ars Dessus pour enquiller l'intégralité du sentier des Bergers s'évanouit rapidement à la vue de tous les névés qui le recouvrent encore.
Direction les Ars Dessous pour aller découvrir notre premier inédit de la journée.
Un sentier forestier et ondulant qui fera, par la force des choses, office de premier tronçon retour.
C'est ça qu'on appelle le « Green Washing » ? Pas sûr, d'autant que le soleil est en train de reprendre le dessus sur les bruines matinales.
Si l'idée de rejoindre les Petits ou Grands Col Ferret vous avait effleuré l'esprit, oubliez la, au moins jusqu'en juillet.
Nous, aujourd'hui, c'est l'option alpage de Barfay qui nous incite à persévérer dans le pré.
Un pré qui commence rapidement à se redresser à l'approche des Boudets.
En sachant que l'APN écrase les déclivités, je vous laisse imaginer l'intensité et la suée.
Mais, à force de ne jamais rien lâcher, ça finit parfois par passer.
Le sommet est maintenant à portée, mais les jambes de plus en plus cramées.
Oh hisse, nous voilà presqu'arrivés.
Y a plus qu'un dernier pré (avec vue) à traverser...
... avant de, sur la Fouly, replonger. Tout ça pour ça ? Oui, mais quand on aime (les chemins), on ne compte pas (ses efforts).
La Fouly North Shore ! Pourquoi aller jusqu'à Vancouver quand on a tout sous la main, ou plutôt, sous les pieds.
Premier « vrai » torrent de notre itinéraire, celui de la Fouly. Aussi glacial à traverser que compliqué de s'en extraire.
Et quand on croit que c'est fini, y en a encore. Deuxième torrent, un poil plus gelé, celui des Places. Une fois que les pieds sont mouillés, ils le restent pour la journée, avec cette satanée météo 2024.
Deuxième et malheureusement dernière bonne pioche de notre journée, le récemment retracé tronçon de la Seiloz.
On rentre dans la vaste combe Idroz comme un « vert » dans un fruit printanier.
Idroz, tout le monde descend. Direction l'Averne.
C'est quasiment direct. Y a encore juste un troisième torrent aux eaux glacées à traverser.
Petite erreur d'aigullage pour un dernier chemin qui nous ferait presque regretter notre journée. Le « casse-pattes » de la Forêt Ibo.