Depuis le temps, on devrait le savoir, nos escapades triennardes sont souvent ponctuées d’événements peu communs. Je ne sais pas si c’est dû à ses gorges abyssales, sa topographie abrupte ou sa proximité avec nos cousins « franchouillards », mais la soupe y est toujours plus épicée qu’ailleurs et nos randos souvent relevées d’une pointe d’adrénaline et de quelques coulées de sueur, d’abord tièdes, puis, finalement, froides. Quand on y va en bike, y a généralement jamais moyen de couper court à une ou deux séance de sherpa bien âpres, sensées nous ramener sur un chemin qu’on pensait à peu près « roulable », et quand on y va à ski, y a inévitablement quelques moments de pure « douceur » qui nous amènent, soit à varapper pour nous extraire d’une face qu’on pensait facilement « escaladable » avec un peu de volonté et quelques coups de couteaux bien aiguisés, soit à nous bagarrer avec la luxuriante végétation d’un torrent plus sauvage que son doux glouglou ne nous l’avait laisser penser.
Du coup, en choisissant d’y retourner un vendredi treize, on s’est dit qu’en soignant le mal par le mal, on allait bien finir par y passer une journée ordinaire. Et durant les quatre premières heures de notre échappée hebdomadaire, on a bien cru qu’on allait finalement réussir à vaincre le « signe » triennard. Bon, il y a bien eu quelques séances de reculades involontaires sur une trace initiale très déversante et verglacée en diable, un tronçon de portage sur lequel on a, un moment, envisagé de faire les foins et quelques pans de glace vive qu’on a tenter de skier sans « carres » et sans jambes, mais rien de vraiment rédhibitoire par rapport à notre projet de passer un jour tranquille.
Et puis, il y a eu le Nant Noir. NN pour les intimes. Toujours engageant et délicieux à skier en son sommet. Encore mielleux, bien que plus capricieux en son milieu. Et, finalement, de plus en plus rugueux et exécrable au fur et à mesure qu’on espère en venir à bout.
Trient, vendredi 13 mars 2015, un jour presqu’ordinaire !