Comme il est maintenant acquis que plus jamais je ne m’infligerai la terrible ascension vers Jeur Brûlée en « musculaire », pour aller découvrir un nouveau ruban de terre (encore) inconnu, en l’occurrence celui qui « toboggane » sur Mayen Loton, il n’y avait pas 36 solutions. Ou s’infliger un aller-retour qui fait mal aux pieds, ou s’appuyer sur les vertus de Sieur Levo, le meilleur ami des jambes fatiguées et des montées trop soutenues.
Option deux retenue, votre Honneur !
Et plutôt trois fois qu’une. En effet, pour ce premier vendredi de juin (on dirait une annonce œucuménique), aller, ou retourner, à Jeur Brûlée en « assisté » a rapidement trouvé un joli consensus au sein de notre petit groupe « élargi ». Bon choix, le chemin de Mayen Loton est une pure « tuerie », sorte de piste de bobsleigh bien pentue, plus adhérente qu’il n’y parait et dotée de bords relevés permettant de l’aborder avec une dose de confiance réhaussée.
Un grand moment de bike, sur un chemin qui gagne à être connu, à défaut d’être « sommitalement » facile d’accès.
Pourquoi ne pas rajouter un peu d'air encore à peu près frais du petit matin dans le tubeless arrière, l'ami Antoine ?
Petit détour par la châtaigneraie pour rallonger l'itinéraire ? Non, juste pour ne pas avoir à démarrer "drè dans le pentu".
Après l'aller par la plaine, le retour par le vignoble, la vue en prime.
Papotages de "rescapés" sur fond de neige pas éternelles, mais bien accrochées, cette année.
Et c'est parti pour les 30 lacets les plus abrupts du Valais, hors chemins, s'entend.
En "assistés" ça le fait !
Avec l'aide du Levo, les pourcents ne sont que des chiffres et les puls' que de simples battements.
L'ami Jack absent, reste son chat de garde pour nous accueillir dans son nid perché.
L'air est de moins en moins frais, mais surtout de moins en moins figé, tempête de foehn oblige. Pas une raison pour rendre jaloux le tubeless avant de l'ami Antoine.
L'entrée en matière du Mayen Loton est tout en herbage et en semi horizontalité.
C'est une fois engagés que son véritable caractère se révèle.
C'est un véritable toboggan !
Bien pentu, toujours sinuant, il est heureusement plus adhérent qu'on ne pourrait le penser.
Ce n'est que lorsqu'on choisit de mettre pieds à terre que l'on prendvéritablement conscience de sa raideur avérée.
Une fois enquillé, on ne choisit plus forcément où s'y arrêter.
Il faut enchaîner. Un lacet à droite, un lacet à gauche...
... et dès qu'une (semi) rectiligne se présente, c'est qu'elle est généralement pavée de mauvaises intentions.
Pas moyen de lâcher les freins, encore moins d'avancer le bassin. C'est full DH de haut en bas.
Après 600 mètres de D- avalés en semi-apnée, une première trouée apparait dans la forêt de la Table des Allemands.
C'est Mayen Loton, perchée, qui propose à nos roues poussiéreuses et à nos disque surchauffés, un premier répit.
Pourquoi transiter par la piste alors que, 50 mètres en-dessous, court un divin chemin qui mène au même endroit...
.... le dévaloir de Branson.
Après le toboggan enivrant, voilà le marteau-piqueur joueur.
A chacun ses goûts, même si aux trépidations des pavés, je préfère largement la pente abrupte et les lacets empilés.
Rendez-vous professionnel oblige, l'ami Antoine décide de faire l'impasse sur le crochet "Follatères".
Dommage, notre programme y change radicalement et s'entame par une sympathique séance de montagnes russes...
... au milieu de milliers de corolles d'une prairie dont fleurie n'est que l'esquisse du prénom.
Si en musculaire, la traversée des Follatères demande quelques watts en réserve, en assisté, ce n'est que du bonheur...
... avec, cachée au détour d'un nième virage, une ou deux bascules rocheuses qui forcent à rester concentrés.
Graminées à l'horizontale et éolienne charrataine en mode turbo : la tempête de foehn redouble...
... rajoutant à un tronçon normalement sans histoire, une petite atmosphère d'apocalypse.
Enfin, si la fin du monde, dont on nous rabat les oreilles, ressemble à ça, je signe tout de suite.
Plus qu'un tapis, c'est maintenant une mer de fleurs dans laquelle il fait bon tracer son sillon (à défaut de voir celui du chemin.)
Et au sortir d'un virage à aveugle, encore une jolie dalle inclinée à gérer.
Fin de plongée en mode viticole de plus en plus ventilé.