Avec ou sans ce notable épisode neigeux, le fil conducteur de nos fins de semaine, la randonnée à skis, reste d’actualité. Le plaisir de skier est encore bien présent et celui de partager une trace d’ascension, toujours solidement ancré au sein de notre petit groupe. Alors, même si c’était cousu de fil blanc, ce samedi au ciel laiteux n’a pas dérogé à la règle. Encore et toujours sur les skis. Dans le droit fil des précédents, il nous à nouveau vu nous lever aux aurores pour aller le passer en montagne et en spatules.
Au fil des saisons, la Fouly, haut-lieu du ski de rando, est devenu une étape incontournable de l’hiver. 2019 a pourtant bien failli faire exception à la règle. En effet, avant ce 6 avril, pas de sortie dans le Val Ferret à notre tableau de chasse. Il était temps de remédier à ce potentiel et inexcusable oubli, même si le prix à payer a consisté à braver un foehn tempétueux et à tenter de gérer au mieux un manteau neigeux dont « piégeux » n’était que l’esquisse du prénom.
En avril, ne te découvre pas d’un fil, surtout si tu prévois d’aller randonner dans le val Ferret.
Si, en montagne, la journée s'annonce pleine de promesses...
... en plaine, la nuit semble avoir été mouvementée.
Foehn déjà forcissant ne retient pas le pèlerin du matin.
Pas facile de papoter de concert avec un tel biset, alors on converse séparément.
Et quand il fait froid, tu t'habilles comment ?
Nez sur les spatules évite les bourrasques dans la face.
Une fois n'est pas coutume, l'entrée dans la combe des Fonds n'annonce rien de bon.
Alors, vous viendez ?
Certains oui, d'autres non.
On rajoute une couche (ou deux) et on continue ?
Allez, lumière d'apocalypse ou pas, c'est reparti.
Ah, et bien voilà, il suffisait de trouver l'interrupteur et de rallumer.
« Vent faible à modéré de secteur sud à sud-est ». Ph. Jeanneret, tu devrais sortir de ton studio et venir voir à quoi ressemble le souffle du foehn sur la crête sud des Alpes.
Veste GoreTex et masque de ski pour la montée, je n'avais encore jamais eu à utiliser. Eh bien, désormais, je ne peux plus le dire.
Face à tant d'adversité, il est parfois sage de savoir renoncer. D'autant que le manteau neigeux est ... disons « particulier ».
Crouté en surface par le vent et extrêmement friable et profond en dessous. Un cockail pas « win-win » du tout.
Chacun y va de sa méthode pour tenter d'en gérer les particularités « particulières ».
Un virage, ça va. Deux virages, parfois, ça va aussi. Trois, c'est déjà plus aléatoire, et quatre, c'est seulement en rêve.
Du coup, le plus simple est d'en faire le moins possible. « Drè dans le pentu » et advienne que pourra... ou pas.
Poussés par la tempête, la retraversée entre les Crettés nécessite moins de talents de glisseur que de sourire.
Il suffit d'augmenter sa surface corporelle et de laisser le vent faire. Trop fastoche !
Entre Perche et Gouille, il y a toujours un passage, même s'il semble, aujourd'hui, aussi ébouriffé qu'ébouriffant.
Certains n'aiment pas l'effet du soleil sur le manteau neigeux. Perso, ce serait plutôt celui du vent. Redescendre sur la trace pour éviter de s'enferrer, y a mieux comme plan ski.
Allons voir si le versant Léchère est plus digeste.
Moins mis à mal par les caprices d'Eole que transformé par le pâle soleil, il se révèle à peu près skiable....
.... à condition d'utiliser la force et, surtout, la vitesse nécessaire pour en casser la croûte.
Son épaisseur moindre et sa relative homogénéité rendent son manteau « un poil » plus gérable.
En visant bien et en puisant au fond de ses poumons, on arrive même à, enfin, y enchainer quelques virages.
Et, de transitions en transitions, on finit parfois par y trouver quelques pans moins écailleux à tracer.
Même, si niveau style, il faut souvent improviser...
... et, en permanence, chercher à conserver un parfait équilibre talon-spatule.
Face à tant d'hostilité, des « mid-fat » avec « rocker » sont un atout indéniable.
Un revêtement qui s'écaille à chaque virage ...
... n'est, en principe, pas le signe d'une descente spécialement gratifiante.
Comment expliquer à ces adeptes de « kite » que vouloir utiliser le foehn pour remonter une vallée nord-sud, n'est pas la meilleure idée de la journée ?