Sans T majuscule, sans spectateurs avinés et braillards , sans voitures suiveuses, sans caravane publicitaire, sans peloton et sans seringues, le tour du Chavalard n’avait, à priori, en commun avec son illustre homologue franchouillard que le prénom. En l’occurence l’à priori se révela encore trop restricif. Le tour du Chavalard nous a offert bien plus qu’aucune grande boucle n’offrira jamais à ses enragés du bitume apôtres de la pharmacopée high-tech et du dieu dollar : DU BONHEUR.
Bonheur d’évoluer dans un environnement grandiose et magnifiquement préservé, bonheur d’un effort intense mais sain, finalement moins long qu’escompté, bonheur de découvir, ou de redécouvrir, une succession de sentiers ludiques et espiègles, bonheur d’échanger quelques mots amicaux avec des randonneurs radieux ou des bergers souriants, bonheur de partager une passion dévorante et communicative. Au final, une accumulation de « petits bonheurs » qui se complètent pour offrir à cette rando un caractère spécialement gratifiant : QUE DU BONHEUR, en somme.
Pas de prologue au programme de notre tour ! L'entrée en matière se compose directement de 1000 mètres de dénivelé à escalader au départ de Dugny.
Chaleur accablante et déclivité prononcée, voilà deux ingrédients essentiels à une mise en jambes humide et douloureuse.
Après une début de rando aussi éprouvant, l''arrivée en vue de l'alpage du Petit Pré se transforme forcément en délivrance.
Nous abandonnons sans regrets la difficile piste pour attaquer le single-track, malgré un début d'itinéraire largement envahi par les toutes-bonnes (épinards sauvages). Les premiers hectomètres du sentier sont un authentique dessert, que nous avalons avec appétit
Sans quelques barres rocheuses et autres sympathiques traquenards, le tracé de ce single-track pourrait facilement être qualifié de piste cylclabe pour hollandais en vacances
Forcément un single-track alpin doit mériter son qualificatif à un moment ou à un autre. Pour le faire, le nôtre a décidé de saupoudrer la suite de son tracé de quelques raidillons bien sentis.
Ne pouvant décidémment pas se départir de son caractère sympathique, notre hôte du moment alterne bientôt les portions techniques et pentues avec des parties ludiques à souhait.
Le somptueux cirque naturel d'Euloi aussi appelé Grand Pré offre son immense pâturage marécageux à nos yeux ébahis.
Y avait longtemps qu'on ne s'était adonné à un petit stage de sherpa. Et bien voilà, c'est rectifié. Face au Six Armaille, la suite de la rando se prénomme Portage, direction le Col du Fenestral.
1450 mètres de D+ ça se fête comme il se doit. The Fenestral W.O.T.T. Off Course.
A partir de la cabane du Fenestral, le tracé du single-track est mieux marqué et parfaitement roulable.
Vous prendrez bien quelques tronçons de pierriers en guise d'appéritif ? Attention, la principale difficulté du secteur ne réside pas dans la caillasse instable, mais dans le dévers très prononcé du chemin.
Le single-track se révèle même plus roulant que prévu, ce qui nous offre le loisir d'apprécier le maginfique environnement dans lequel nous évoluons, commei ici à l'arrière-plan, la Dent de Morcles.
De crêtes en combes, de rochers en pâturages le chemin n'en finit pas de dérouler son étroit ruban ocre.
Un ultime passage technique dont JP ne fait qu'une bouchée.
Bien connue mais pratiquement inévitable, la remontée du pierrier permettant de franchir l'épaulement du Chavalard reste toujours un exercice exigeant, surtout en fin de rando.
Parcouru dans le sens de la descente, le fameux chemin se révèle encore plus gratifiant que l'itinéraire inverse habituellement emprunté.
Lumière de fin de journée sur l'Aiguille du Chavalard.