C’est là, enfoui au fond de mon encéphale droit, encore légèrement ankylosé par la froidure hivernale, apathique mais toujours vivace. C’est une sorte de germe, un virus qui se réveille avec l’arrivée du printemps. A mesure que le manteau neigeux recule et que l’air se radoucit, ça grandit inexorablement et ça reprend de plus en plus de place dans ma tête, comme un besoin, une soif instiguée par la durée des jours qui s’accroit et les températures qui repartent à la hausse. Mes skis perdent leur attractivité. L’appel de la glisse fond au même rythme que son indispensable support neigeux.
Il est l’heure de remonter en selle, de « recliquer » ses pédales, de ré-empoigner ses « grips » et d’aller rouler. Il est l’heure de retrouver ces chemins évanouis dans la rigueur de l’hiver, de redécouvrir ces coins de nature éteints par le gel et les frimas. Il est l’heure de ré-humer ces odeurs âcres, de terre et d’herbe fraîche, de réentendre ce lancinant cri des crampons sur la caillasse mordante et de s’enivrer à nouveau du mélodieux cliquetis métallique de la roue libre qui chante à la moindre descente. Il est l’heure d’inspirer une ample bouffée de cet air à nouveau tiède, de poser un lent regard circulaire sur cette nature qui s’empresse d’amorcer un nouveau cycle et de sourire, en pensant à toutes ces nouvelles randos VTT qui nous attendent.
Ca n'est plus vraiment une piste, mais pas encore le lit du Rhône sauvage proprement dit...
c'est souvent sableux, parfois caillouteux, toujours cahotique...
... et surtout difficile de s'en extraire.
Odeur de terre humide et de freins neufs : deux indices concourrant à laisser penser que la saison est encore toute jeune.
Petite infidèlité à notre terre chérie, pour tenter d'atteindre la Souste sans poser nos roues sur le bitume de la cantonale.
L'étroit ruban de béton des rives du canal d'alimentation des laminoires de Chippis sera aujourd'hui encore notre meilleure alliée pour mener à bien cette tâche.
Vestiges végétaux d'un hiver particulièrement rigoureux ou vigne laissé à l'abandon ?
Même si l'Illsee semble déjà nous défier, ce n'est pas aujourd'hui que nous ré-enquillerons sa terrible et cassante descente directissime... et peut-être jamais d'ailleurs.
Notre objectif du jour est bien plus modeste et surtout moins exigeant.
Un désormais classique du début de saison : la passerelle bouthanaise d'Agarn.
L'idéal consisterait à utiliser l'éngergie cinétique emmagasinée dans la descente pour vaincre la remontée opposée. Oui, mais pour ça, il faudrait juste oser lâcher ses freins, et vue l'instabilité notoire de l'aménagement, ce n'est pas gagné.
Des yeux qui brillent, des pattes d'oies qui se marquent et une banane qui s'élargit : le doute n'est plus permis, nous voilà déjà dans la première "descente" de la saison.
Descente qui comporte une "variante", forcément...
La retraversée de l'Illgraben .... sans passerelle.
Miam, miam, voilà une eau de fonte des neiges qui donne envie.
Le Blur LT de JP encore momentanément dans sa belle livrée immaculée.
Et oui, qui dit sans passerelle, dit aussi, évidemment, berge opposée à ré-escalader.
"The single" du retour...
sa caillasse instable...
ses parterres fleuris...
et son odeur d'herbe désséchée. Un vrai bonheur... posé quelques dizaines de mètre à peine au-dessus de la très fréquentée ancienne route cantonale.