Au fur et à mesure que le manteau neigeux reflue sous les assauts du soleil, nous reprenons possession de notre terrain de jeu préféré, le coteau de la rive droite. Bon nombre de secteurs de ce versant nous sont évidemment familiers, car parcourus printemps après printemps. D’autres régions nous le sont également, mais simplement pour avoir été traversées, l’été, en fin de rando, lorsque nous regagnons la plaine. Le tout mis bout à bout, ça fait un bon paquet de singles que nos roues à crampons ont déjà eu la chance de dévorer au fil des saisons. Cela dit, il reste quand même quelques (rares) zones encore inexplorées et quelques chemins encore inconnus : ceux situés un peu à l’écart de nos itinéraires habituels, ou ceux simplement restés dans l’ombre de leurs grand frères devenus incontournables. Il n’est jamais trop tard pour (re)partir à la découverte de ces insolites sentiers encore (injustement) méconnus.
Varnerwald vit un peu dans l’ombre (c’est le cas de le dire) de la mythique Varneralp. Deuxième partie d’une descente d’anthologie, cette forêt enchantée recèle, non loin de notre itinéraire habituel quelques petits bijoux de terre et de caillasse dont il aurait été dommage de se priver. Une fois n’est pas coutume, malgré la date suggestive, ce n’est pas un poisson d’avril, nous avons remonté la Forêt de Varen pour en découvrir certains charmes cachés à l’ombre de ses pins centenaires.
La traversée du Bois de Finges par sa nouvelle tranchée autoroutière ? Pas vraiment, simplement la remontée du canal d'alimentation de l'usine d'aluminium, asséché pour son entretien.
Jeu de mikado géant : dès la sortie du village de Tassonières, notre tranquille parcours printannier se transforme en gigangesque rodéo.
Course d'obstacles par dessus les innombrables pins renversés et parcours de contournement de résidus neigeux égayent une ascension d'abord entrevue aussi routière que monotone.
Aux environs des 1'300 mètres d'altitude, nous renonçons à lutter contre l'abondante neige résiduelle et les dégats de la nature. Comme par hasard, pile poil dans un lacet où notre chemin du jour frôle la route forestière.
Changement d'exercice et ... changement de saison.
Le single de la crête de Schattuflüe, bien exposé en bordure de forêt, se révèle d'abord aussi sec que rectiligne...
...avant de se faire plus aérien...
... puis tortueux...
... mais finalement moins obstrué par les arbres renversés que prévu.
Et, vue sa configuration en bord de falaise, c'est plutôt une bonne nouvelle.
Et pendant ce temps-là, sur le balcon d'en face, les vieux madriers d'Albinen brunissent (si c'est encore possible) sous le premier soleil d'avril.
Suivant la conduite forcée, notre chemin fait la part belle aux passerelles...
... et aux lacets.
L'option "plongée sur Varner Leitern" se révélant impraticable à cause des arbres renversés, nous remontons à la force du mollet le chemin taillé dans ses falaises de granit.
Après quelques coups de pédales bien vigoureux nous réémergons sur le versant herbeux menant au village de Varen.
Son chemin, plutôt roulant, comporte lui-aussi son quota d'obstacles boisés, qui ne nécessitent heureusement pas tous de mettre pied à terre pour être franchis.
Les premiers bâtiements de Varen Downtown annoncent déjà la fin d'une descente aussi sèche que caillouteuse.
Fin de la descente ne signifie pas forcément, fin du chemin.
Surtout quand le bisse inférieur de Varen laisse trainer un de ses tronçons sous tuyaux à portée de roues.
Bon, après il faut savoir assumer son caractère parfois rustique. Par exemple, en allant jusqu'à enlever la roue avant pour faire passer le bike dans le trou de souris d'une de ses passerelles mise à mal par les tempêtes de l'hiver.
Le tronçon Varen-Salquenen qui était sensé n'être qu'une douce transition finale à flanc de coteau se révèle lui-aussi plus compliqué que prévu.
