Même si ce mois de mai sera, une fois encore, immanquablement annoncé comme l’un des plus chauds depuis le début des mesures, il n’empêche qu’on se caille et qu’on se mouille chaque jour qu’il fait. Mai n’est certes pas encore bouclé, mais je ne me souviens pas d’une seule de ses journées qui m’ait « écrasé » de sa chaleur. En revanche, ses petits matins gris, pisseux et froids, je n’ai pas assez de doigts, mains et pieds associés, pour les compter.
Et ce n’est clairement pas ce beau samedi ensoleillé, mais copieusement ventilé par une bise glaciale, qui va démentir notre ressenti.
Faute de grives on mange des merles, et faute de températures printanières on roule quand même.
Après quelques appels pour nous assurer que l’état des chemins de la région de Jeizinen n’était pas aussi « rouge » qu’indiqué sur SwissMap, nous avons décidé d’aller valider les infos directement sur place.
Niwenalp et sa fontaine « magique » sont connus pour bon nombre de bikers. Mais cet alpage panoramique et désaltérant n’est généralement qu’un point de passage sur la transition entre Bachalp et Fäsilalpu. Il n’est, pour ainsi dire, jamais défini comme point culminant d’un itinéraire qui démarrerait de la plaine du Rhône, probablement en raison des 1567 mètres de D+ à avaler avant d’accéder au premier « wanderweg » de la journée.
Mais comme c’était finalement notre menu du jour, voilà le compte-rendu sur l’état des chemins empruntés :
– Niwenalp-Fäsilapu : à l’exception d’un bouquet d’arbres renversés, mais contournables, à l’amont de l’alpage de Fäsilalpu, ça passe partout.
– Fäsilalpu-Brentschen : quelques arbres en cours de dégagement et quelques autres facilement franchissables.
– Brentschen-Engersch : aucun souci en dehors de ses habituelles difficultés techniques.
– Engersch-Erschmatt : intégralement dégagé.
– Erschmatt-Bratsch : beaucoup de gravier fuyant sur les lignes, mais plus aucun arbre en travers du chemin.
– Bratsch- Niedergampel : de la poussière et des ardoises effilées, mais aucun arbre renversé.
1400 mètres de dénivelé avalés et un labyrinthe à mouton à gérer pour accéder au premier sentier de la journée. C'est cher payé ? Pas forcément, quand on aime pédaler.
Le premier chemin, mais aussi le premier pré de la journée. Un pré très vert, temps de mai.de oblige.
On aborde la traversée de Niwenalp vers Fäsilalpu un peu comme sur des oeufs. L'incertitude sur l'état du tronçon est totale.
Et de fait, les premiers dégâts de la folle journée du 17 avril sont rapidement visibles.
Visibles, mais jamais véritablement en travers du chemin.
Du coup, on débouche sur le pâturage de Fäisalpu, le coeur plus léger et l'esprit apaisé.
Sauf, qu'en fait, les dégâts occasionnés par les incroyables chutes de neige, sont concentrés là, sur le chemin qui contourne l'alpage par le haut. D'où notre plongée par l'ancien itinéraire pour les contourner.
Vues les températures, une petite « pause-café » au restaruant Trächu Hittu s'impose.
Même pour son jour de ré-ouverture, les habitués sont fidèles au rendez-vous.
Si le tronçon Fäsilalpu-Brentschen démarre dans le cadre habituel avec le contournement des dégâts de l'année précédente...
... il se poursuite rapidement sous les meilleurs auspices.
Sa partie supérieure ne présente aucun dégât affectant directement son tracé.
Du coup, chacun y reprend ses marques...
... à son rythme ...
... et selon ses compétences.
Si le chemin est un peu « dans son jus », à la sortie d'un hiver doux mais d'un printemps mouvementé, il n'en demeure pas moins toujours aussi amusant à rouler.
A l'approche du bisse d'Engersch, des bruits de tronçonneuse nous incite à calmer le jeu.
Malgré le travail acharné de ce bûcheron du samedi, les premiers obstacles arboricoles nous imposent de mettre pied à terre.
Pour autant, la suite du secteur reste parfaitement gérable. Quelques courbettes pour passer sous certains « basculés », quelques « saute-moutons » pour en enjamber d'autres...
... et on finit par s'extraire du tronçon le plus « meurtri » de notre journée.
Ensuite, la large et roulante plongée sur Brentschen ne vient en rien démentir notre sentiment de bonne fortune.
Du coup, l'ondulant chemin de retour vers Engersch est abordé dans la sérénité.
Ce monotrace ondulant et joueur délivre toujours autant de bonheur aux bikers motivés et volontaires.
Souvent conciliant mais jamais complètement roulant, il demande, localement, d'avoir le coeur bien accroché pour le dominer sans buter.
Plus panoramique que vertigineux et plus joueur que plongeur, il déroule son ruban de terre ocre, accroché au plus « bikable » des adrets du Vieux-Pays.
Un peu le même profil que le « Erschmatt Express », la vitesse et la largeur en moins.
Pour rouler vite il faut bien savoir choisir ses appuis. Ici, c'est facile, il sont souvent ardoisés.
Une fois n'est pas coutume, plutôt que traverser les quartiers « compliqués » d'Erschmatt, nous optons pour sa rocade orientale.
Du coup, nous arrivons dans le rugueux Niedergampelweg, avec un peu de retard sur l'horaire, mais avec une découverte supplémentaire à inscrire dans notre carnet de chemins.
Un Niedergampelweg fidèle à lui-même. Sinueux, graveleux mais toujours partant pour jouer un peu.
Taillé dans la roche, il fait corps avec l'élément minéral.
« Rock Slab » du pauvre n'empêche ni le plaisir, ni la qualité de la photo.
La plongée finale sur Niedergampel, habituellement étouffante de chaleur, n'est aujourd'hui qu'agréablement ventilée et agrémentée par la musique de la 81. Bezirksmusikfest des Bezirkes Leuk.
Accessoirement, elle propose un environnement d'une rare verdeur, sur un versant aussi ensoleillé et rocheux.
Le combo parfait pour terminer une journée particulièrement inspirée.