Les semaines se suivent et les chutes de neige succèdent aux chutes de neige, sans qu’aucune pluie ne parvienne à s’insinuer entre les perturbations qui défilent. Même s’il est finalement complètement « martien », l’hiver tant attendu est désormais bel et bien là, et notre saison de ski de rando, enfin sur les rails. Et parmi les gares habituellement visitées, le Chantonnet tient une place à part. La place de l’unanimité au sein de notre petit groupe disparate.
Chacun y trouve généralement ce pour quoi il se lève et s’inflige quelques heures de sueur en guise de « grasse mat’ » du samedi ou du dimanche. Qui des paysages alpins préservés, qui une sécurité « passive » reconnue, qui encore, un dénivelé raisonnable, ou qui, enfin, des pentes toujours gratifiantes à skier. Et 2020 n’a pas dérogé à la règle, avec d’excellentes conditions à se mettre sous la spatule et une fenêtre météo aussi inespérée qu’une semaine plus tôt, juste dans la vallée d’à côté, sur les flancs du Tenou.
Ciel encore voilé, mais première bonne surprise : la couche de neige fraîchement tombée est encore parfaitement poudreuse, selon la facette du versant tracé.
L'ami Kicco, trop impatient d'y goûter, décide d'y faire sa trace dès la montée.
Malheureusement, le vaillant soleil de mars ne fait pas que donner la même couleur aux gens. Il contribue aussi à rapidement transformer la neige d'un versant trop exposé.
L'incontournable apéro-stop du petit col donnant accès au contournement du Crêtet de la Perche.
Année de PDG oblige, la trace, directissime, au lieu de s'enfoncer dans la vaste Combe des Fonds, reste scotchée au versant nord du dit Crêtet.
Pas de quoi en faire perdre le sourire à l'amie Anne, malgré une semaine émotionnellement compliquée.
Pendant ce temps, comme d'habitude, Madame Allobrogia, se déleste de quelques kilos de neige mal accrochés à ses flancs abrupts.
C'est au pied de sa Tête qu'on juge Ferret dans son ensemble.
Nos voisins valdotains n'ont pas que le Coronavirus à nous proposer. Leur ciel voilé tente aussi une petite incursion transfrontalière.
C'était sans compter sur le petit biset du nord, qui, s'il nous en protège momentanément, nous glace aussi les os au moment de dépeauter.
Courage, fuyons ! Si le Corona n'est pas (encore) susceptible de nous effrayer, les voiles nuageux réduisant la visibilité, nous incitent à ne pas prendre racine sur cette arête frontière.
Direction le soleil du Valais, option "Drè dans le pentu", même si c'est loin d'être la caractéristique première de l'itinéraire du petit Tzanton.
A défaut de pentes, l'itinéraire recèle encore un grand nombre de pans délicieusement poudreux.
L'assurance augmente et le style s'affine. Bientôt il faudra cravacher pour suivre l'amie Céline dans la "peuf".
Les semaines se suivent et nos dimanches se ressemblent : enfarinés.
La rive droite de la Combe des Fonds reste toujours une valeur sûre au moment de dénicher la neige la plus légère du secteur.
Alora, caro amico, regrettes-tu encore les aller-retours envisagés entre Forclaz et Prelayes ?
Une vie martienne au parfum savoureusement hivernal. Mieux vaut tard, que jamais.
Encore une semaine perturbée annoncée, suivie, encore une fois, d'un week-end ensoleillé ? On signe où ?
Re-contourner le Crêtet nous impose d'oublier quelques instants de carver.
Le versant Léchère, le mal nommé. Sa neige est en passe de perdre toute notion de légèreté.
Pas au point de nous priver de la tracer, mais suffisamment pour nous forcer à en casser la croûte en coordonnant force et vitesse.
C'est loin d'impressionner l'amie Anne qui en a vu d'autres, de croûtes, beaucoup plus sanguinolentes.
Force et vitesse, c'est un peu la définition même de Signore Kicco, non ?
Plaisir ultime : en perdant en déclivité, la neige du vaste versant gagne en légèreté.
Surtout en restant à proximité de l'ombre bienfaitrice des premiers mélèzes remontant à notre rencontre.
Direction la jeune Dranse ...
... et son fond de versant "avrillien" avant l'heure.
