Evoquer le lac de Garde, c’est forcément parler de sa vaste étendue turquoise entourée d’à-pics rocheux vertigineux, de son vent toujours vaillant qui fait le bonheur des adeptes de voiles, mais c’est aussi, du point de vue « bike », parler de sa roche omniprésente et parfois difficile à appréhender et de ses hordes d’allemands sur leurs drôles de montures. Pourtant, au-delà de ces clichés, Riva del Garda et sa région, restent après Whistler, l’endroit dans lequel le « bike » a été le mieux intégré. Les voies ou bandes cyclables vont partout, les trottoirs sont partagés avec les piétons et les chaussées avec les automobilistes, dans un étonnant respect mutuel, les anciennes routes militaires ont été reconverties en pistes « blanches », les chemins de montagne, naturels ou aménagés, ont été balisés avec soin et la densité de bike shops, avec ous sans « shuttle », est incroyablement importante. Désormais devenu LE « bike spot » européen, le lac de Garde souffre forcément d’une sur fréquentation qui n’est pourtant ni agressive, ni stressante, tant l’état d’esprit des adeptes de deux roues, électriques ou non, est ouverte et « fair ».
Et, aller jusqu’à Riva del Garda sans se confronter à son monument peut-être le plus connu et le plus rugeux, le col de Tremalzo, c’est un peu comme aller au Vatican sans visiter la basilique Saint-Pierre. En fidèles convaincus, nous avons donc opté pour l’interminable plongée du sommet de ce col mythique vers les eaux bleutées du Lago, d’abord par la plus folle piste militaire qu’il m’ait été donnée de voir, puis via les « sentieri » des Passo Gatom, Passo Prà della Rosa, Passo Nota, Passo Bestana, Passo Guil et Passo Rochetta pour finir devant une salade « panorama » sur l’unique terrasse de Pregasina.
Le classique des classiques, à faire obligatoirement si vous faites un jour le pèlerinage de Riva.
Le tunnel sous l'éperon rocheux de Forte Garda, version bike & piétons : un balcon privé accroché au-dessus du lac.
La courte mais rude montée du Tremlazo vers Bocca di Val Marza.
Plus que sa déclivité, c'est son revêtement qu'il faut savoir apprivoiser.
Ca crisse, ça bouge, ça s'enfonce, mais petit à petit, ça avance.
Et les nombreux passages de bike n'y changent rien, ce revêtement n'a, et n'aura, jamais aucune cohésion.
L'entrée dans le Parco dell'Alto Garda Bresciano se fait via une galerie percée sous le Corno de la Marogna, nous épargant quelques mètres de D+ supplémentaires.
L'ancienne route militaire du Tremlazo, un vertigineux ruban de gravier instable accroché aux flancs de pics rocheux puis d'arêtes boisées.
Un travail de titans dans un décor de rêve.
Et une attention de tous les instants pour ne pas se retrouver le nez dans le gravier au premier virage mal géré.
Si l'exercice n'est pas forcément aussi technique qu'espéré, le sentiment d'évoluer dans un décor chargé d'histoire le rehausse à chaque lacet.
A mesure que nous perdons de l'altitude, la chaleur convective des rochers et du gravier se fait plus intense.
Heureusement que notre vitesse relative nous ventile agréablement.
Quelques "Bocca", beaucoup de "Passo" et enfin, la mer. Ou plutôt le "Lago", 1200 mètre sous nos roues à crampons.
S'enchainent alors une longue partie de montagnes russes pour venir à bout de l'inextricable succession d'arêtes et de combes.
A chaque point haut, son point de vue (sur le Lago).
Et à chaque plongée, l'espoir qu'elle nous mènera (sans efforts) jusqu'à Riva del Garda.
Cima di Mughera et son fantastique panorama ...
... méritait bien un petit aller-retour sur sa crête, séparant la Lombardie du Trentin/Haut-Adige.
L'un des délices des chemins du sud de l'Europe, quelque soient tes intentions, tu finis toujours dans le fond du même sillon.
Si la canicule ne faiblit pas, le vent du lac commence à avoir un effet bénéfique sur notre façon de la ressentir.
Les passages racineux en sous-bois alternent avec les clairières écrasées de soleil ...
... mettant à mal l'écran protecteur (et parfois adaptatif) de nos lunettes.
Vu les traces de freinage intempestifs, ça sent l'épingle imminente.
La plongée de Malga Palaer : une fausse bonne idée vu l'humidité résiduelle de son revêtement en sous-bois.
Glisse des deux roues et concentration extrême ne nous éviteront pas quelques poussées d'adrénaline pas forcément souhaitées.
La chiesetta San Giorgio di Pregasina, point final du ruban caillasso-terreux le plus couru de Riva del Garda.
Insalata à peine dans l'estomac, il reste l'alternance des balcons et galeries de l'ancienne route militaire ...
... pour nous ramener tout en douceur à notre point de départ, Riva del Garda.