Revoir le Nanztal reste chaque année un moment particulier. Revenir dans cette rare vallée valaisanne inaccessible autrement que par des sentiers pédestres c’est se confronter à une nature préservée, austère et sauvage. Cela confère à cette rencontre des sentiments inhabituels. Sentiment de privilège, bien sûr, de pouvoir évoluer dans un endroit aussi préservé, mais sentiment d’isolement et de vulnérabilité, aussi, face à cette nature rugueuse et loin de tout.
Mais revoir le Nanztal, cette année, c’était aussi l’occasion de rajouter aux habituels 35 kilomètres de sentiers pédestres qui permettent d’accéder, puis de traverser cet improbable vallon perché, la découverte du « Phoenix aus der Asche », le nouveau chemin tracé spécialement pour les VTT, à travers la vertigineuse forêt brûlée surplombant Eyholz et Viège.
Résultat des courses : bonne pioche, mais évitez d’y emmener votre belle-mère, sauf si vous avez prévu de définitivement vous en débarrasser…
Quand le premier des 35 kilomètres de chemins commence comme ça, la journée débute forcément sous les meilleurs auspices.
Pendant que certains mettent à profit la fraîcheur du Hopschusee, nous entamons la montée vers les Nanzlicke un air tiède et bien ventilé.
Des pavés, de la caillasse mobile, un peu de terre meuble, et puis, le premier des nombreux challenges de la journée sous le regard encore embué du Fletschhorn.
2024, l'été de toutes les fleurs. Chaque sortie enfonce le clou, même si notre (très) pluvieux début d'année semble désormais bien loin.
Hübschhorn, Breithorn, Monte Leone, la trilogie orientale du col du Simplon a bien peu de choses à envier à ses voisins du Sud-Ouest. Peut-être juste la non appartenance à l'élitaire club des 4000.
La fameuse moraine de Weng : un cocktail de caillasse, de lacets et de déclivité avérée qui essaie à chaque mètre de vous forcer à faire pied.
Faire pied est une composante qui ne fait clairement pas partie d'art de faire du VTT de l'ami JP.
Au carrefour des Nanzlicke, une fois n'est pas coutume, nous optons pour « Inneri », le petit frère d'« Üsseri ».
S'il nous permet de soustraire 20 mètres de dénivelé à escalader, son chemin chevauchant les crêtes pommelées offre surtout des panoramas inouïs ...
... avant de réserver un final pas piqué des « verts ».
C'est un peu comme s'il avait réserver tous ses mètres de dénivelé pour son dernier tronçon.
Et ses lacets les plus retors pour son ultime versant.
Incroyable ! Même sur la lune, il y a des edelweiss et des joubarbes qui parviennent à fleurir.
Si les Nanzlicke sont avant tout une famille de cols permettant d'accéder au Nanztal, ce sont aussi un chapelet d'alpages perchés et isolés.
La fameuse arche de pierres d'Inneri. Honneur à l'ami JP qui ne l'avait encore jamais franchie.
Même si je rentre dans le Nanztal pour la cinquantième fois peut-être, l'effet reste toujours le même : « Whaaaaaaaaaaaaaaou ».
Troisième et dernier des Nanzlicke croisé, le petit dernier « sans prénom » et son Straffolsee.
Désormais tout se passe à flancs du Nanztal. A flancs, mais parfois aussi, à pieds.
S'enfoncer dans cette vallée isolée, c'est un peu comme remonter le temps et imaginer à quoi pouvait ressembler notre beau Valais, dans un passé pas si éloigné.
Dans la rugueuse plongée de Zigera, il y a, chaque année, l'incontournable (et c'est le cas de le dire) challenge du rocher.
Autre challenge de cette édition, le parc à moutons électrifié, collé (serré) au chemin.
Déjà que c'est le tronçon le plus « velu » de notre itinéraire, ce challenge supplémentaire à l'art d'y rajouter une grosse dose de difficultés, mais surtout, de contrariétés.
La remontée finale vers Obers Fulmoos : un exercice plein d'adversité à vaincre à la force des pieds et de la volonté.
Pour autant, dès qu'un infime espoir montre le bout de son nez, c'est immédiatement un retour en selle généralisé.
Quand le premier affluent de la Gamsa est franchi, normalement il n'y a plus que de la descente au menu.
De la descente d'abord cassante et perchée.
Puis de la descente aérienne et exposée.
Mais aussi, année 2024 oblige, de la descente contrariée et neigeuse.
Rive droite, rive gauche, même combat. Les parcs électrifiés « anti-loups » empiètent sur le confort d'un chemin qui avait déjà oublié de faire « large » en première langue.
Dit en d'autres termes et dans une autre langue « What An Amazing Summer Ride With A View »
Ca mérite bien quelques fleurs !
Entrer dans le Nanztal c'est toujours un grand moment. En ressorti via son « Heido », c'est carrément énoooooooooooorme !
Heidi, Heido, Heida ! Cherchez l'erreur. Indice, y a une petite Grisonne qui n'a rien à faire là.
Si le Gebidum c'est d'abord un sommet et un col, c'est aussi un lac, dont les eaux fraîches sont souvent appréciées quand la canicule est (enfin) au rendez-vous.
Voir d'où l'on vient et savoir où l'on va !
En l'occurrence, du fin fond du Nanztal, pour retrouver le « Rundweg » de Gebidum.
Que ceux qui trouvent que je ne fréquente pas suffisamment les lieux de culte prennent cette photo à témoin.
Le voilà enfin, ce petit nouveau de l'itinéaire, tout juste rené de ces cendres.
C'est clairement un vrai chemin à VTT.
Mais parfois très perché et, par conséquent, très exposé.