A travers l’étroite fenêtre de notre chambre, on ne voit que du gris. Brouillard orographique ou effluves d’une première soirée trop arrosée au bar l’Hospice ? Un peu de caféine et quelques céréales plus tard, nous avons la réponse. Les antiques pavés du Stockalperweg sont toujours aussi vicieux et humides, mais le soleil inonde désormais les sommets. On aimerait prendre le temps d’apprécier ce petit jour contrasté et technique, mais notre pote JP nous attend déjà du côté de Rosswald pour la suite du trip.
Nos jambes sont lourdes, notre esprit encore absorbé par les charmes des hauteurs du Simplonpass mais la remontée initiale des pistes de Rosswald toujours aussi « casse-pattes ». L’attaque du Saflischpass, d’Ouest en Est reste un morceau de choix pour tester la motivation de l’incontournable matin du deuxième jour. Incident technique, muscles durcis, sourires crispés, rien n’y fait. L’arrivée sur le sommet du Saflisch et la perspective de la longue traversée vers le Binntal rallument instantanément nos regards fatigués. Le sac à dos devient plume, la sueur miel et le single si appétissant qu’on y croque aussitôt à pleins crampons.