Après le gros redoux de début de semaine, suivi de l’implacable cycle gel-dégel, on ne s’attendait plus à trouver beaucoup de poudreuse à skier, surtout sur un itinéraire démarrant à si basse altitude. Mais, de là à passer quasiment toute notre sortie en mode « CCC » (Cales, Couteaux, Carres), il y avait quelques pas qui étaient sensés nous mener en haut des 2’563 mètre du Bec Rond. Est-ce l’exposition choisie, Ouest, les forts vents qui ont beaucoup sévi, toujours est-il que nous n’avons rencontré quasiment que de la neige croûtée, ou pire, regelée et constellée de fausses traces.
Alors, à force de nous cramponner sur nos carres, de lutter contre des reculades intempestives et de jouer à cache-cache avec un itinéraire de plus en plus furtif, nous avons fini par jeter l’éponge, quelque part au-dessus de l’alpage de la Sasse, rattrapés par les premiers signes de la perturbation dominicale annoncée et démotivés. Une saison de ski de rando est généralement faite de hauts et de bas, pas seulement topographiques. Aux sorties gratifiantes succèdent aussi, parfois, des journées plus décevantes, qui ne doivent pas forcément remettre en cause l’itinéraire choisi ou les conditions rencontrées, mais juste être acceptées comme faisant partie du « deal ».
Chalet Bérard, dans l'ombre et la froidure d'un petit matin de janvier.
Orientation ouest et encaissement de la vallée ne nous promettent pas la sortie la plus ensoleillée de l'hiver.
Il faut s'extraire, pas à pas, des combes du Broccard, via une trace particulièrement récalcitrante ...
.... pour mériter les premiers rayons de l'astre du jour...
... et retrouver une déclivité plus gérable.
Enfin, localement, plus gérable.
Et quand on pense être sur le point d'y arriver ...
... c'est juste qu'on a pris une mauvaise option et il faut transiter pour changer de crête et retrouver une trace.
Alors, entre derniers mélèzes et combes avalancheuses ...
... nous optons pour un "selfie" pas sommitale ...
... et une redescente pas vraiment gratifiante.
Si les premiers hectomètres recèlent quelques pans à peu près skiables...
... aussi vite dégustés ...
... que péniblement escaladés...
... on retrouve rapidement le revêtement gelé qui avait déjà contrarié notre montée.
Il faut y privilégier les zones peu tracées et compter sur des carres bien aiguisées.
Pas de cris de joie à chaque virage, juste le crissement de l'acier sur la neige regelée.
Les rythmes et les styles divergent ...
... mais l'insatisfaction générale domine.
Quitte à ne pas profiter, autant "schusser".
La quête d'une neige "moins pire" ...
... nous emmène de crêtes en combes...
... avant de dénicher quelques molécules encore poudreuses cachées sous l'alpage du Broccard.
Chacun les skie comme l'inespéré dessert d'un repas mal épicé.
Vingt mètres gelés, vingt mètres croûtés pour un virage à peu près maitrisé.
Quand le revêtement est aussi traitre, la prudence (re)devient la mère des vertus.
Alors ? Heureuse ? Non, juste soulagée.
La minute baby-sitting : un moment de douceur dans une journée aussi âpre que rugueuse.