Le coup de grâce !
Greg nous avait promis que les journées allaient monter en puissance. Que chaque jour serait plus bluffant que le précédent. Que chaque chemin serait plus gratifiant que celui de la veille. Que chaque paysage dépasserait celui qui nous avait déjà tant émerveillé hier.
Eh bien, comme souvent, il avait raison. Le grand vallon de Péas et le col de la Crèche, enchainés avec le Sommet Bucher, nous auront laissé sans voix. En prenant de l’altitude pour l’admirer, le Queyras rentre inexorablement dans la case « carte postale ». Son enchevêtrement de vallées flatte l’esprit, alors que ses pics caractéristiques attirent l’oeil. L’âme émerveillée par tant de beauté croûle rapidement sous les émotions.
Qu’est-ce que c’est beau !
Beau, et incroyablement bien desservi par des chemins tous plus divins les uns que les autres.
Le Queyras, n’y venez pas ! Y a déjà bien assez de « bikers », (et de randonneurs) qui l’apprécient et le fréquentent pour leur plus grand bonheur.
Un nouveau jour se lève sur la Baïta du Loup, notre base logistique dans la vallée de St-Veyran.
Il est de nouveau temps d'aller pédaler. Cette fois-ci, du côté de Château-Queyras et du versant nord de la vallée du Haut-Guil.
On entre dans le Grand Vallon de Péas comme on entre en religion, le coeur qui tape et les yeux qui brillent.
Certains résidents saisonniers nous y ont déjà précédé, et, par conséquent, nous leur laissons la priorité.
On a beau avoir pris avec soi plusieurs paires de chaussures VTT pour la semaine, dans le Queyras, les pieds secs ne le restent jamais très longtemps.
Procession pour une ascension aussi fleurie que tortueuse.
On sait toujours d'où l'on vient. En revanche, même si, aujourd'hui, on ne sait pas où l'on va, on en apprécie grandement la perspecitve.
Après la quinzième traversée à gué, on finit par se faire une raison. Les pieds resteront définitivement mouillés, aujourd'hui.
Le gris du Pic de l'Argenier est au gris définitif ce que le vert est aux pâturages d'altitude, après un printemps aussi arrosé.
Quand la pente de la piste finit par s'infléchir ...
... c'est qu'il est l'heure de passer sur l'autre rive du torrent de Péas...
... pour aller rouler le « canal » suspendu qui y sinue.
Le seul défaut de ce bisse du sud, c'est qu'il est étroit et souvent accidenté. Par conséquent, il est impossible de le rouler en admirant les incroyables paysages proposés.
Admirer ou quitter accidentellement son tracé, il faut choisir.
Sous l'oeil impassible du Pic de Rochebrune, nous filons aussi droit que possible...
... en direction d'un col de la Crèche qui se rapproche à chaque coup de pédale.
Voilà ce qui s'appelle « rouler dans une carte postale ».
Après trois heures de pédalage, même émerveillé, l'estomac passe un petit coup de fil au cerveau : « eh, ducon, ça t'ennuierai de penser aussi à moi, de temps en temps ».
Après un copieux sandwich avec du « Pain des Cimes » et une longue sieste sur l'herbe douce, nous abordons la descente du versant sud du col de la Crèche dans les meilleures dispositions possibles.
D'autant que le rugueux chemin désescaladant le pierrier sommital a été judicieusement remplacé par une onctueuse sente herbagée.
Une photo estampillée JP, clin d'oeil à notre habituel ami de chemin, resté en Valais, pour travailler.
L'extraordinaire chemin du Bois Noir et sa plutôt sympathique caillasse, nous rappellent rapidement que nous sommes désormais en adret, et loin au sud de nos contrées d'origine.
De la racine adhérente, de la caillasse enchâssée dans la terre meuble et du lacet accueillant : une chemin de rêve pour une descente d'anthologie.
On en avait rêvé, le Queyras l'a fait !
Avec un sentier aussi accueillant, nous sommes rapidement de retour au village des Meyries.
Après une courte transition « pistée » en direction du Chalvet des Borels, nous enquillons avec un nouveau divin chemin, celui des Astragales.
Chemin sur lequel pait un placide troupeau de brebis surveillées par plusieurs « beaucoup moins placides » chiens de protection.
A l'approche du torrent du Vinar, le lacet et le vide reviennent rapidement d'actualité.
Il faut désormais se remettre à piloter ...
... et, localement, rouler avec doigté.
A force de perdre de l'altitude, nous retrouvons une chaleur d'autant plus accablante que la forêt de la Jaute est localement très décoiffée.
Revoir Ville-Vieille et continuer à sourire.
Après un intermède glacé et une longue remontée assistée, nous découvrons Sommet Bucher en fin de journée. Epoustouflant !
La vue sur les vallées de St-Veyran et du col Agnel y est phénoménale ...
... et le chemin sommital terriblement appétissant.
La transition vers le col des Près Fromage se transforme en douce partie de saute-moutons à travers un chapelet de crêtes herbeuses.
La Pointe de Rasis dans sa douce lumière de fin de journée, nous souhaite la bienvenue à l'alpage des Près Fromage.
Dernière transition en direction de Fontaine Rouge dans un environnement de plus en plus « dolomitien ».
Une fois le torrent de Bramousse croisé tout devient douceur, onctuosité et sinuosité.
La « descente à plat » du mal nommé Chemin de la Croix, un dessert qui vient couronner une journée d'exception en terre queyrassine.
La photo qu'il faut faire, si vous avez la chance de rouler les grasses prairies de Pré Faure.
La plongée finale sur la base de rafting de Château Queyras. De Greg à tour de contrôle, je demande l'autorisation d'atterrir.