Seule journée à priori « potable » de ce long et forcément maussade week-end pascal, ce dernier samedi de mars nous a vu bravé l’état d’urgence imposé par notre France voisine pour aller voir si leur neige est plus blanche que la nôtre. Résultat, s’il y a une couleur qui domine désormais dans les Alpes, tous pays confondus, c’est la couleur du printemps. Abondance de soleil et forte douceur en altitude sont en train de transformer le confortable manteau neigeux à la vitesse grand V. Pas vraiment de quoi se plaindre, la neige ramollie étant l’une de mes préférées, mais néanmoins de quoi voir poindre la fin de saison de rando, sauf à se lever tôt et à prendre de la hauteur.
Le gros atout de l’itinéraire menant au Charmoz réside dans son balcon intermédiaire, sur le magnifique promontoir naturel de Loriaz. En plus d’offrir un panorama époustouflant sur le massif du Mont-Blanc, l’endroit recèle, parmi ses petits chalets de pierre, un sympathique refuge d’altitude proposant de nombreux mets traditionnels de la région : croziflette au reblochon, farcement aux pruneaux, quiche aux légumes, croûtes savoyardes au fromage de Vallorcine. Sa carte est aussi copieuse que peu calorique et sa terrasse idéale pour « affoner » quelques bières artisanales locales et se restaurer après avoir vaincu, sans péril mais non sans gloire, le petit sommet la dominant.
Jambes fatiguées, mais estomac calé et regard comblé, y a pire comme dernier jour « carémé ».
Parfum d'herbages desséchés et neige croutée. Y a pas photo, ou plutôt si : le printemps est dans la place.
La passerelle sur le Nant de Loriaz : à voir la position du garde-corps, soit ses constructeurs étaient des nains, soit il y a plus de neige que l'on pense.
La fine couche de neige fraîche saupoudrée la veille donne à notre trace verglacée ce petit supplément de grip qui nous permet d'y cheminer sans trop de soucis.
A la sortie de la forêt nous venons buter sur un petit groupe plus lent mais "so british". Vallée de Chamonix oblige.
D'un seul coup les premières aiguilles du panorama nous piquent les yeux.
Grâce au soleil bien présent, au-dessus de 2'000 mètres, la neige verglacée cède sa place à un revêtement plus onctueux.
Notre "traffic jam" du matin, n'a toujours pas sauté, mais avec dans une tel environnement, qu'importe le rythme imposé par les plus lents.
En face de nous, le petit domaine skiable de Montroc-le Tour nous apparaît soudain aussi "plat" qu'ébouriffé.
Voilà ce qu'on pourrait appeler passer l'épaule dans les grandes largeur.
Plus ça pique les yeux, plus ça rend heureux !
Emergence de bandanas à Loriaz.
L'attrait des british pour la boisson houblonnée nous permet d'inverser les positions pour la partie finale de l'ascension.
Partie finale de plus en plus "chaude" et écrasée de soleil.
Quand le noir commence à percer à travers le blanc, c'est que la saison tourne au printemps.
La remontée de l'arête finale.
Le sommet en point de mire, le dos tourné à notre patrie.
Le manque de place sommital nous impose de finir à pieds.
Dépôt de skis avec vue.
Seflie de mines réjouies et d'aiguilles célèbres.
Pas de casse-dalle sommital au menu, mais une rapide plongée vers une terrasse ensoleillée.
S'il faut un peu y gérer quelques rochers en mal de lumière, le versant du Charmoz nous offre d'emblée une superbe neige revenue.
L'attrait des derniers pans de neige encore vierge ne nous est refusé que par la proximité de corniches gigantesques.
Carve avec vue pas dégueu'.
Un court secteur de neige trafolée ne nous prive pas de plaisir mais nous impose de skier un peu plus concentré.
Versant sud visiblement très fréquenté et onctuosité retrouvée.
A la recherche de moelleux ...
... chacun y va de son inspiration.
Mais tous, rapidement, convergent...
... vers une terrasse bien fréquentée ...
... et bien ravitaillée.
Entre sourires et premières bouchées, les mines sont divisées, mais le bonheur partagé.
Estomacs calés et gosiers désaltérés, il ne reste vers la vallée plus qu'à plonger.
D'abord via une longue partie de glisse humidifié et "bicepsée".
Puis par un interminable toboggan localement verglacé.