Last «Tal» But Not Least «Tal» (sans jeu de mot avec la sympathique cité de la campagne bâloise), sa majesté le Loetschental. Parcouru dans toutes ses longueurs et en troquant les célèbres villages de Ferden, Kippel, Willer, Ried et Blatten, par des lieux plus alpins et mieux adaptés à un VTT résolument montagnard, Kummenalp, Hockenalp, Lauchernalp, Weritzstafel, Tellistafel, Fafleralp et Guggistafel : une rando « énorme » dans un environnement phénoménal et particulièrement magnifié par l’air transparent et le soleil omniprésent de ce splendide dimanche d’automne.
Je vais profiter d’économiser mes mots, les images parlent d’elles-mêmes !

Quelques kilomètres de bitume puant contre un journée au paradis. Le marché est plus qu'équitable, d'autant qu'au départ de Goppenstein, le Loetschental nous dévoile rapidement ses charmes dans la fraîcheur matinale de cette journée prometteuse.

Au fur et à mesure que nous nous élevons dans l'épaisse Färdawald (forêt de Ferden) de prometteuse, la journée devient peu à peu paradisisaque. Météo et cadre n'y sont évidemment pas étrangers.

Bärsol en octobre, la cueillette des gratte-cul (baies de cynorrhodons) ? Plus prosaïquement, un premier point carte pour ne pas transformer un itinéraire divin en rando à rallonges.

La piste de Restialp et Kummenalp n'en finit pas de dérouler ses lacets comme pour rendre notre ascension moins exigeante physiquement et nous laisser tous loisirs d'apprécier la beauté des lieux.

Entre ombre et lumière nous découvrons avec émerveillement les petits chalets du hameau de Kummenalp.

Une fois le Fardanbach franchi, nous accédons au versant nord du Loetschental généreusement baigné de soleil. Nous ne le quitterons plus de la journée.

Kummenalp, balcon naturel posé à 2086 mètres face à un Bietschorn étonnamment débarassé de son habituelle écharpe nuageuse, ou quand le cadre se met au diapason d'un itinéraire d'exception.

A partir de Kummenalp, la partition change, l'ascension s'arrête et la piste s'évanouit. La symphonie pour trois bikers et un sentier joue ses premières mesures.

Un chemin pavé de bonnes et de moins bonnes intentions. Si les premières nourrissent l'âme, les secondes flattent plutôt l'ego.

Les flancs du Hockenhorn : patchwork de pâturages jaunis, de myrtillers pourpres et de mélèzes encore accrochés à leur vert estival.

A l'approche de Stafel, le sentier s'élargit, le revêtement s'aplanit et tout naturellement, la vitesse augmente.

Une fois n'est pas coutume, nous fuyons les mazots de Restialp et le Restipass. La beauté de l'endroit demeure, les buts de la rando changent.

Omniprésent, sa majesté Bietschhorn reste constamment en point de mire. Comme un phare guide le marin, il régit notre avancée dans la longue vallée.

Stafel et sa magnifique petite chapelle de bois... entourée de véhicules.... Les chemins du paradis ne sont malheureusement pas bordés que de champs de roses...

Derniers coups de pédales pour nous hisser vers la Lauchernalp Gruppenunterkunft Restaurant Pizza Pension.

Après l'Apfelsaft syndical, le dos appuyé aux chauds madriers de la terrasse du petit restaurant, nous reprenons notre route, cap toujours résolument à l'Est.

Encore une combe à traverser, encore du chemin à tracer. Et ce n'est pas l'Arbegga qui nous arrêtera.

Bietschhorn, Schwarzhorn, Wilerhorn, largement de quoi qualifier notre rando d'accompagnée, voire d'habitée.

A partir de Lauchernalp, tous les chemins, ou presque, mènent vers Wertizstafel. Alors forcément, nous n'avons pas choisi le plus large et roulant.

L'alternance entre poussage, portage et pédalage est très éprouvante, mais la somptueuse vue sur le versant opposé nous le fait constamment oublier.

... nous finissons par débouler à Weritzstafel, et enfin dépasser l'imposante masse du Bietshhorn pour accéder au Haut-Loetschental.

Ritzmad, Rumme, Seemlin, les noms des lieux-dits s'adoucissent, mais le single-track reste exigeant.

Tous les ingrédients d'une grande journée réunis sur un seul cliché. La mayonnaise pouvait difficilement ne pas prendre.

Notre projet du Loetschental par sa rive droite, ça devait avant tout être une histoire de chemins. Celui de Stalpflie dépasse tous nos espoirs.

Le début de la descente vers la profonde combe d'Im Tellin : le chemin choisit de se perdre (et par la même occasion de nous perdre aussi) parmi les mélèzes d'altitude.

Pour notre dégringolade vers les eaux tumultueuses du Gisentella, dame nature avait poussé le luxe jusqu'à nous dérouler son tapis rouge. Un chemin décemment roulable aurait probablement été plus apprécié.

A l'approche de Tellistafel, nous mettons immédiatement à profit un tracé plus adapté à une rando VTT.

Dos au Tellingletscher nous filons dorénavant à vive allure vers les chants en provenance du hameau.

Insensibles à la poésie oberwalliser chantée, nous choisissons sans regrets d'attaquer directement la piste menant aux Schwarzee.

La piste qui croise les pâturages de Tellinalp est large et roulante. Notre moyenne horaire en tire immédiatement bénéfice.

Même avec la dernière version de Photoshop, une bonne dose de patience et beacoup de compétences graphiques, il était totalement illusoire d'espérer ôter tous les touristes profitant de la douceur automnale sur les bord des deux Schwarzsee. On se contentera de l'image de son chemin de la rive sud.

Le superbe marécage alpin de Faflermatte est finalement atteint dans une étonnante luminosité de fin de journée.

Fin de journée ou pas, nous sommes bien décidés à pousser encore un peu en direction du fond de la vallée, même au prix de quelques kilomètres de portage.

L'image est malheureusement trompeuse. A partir de Guggistafel, le sentier se renfrogne furieusement. Parsemé de blocs érratiques et d'arbres rompus ou couchés par les avalanches, il devient vraiment ardu à emprunter, même avec le bike sur le dos.

Pris par le temps et l'inhospitalité des lieux, nous choisissons d'abdiquer à mi-chemin de la Anenhütte.

D'après la carte, la descente de retour vers Gleitscherstafel aurait dû s'apparenter à une douce glissade régénérante. La vérité du terrain est tout autre. Finalement, dans cette rando, rien ne sera facile jusqu'aux derniers mètres, et c'est peut-être mieux ainsi. Le Loetschental donne beaucoup, mais en contrepartie, il exige une bonne dose d'investissement.