Le large versant qui court de Loèche à Jeizinen regorge de chemins pédestres et d’itinéraires VTT. Grâce aux anciens, d’abord, qui ont tracés les premiers pour leurs besoins, mais aussi, grâce à la volonté des communes de la région, qui, depuis plusieurs années, oeuvrent de concert pour développer et les adapter les seconds. Alors, fort logiquement, nous allons souvent y rouler. Et, à force de fréquenter ce bel adret, de le parcourir en tous sens, de relier entre eux les différents villages et mayens qui y sont disséminés, de mettre bout à bout les tronçons, de s’inspirer des idées ou des expériences d’autres « bikers », et enfin d’étudier attentivement la carte, nous avons fini par établir l’itinéraire parfait, qui, à nos yeux, est le « Must Be Riding » de la région.
Un itinéraire que consiste principalement, à remonter à contresens, l’itinéraire descendant, destiné aux « bikers » paresseux qui préfèrent les remontées mécaniques de la Rinderhuette à la pédale, et les pistes accessibles aux « noires » revêches. Ensuite, pour la descente, nous avons choisi de directement enquiller la moins sinueuse des deux DH de Torrenthorn, avant de transiter vers Tschärlimonla et Oberu, puis, finalement, de plonger sur Erschmatt, Bratsch et Niedergampel via leurs ancestraux et réputés sentiers. Alors, certes, il est préférable, pour le rouler dans son intégralité, de disposer d’un E-bike, l’itinéraire comptant quand même plus de 1700 mètres de dénivelé positif, quasi intégralement en chemins, mais, accessoirement aussi, d’apprécier les voies et les idées allant résolumment à contre-courant.
Mais, qu’est-ce c’est bon, parfois, de faire exactement l’inverse de ce que tout le monde choisit de faire.
Quand Underi (Fäsilalpu) est derrière, le goudron n'est plus qu'un (mauvais) souvenir. Le reste de la journée, et de l'itinéraire, se déroule intégralement en chemins.
A commencer par l'avenant Fäsilalpu-Niwenalp et son incontournable fontaine magique.
Dites-le avec des fleurs ! Notre leitmotiv de cette formidable journée ensoleillée, au sortir d'un printemps enfin tiède après avoir été (très) arrosé.
La première véritable descente de l'itinéraire est à la fois courte et engagée. Parfait pour vérifier l'alignement des yeux avec leurs trous.
La remontée du profond vallon de Bachalp, via le chemin de la rive droite du tumultueux Feschilju : jamais aussi verte qu'après ce printemps « moussonique ».
L'attaque du fameux raidard Bachap-Oberu : si sa déclivité reste toujours affirmée, son revêtement devient chaque année plus caillouteux.
Pas vraiment de quoi nous décourager, mais assez pour nous motiver à lancer un défi à chacun de ses tronçons...
... et d'avoir la satisfaction de venir à bout d'un nombre non négligeable.
Pour les autres, il faut toujours essayer, sur un malentendu, ça peut éventuellement passer.
Quand Oberu est en vue, il est temps de (re)sortir les fleurs, le plus dur est fait.
Dire que l'alpage de Teugmatte fait tout pour vous inviter à emprunter son « énorme » chemin est un euphémisme.
« Enorme » d'abord par les panoramas qu'il propose...
... mais aussi par l'onctuosité d'un tracé parfaitement adapté à la douce topographie des lieux.
Encore une bonne occasion de lancer quelques fleurs à cette formidable journée et à sa succession de chemins très inspirée.
Une fois les fragiles falaises d'Obere Guggerhubel contournées, nous accédons à la dernière partie de l'ascension (même si c'est la Fête Dieu).
Une ascension, certes raide, mais très inspirante, d'abord grâce à son chemin lisse comme la peau d'un bébé, mais surtout grâce à un environnement absolument grandiose.
Après un printemps aussi pluvieux, au-dessus de 2000 mètres, chaque détour ombrageux peut encore réserver des surprises neigeuses et humides.
Mais, même si le blanc se fait plus présent, le vert reste largement majoritaire.
Un peu l'inverse du ciel, où le blanc (et le gris) gagne, un peu plus, chaque heure, sur le bleu du matin.
Un peu d'horizontalité fleurie, sous l'oeil bienveillant d'un Horlini tacheté comme une vache pas d'ici.
Et, à propos de vaches, si elles n'ont, pour l'instant, pas encore regagné l'alpage, les portiques de leurs enclos sont souvent déjà installés.
La profonde combe Ouest du Schafberg, identifiée comme le point « chaud » de notre itinéraire, confirme nos soupçons à chacune des ses étroites mais humides combes.
Même si son chemin reste plus « bikable » qu'espéré, à condition d'aimer patauger dans la boue.
La Rinderhuette, ça c'est fait !
Place désormais, à l'attraction de Dame gravité !
Une gravité, ici, bien organisée et fort sympathique à dévaler.
Ca mérite bien un gros bouquet des fameux myosotis de Torrentalp.
La remontée de la forêt brûlée : raide c'est juste le prénom d'une de ses lointaines cousines.
Se (re)hisser jusqu'à Guggerhubel pour, une fois encore, juste pour en apprécier l'incroyable vue sur Finges ?
Oui, mais pas seulement. Le chemin qui sinue entre ses souches desséchées fait aussi partie des bonnes raisons pour se (re)mettre dans le rouge...
... tout en évitant de rouler sur le bleu.
Quand Oberu est de nouveau en vue, plus rien ne s'oppose à la force d'attraction gravitationnelle de notre terre nourricière.
Le tortillard de Sämsu, je l'ai déjà vu prisonnier du blanc, cerné d'ocre, mais paré de vert comme ça, jamais.
Feiert Gott in Eschmatt ! Le rouge et le blanc sont de sortie, et pas seulement en matière de drapeaux.
Le dévaloir de Schnittä lissé et retravaillé ? Les bonnes idées des communes locales, en matière de VTT, sont décidément encore meilleures que je ne le pensais.
Plus que son tracé, c'est son revêtement qui fait le chemin. Du coup, celui de Schnittä s'en trouve désormais transfiguré.
2023 une année à coquelicots ! Ce n'est pas moi qui le dit, mais un article du Magazine Migros qui rajoute que ce signe de biodiversité par excellence aime les printemps arrosés.
Belle vallée ou beau Valais ? C'est un simple « kif-kif » verbal.
Et le synonyme de beau chemin ? Ici, c'est verbalement moins proche. Probablement « schöner Wanderweg » ?
Choisir où l'on va, c'est déjà savoir d'ù l'on vient.
Au royaume de la minéralité exacerbée, la ligne inspirée et le pilotage relâché sont rois.
Les derniers lacets et les derniers pavés d'une journée particulièrement inspirée.