Autrefois fréquentés par les pèlerins, les soldats, les réfugiés ou les contrebandiers, les sentiers transfrontaliers ont souvent un petit air mystérieux et fascinant. Haut lieu d’échanges plus ou moins légaux et de passages plus ou moins licites, la Fenêtre de Durand ne fait pas exception à la règle. Couru par de nombreux randonneurs durant la belle saison, l’endroit reprend, dès l’automne venu, son aspect austère et isolé, à l’image de sa solitaire frontière de cailloux perchée à 2’800 mètres d’altitude, entre le Val de Bagnes et le Val d’Aoste. C’est alors le bon moment pour aller y crapahuter à VTT.
C’est dans la lumière de l’automne que son fameux chemin révèle toute son caractère. Parfois déjà recouvert des premiers résidus neigeux de la saison, il déroule sous les roues cramponnées, son étroit ruban, d’abord terreux, puis plus caillouteux, avec une rare volupté mais aussi, une exigence de tous les instants. Souffle court, mollets brûlants et regard scintillant, la chevauchée menant de Suisse en l’Italie se déroule pourtant de manière on ne peut plus naturelle. La nature se moque des lignes de démarcation tracées par les hommes : les sapins ont les mêmes aiguilles des deux côtés de la frontière, les lacs, les mêmes eaux turquoises, les montagnes, la même majesté, et plus étonnant, les noms de lieux, la même consonance. Malgré l’introduction de l’italien comme langue officielle, nos voisins transalpins bichonnent leur héritage : région autonome depuis 1948, Aoste possède des écoles et des administrations bilingues, mais surtout, cerise sur le gâteau, des chemins à damner tout VTTiste amoureux de monotraces au caractère bien trempé.