On aurait dû se méfier, un Vendredi-Cinq qui tombe un Six, d’emblée c’est louche. Et de fait, rien dans cette rando pré-pascale ne s’est déroulé comme nous l’avions prévu. Partis pour (enfin) réaliser l’ascension du Sublage via l’itinéraire habituel de sa face sud/sud/est, nous avons rapidement dû déchanter face à l’incroyable recul du manteau neigeux. Entre une bonne heure de portage initial ou l’itinéraire bis, décrit dans le Labande, nous n’avons pas vraiment hésité. Direction, Tsanfleuron, pour tenter d’accéder au Sublage par son flanc nord. Là encore, le redoux et la pluie de ses derniers jours ont fait leur œuvre. Si la remontée du vallon de la Morge est encore à peu près praticable, le versant sur lequel serpente le chemin de l’hôtel du Sanetsch est désormais totalement déneigé. Nouvelle option de secours, la remontée directe du lit du torrent du Lachon. Première variante du jour à être à peu près menée à bien, nous commencions à envisager la suite de la rando de manière enfin sereine.
C’était sans compter avec le brouillard se formant à partir de 2’000-2’200 mètres d’altitude, juste au moment d’accéder au vallon de la Tsanfleuronne. Du coup, avec son sommet prisonnier des nuages et ses falaises masquées par les nappes de brume, notre Sublage devenait bien moins motivant. Bien décidés à persévérer au soleil, nous avons alors opté pour une traversée des Lapiés de Genièvre et une ascension du Sex Rouge, puis de Tête Noire, petit sommet au nom particulièrement bien choisi, à une encablure à peine, au nord de la Fava. Et cet ultime changement de plan a fini par nous sourire. Sans avoir à « repeauter », nous avons pu échapper à l’improbable redescente du lit du Lachon en plongeant, de ce sommet, directement dans les vastes combes, encore bien garnies de neige, entourant le torrent de la Contheysanne.
Pas de Sublage pour cette année encore, mais une belle rando, très printanière, pleines de surprises et de bonne humeur, à défaut de neige fraîche et de ciel bleu. En même temps, la semaine de Pâques, dame météo est rarement d’humeur très joyeuse.
Jusque là tout va bien ! Enfin, surtout si on occulte le fait que même notre itinéraire de secours fais plutôt grise mine, côté enneigement.
Aux grands maux, les grands remèdes. Option directe par le lit du torrent du Lachon.
Un torrent qui semble avoir déjà connu son lot de péripéties hivernales.
Dès que les mélèzes de la forêt de de Tsarein nous en offrent l'opportunité, nous regagnons les pâturages plus ouverts et mieux adaptés au ski de rando.
Reste que lapiés et torrent finissent par converger...
... et nous contraignent à déchausser pour en franchir le goulot de sortie.
Heureusement pour nous, le manteau neigeux est déjà en train de décrouter, ce qui nous permet d'y tailler des marches à coups de chaussure.
Reste que l'endroit est vivement déconseillé pour les glissades inopinées.
La fin du lapié ... à pied.
En dessous de Tsanfleuron : ciel encore bleu mais en phase de moutonnage.
En dessus de Tsanfleuron, un bref casse-croûte plus tard : nappes de brouillard et nuages d'orage en formation.
A l'Ouest toute, pour tenter de rester encore un peu au soleil.
L'interminable traversée du gigantesque lapié de Genièvre nous occupe une petite heure...
... avant d'avaler les 100 mètres de dénivelé du Sex Rouge.
A vaincre sans péril... Allez, on pousse encore un peu, direction Tête Noire, la mal nommée sous cet angle.
D'abord désecalader le Sex Rouge sans dépeauter et sans se foutre par terre...
... puis ré-entamer une nième montée.
Tête-Noire : très belle pente nord et ciel bouillonnant.
Bouillonnant, mais provisoirement encore ensoleillé.
Et maintenant, tu comprends pourquoi ça s'appelle Tête Noire ?
Sur l'autre versant, vallon de Mié et Mont-Gond échappent encore aux nuages qui cernent déjà le Haut de Cry et le massif des Diablerets.
Entrevue à la montée, le revêtement de la pente sommitale est crouté, tendance enfoncement en milieu d'appui. Que du bonheur !
Rattrapés par le jour blanc. Courage, fuyons !
Neige revenue et vastes combes nous accueillent sur les hauts de la Contheysanne.
Première bonne surprise du jour : une descente certes printanière, mais beaucoup plus agréable que prévu.
Reste qu'il faut conserver pas mal de vigilance pour gérer les innombrables variations de glisse d'un revêtement ayant visiblement pris la pluie de ces derniers jours.
Avec la perte d'altitude, nous retrouvons soleil et visibilité...
... pendant que Fava et Tête Noire s'enveloppent rapidement de nappes de brume humide.
La suite de notre descente est d'abord un hymne au ski de printemps.
Avant de se transformer en concerto pour neiges pourries...
... et mélèzes envahissants.
La piste d'atterrissage des avalanches sous l'alpage de Genièvre...
... et la remontée vers le hameau de Tsarein...
... ne sont que deux péripéties sur une fin de descente pleine de rebondissements.
Pause de remotivation obligatoire avant d'affronter la traversée du village de Glarey et ses bouillonnants habitants du week-end.