Imaginez un long chemin cavalcadant d’abord paresseusement de crêtes herbeuses en épaulements rocheux, puis s’accrochant aux flancs abrupts d’une série de « Horn » allant du Hübsh au Rot, en passant par le Chessel et le Chelli, et finissant par s’avancer au-dessus des vertigineuses falaises d’une gorge dans laquelle coule l’unique eau valaisanne qui ne finit pas dans le Rhône.
Vous en avez rêvé ?
Nous aussi !
Mais nous, nous avons choisi du rêve à la réalité. De la carte au terrain.
Le Chastelberg Wanderweg est un chemin alpin, très alpin. De l’hospice à son col éponyme, la réalité à complètement retourné notre rêve. Le divin chemin n’aura finalement été que tourments, sueur et, pardon mon Dieu, jurons. Très compliqué à rouler, constellé de rochers infranchissables et de pierriers géants, l’étroite sente s’est révélée, de surcroit, souvent déversante, voire carrément fuyante. Sans notre fortuite et appréciable rencontre avec le Simplon Panorama Weg, aucun tronçon n’aurait mérité de voir nos roues cramponnées. On le sait, partir en reconnaissance implique forcément de parfois « mal tomber ». Cela fait partie du « deal ». Et, à force de courir tout ce que le Vieux-Pays compte de chemins pédestres, on a fini par l’accepter.
Mais, peut-être parce que nous avions choisi l’hospice du Simplon, lieu de recueillement et de prière, pour hébergement, Dieu ne nous a finalement pas complètement lâché pour ce dernier vendredi de septembre. Une fois le Chastelberpass enfin atteint, nous avons trouvé, en revenant légèrement sur nos pas, un sentier de « folaïe », sinuant d’abord en longues traversées moelleuses, puis plongeant en lacets lascifs vers les ancestrales bâtisses de granit blotties au creux de la vallée formant le pittoresque et rugueux village de Simplon-Dorf.