Egalement appelée « Le Bonhomme » par certains, cette rando est la classique des classiques pour de nombreux adeptes de « peaux » de la région Martigny/Bas Valais. Située à proximité du col de la Forclaz, presque à cheval sur la frontière franco-suisse, elle est également très connue, et par conséquent, très courue, par bon nombres de pratiquants hauts savoyards, en particulier par ceux habitant la vallée de Chamonix. Voilà pour les présentations, passons maintenant aux chiffres. Départ du village de la Caffe, altitude 1’235 mètres, sommet à 2’700 mètres tout pile, question dénivelé ça commence « à causer », en tout cas, à me « causer ».
Les présentations faites et les chiffres posés, reste maintenant à voir la réalité du terrain. Et question réalité, l’itinéraire menant à la Pointe-Ronde n’est pas du genre à vous laisser rêvasser longtemps au sortir de votre voiture. Une bonne vingtaine de minute de portage par un chemin abrupt et localement verglacé ont tôt fait de vous remettre les yeux en face des trous et les pulsations dans le rouge. Ravis de trouver finalement quelques langues neigeuses permettant de chausser les skis, vous aurez vous aussi tendance à croire que le pire est derrière vous…. Ce n’est que lorsque vous affronterez, sans couteaux, la glace de la deuxième partie du chemin, puis celle en dévers de la traversée vers la Giète, que vous comprendrez votre erreur. Heureusement, les affres de cet itinéraire s’arrêtent là. A partir de la superbe clairière dans laquelle se blottit le petit alpage, le tracé de la randonnée change complètement de visage. La forêt s’éclaircit, le ciel s’ouvre, les pentes gagnent en largeur et la montée, d’exercice d’équilibriste se transforme petit à petit en magnifique course de « peaux ». Relief potelé, paysages somptueux et panoramas innombrables égayent une seconde partie d’ascension alternant raidillons et pentes plus douces pour vous emmenez distraitement vers les hauteurs terminales de la Pointe-Ronde.
PS. Même si comme pour nous, votre descente est particulièrement gratifiante, entre neige poudreuse, neige molle à peine décroûtée ou neige dure et lisse, facile à skier, pensez à conserver un peu d’énergie pour la partie finale. La plongée dans la Combe des Faces vous permettra certes d’écourter votre portage retour, mais sa forme en entonnoir, son encaissement de plus en plus prononcé et ses tronçons localement très boisés, ne contribueront pas forcément à favoriser votre arrivée en douceur sur les verts pâturages de La Caffe. Ou quand le remède se révèle parfois pire que le mal…
Je mets les ski.... j''enlève les ski.... je remets les skis.... je renlève les skis.... du pur Philippe Katerine dans le texte.
L'arrivée dans la clairière de la Giète : place enfin à de la peau... de la vraie.
Débarassés des contingences de sherpas ou d'équilibristes, nous gagnons rapidement de l'altitude dans la fraîcheur du versant ombragé des Luy.
Les derniers efforts avant d'émerger définitivement au soleil d'une belle journée de foehn.
Les crêtes de l'Aroley et leurs rondeurs pelées par les assauts répétés du vent.
Les douces variations de déclivités du petit vallon des Combes sont un vrai bohneur à remonter.
Le Clocher d'Arpette, le Six Carro et le Génépi : trilogie de neige et de roches pour une trace bien mise à mal par les sabots collés sous les peaux de mon devancier.
Parfaite illustration de l'adage « Se sentir tout petit face à la montagne »
L'attaque de l'arête finale : le resserrement des zigzags de la trace de montée nous fait immédiatement entrevoir le radical changement de pente qui nous attend.
L'itinéraire vient régulièrement frôler les corniches qui surblombent la vertigineuse Combe de la Veudale, nous permettant de vérifier de visu toute l'altitude gagnée depuis notre départ.
La Caffe est à peine à 2 kilomètre à vol d'oiseau... mais pratiquement 1500 mètres sous nos spatules.
Les difficultés des derniers mètres d'ascension sont rapidement occultées par « l’énorme » panorama sur la vallée du Rhône.
Changer de pull, boire une lampée, décoller et ranger les peaux, admirer le panorama : chronique d'un menu habituel de fin d'ascension.
Le glacier du Trient est baigné de soleil, alors que les Aiguilles Dorées et l'extrémité sud du plateau sont déjà encapuchonnés dans les nappes de brouillard débordant du sud : paradoxes d'une journée de foehn sur les Alpes Valaisannes.
Depuis que je crapahute à pieds, à vélo ou à ski, j'ai eu la chance de croiser de nombreux cairns, mais celui du sommet de la Pointe-Ronde offre un panorama vraiment somptueux, qui plus est, sur toute une région qui m'est particulièrement chère.
Coon, ou l'histoire d'un teckel nain à poils durs que sa maîtresse avait pris l'habitude d'emmener avec elle lors de ses randos estivales ..... et hivernales. S'il n'y avait pas la perspective de cet alléchant morceau de fromage, Coon, pas fatigué pour un sou par les cinq heures d'ascension, serait encore en train de courser les choucas gourmands attirés par notre picnic sommitale.
Petite inspection visuelle de l'impressionnante Combe de la Veudale en vue de définir notre itinéraire de descente.
Aucune trace, beaucoup de neige soufflée et une température gagnant rapidement des degrés, nous inciteront à opter pour une descente raisonnable sur notre itinéraire de montée.
En privilégiant les versants les mieux exposés aux rayons du soleil, nous découvrons le bonheur d'une neige printannière, juste décroutée en surface.
Le choix des versants à skier est visuellement facile à définir... y compris sur les photos.
De retour sur les pentes nord-ouest de l'Aroley, nous tombons sur une neige dure et parfaitement lisse, très différente mais encore facile à skier. Que demander de plus après tous les efforts consentis lors de la montée ?
Contrejour pour une interminable et amusante session de slalom entre arolls et mélèzes.
L'alpage de la Giète et la perspective du retour via le chemin verglacé menant au Col de la Forclaz, nous incite à resserer nos virages pour en maximiser les sensations.