Heidi, Heido, Heida …
Heidi , comme son pays de légende. Montagneux, sauvage, préservé, même s’il n’est pas la vallée la plus isolée du Haut-Valais et qu’il compte quelques grappes d’alpages disséminés aléatoirement dans son fond ou sur ses flancs, le Nanztal n’en reste pas moins totalement inhabité et accessible uniquement par des sentiers pédestres.
Heido , comme le bisse le plus élevé et le plus étonnant du Vieux-Pays. Prenant sa source au pied des contreforts du Fletschhorn, ses 7 kilomètres de pente douce suspendue serpentant paresseusement entre 2’000 et 2’400 mètres d’altitude sont un véritable ravissement à dérouler sous ses semelles ou sous ses roues cramponnées.
Heida , comme ce célèbre vin blanc issu des plus résistants cépages de Savagnin, poussant sur le flanc occidental de la vallée de Viège, jusqu’à plus de 1’100 mètres d’altitude, aux portes de Visperterminen. Mais au-delà de son étonnant nectar, aussi appelé « Païen », ce vaste et étouffant versant recèle également quelques petites perles de chemins, dont le bisse de Bodmeri-Niwa et le phénoménal toboggan de Hotee ne sont pas les moindres.
Sept heures de bike, intégralement sur « wanderweg », dans la fournaise de l’habituelle canicule des derniers jours d’août. Si ce n’est pas là la plus belle escapade VTT de la saison, c’en est assurément la plus panoramique, la plus ludique et la plus gratifiante.
Image trompeuse d'un début d'itinéraire bitumeux.
Très vite notre entame de journée ensoleillée ressemble à ça.
PPR, une alternance de Poussage, de Portage et de Roulage.
Roulage parfois exigeant ...
... mais roulage panoramique ...
... et très appréciable parce que non prévu au programme.
Monte Leone, Breithorn et Wasenhorn, les trois mousquetaires veillant sur le col du Simplon n'ont aujourd'hui d'yeux que pour leur neige de moins en moins éternelle.
La face nord du Fletschhorn, toujours aussi impressionnante, même si le souffle manque un peu au moment de l'admirer.
Transition (presque) sans chemin ...
... pour changer de combe ...
... et viser notre meilleur allié de la journée, le Nanzlicke.
Chaque replat offre un nouveau panorama et parfois ... aussi, à peine dissimulé, un vestige de la grande muette.
Pour changer de vallée, nous avons choisi de faire au plus simple. Pas d'Inneri, ni d'Üsseri, mais un Nanzlicke sans prénom.
Voilà qui s'appelle avoir le but de la journée sous le nez. Le Gebidum est à quelques encablures à peine ... à vol d'oiseau.
Sauf que nous n'avons pas d'ailes, mais des roues.
Du coup, on va déjà commencer par s'atteler à la remontée de la rive droite de notre sauvage hôte d'un jour, le Nanztal.
Chemin connu, mais sens inédit.
Une vallée, deux traitillés. L'un à remonter, et l'autre, juste en face, à redescendre.
Sous une chaleur de plus en plus accablante, l'ascension du premier demande de suer...
... avant d'en apprécier ses premières poussiéreuses plongées.
Bistinepass, Magelicke, Sirwelotesattel, juste au-dessus de nous, les cols défilent ...
... et, inexorablement, Lauine est ses chèvres bicolores se rapprochent.
Pas d'ombre ni d'âme qui vive à l'horizon, juste deux bikers motivés et inspirés.
Le fracas d'un tumultueux affluent de la Gamsa indique que nous allons incessamment sous peu changer de rive.
Encore un peu de terre à dérouler....
... encore quelques escarpement rocheux à escalader...
... un peu d'eau du glacier (le Gamsagletscher) à récolter...
... et nous voilà déjà sur la rive opposée.
Rive sur laquelle, il reste encore un peu de chemin à remonter ...
... quelques étangs d'altitude à contourner ...
... du panorama de carte postale à admirer...
... une courageuse baigneuse à féliciter ...
... avant d'atteindre le point culminant de la journée et de basculer.
Obers Fulmoos le bien nommé avec ses premières falaises à dévaler...
... et son wanderweg jockerless à gérer.
Bon, maintenant c'est facile, c'est tout droit...
A voir comme ça, on pourrait croire que Nanztal et Gredeschtal ne font qu'un, si le Rhône et sa vallée n'étaient pas là pour les séparer.
Quel bonheur de poser à nouveau ses roues sur le Heido...
... de (re)traverser ses galeries couvertes ...
... et d'admirer son phénoménal panorama bernois agrémenté du doux murmure de l'eau de son bisse.
Même enterré, le Heido ne perd pas une miette de ses infinitésimaux pourcentages ancestraux.
Premier signe de vie (humaine) depuis notre départ matinal du Col du Simplon...
... cette petite bâtisse de pierre, dont les derniers locataires ont définitivement perdu l'adresse.
Eau (canalisée) sans vertige, pour biker au coeur bien accroché.
Au détour d'une ultime crête, Maitre Aletschgletscher nous tire un bout de langue.
Le plus périlleux est, ici, probablement de rouler en admirant.
Quand le Gebidum est (enfin) en vue, c'est que la branche retour du Nanztal s'apprête à basculer dans le Vispertal.
Eau et terre, un parallélisme aussi étonnant qu'envoûtant.
Qu'elle est verte et profonde cette vallée !
Deuxième signe de vie (humaine) de la journée, le célèbre chalet isolé trônant sur le somptueux épaulement du Gebidum.
A nouveau col, forcément, nouvelle vallée.
Pour quitter le Gebidumsee, il suffit de suivre l'eau de son exutoire, le Riedbach.
Ensuite, un peu de PPD poussiéreuse, histoire d'augmenter notre cadence de D-...
... et rapidement retrouver notre deuxième horizontalité de la journée, le bisse de Bodmeri-Niwa.
Atmosphère (enfin) ombragée et glouglou rafraîchissant pour un versant écrasé de chaleur.
Vallée du Rhône enfin en vue et somptueux chemin de crête...
... juste en bordure de la Eyholzwald, incendiée en 2007.
Qu'elle était grise et desséchée, ma vallée. Ou en tout cas son flanc gauche.
Divin chemin pour une frontière naturelle : brûlés, pas brûlés.
Des wanderweg en veux tu, en voilà. Un nouveau bout de bisse ...
... et la plongée finale : le toboggan de Hotee.
Un bike park naturel digne de Whistler, la poussière et la chaleur en plus, la pluie journalière et les hordes de bikers en moins.
Eh oui, ça fait pile sept heures que nous avons quitté le Simplon et que nous n'avons roulé que sur du wanderweg. Une journée, des chemins !