La « pass » de 3 ou les 3 « pass » ?
Qu’importe le jeu-de-mots «à la con » , pourvu qu’on ait l’ivresse.
Et saoûlés, nous l’avons été comme rarement, durant ce radieux vendredi du mois de juillet.
Et plutôt cinq fois qu’une :
Saoûlés de ciel bleu, de soleil et de chaleur.
Saoûlés de dénivelé et de kilomètres.
Saoûlés de sentiers, de terre et de caillasse.
Saoûlés de montagnes, de cols et de paysages tous plus remarquables les uns que les autres.
Saoûlés de bonne fatigue, qui fait briller les yeux et sourire béatement la bouche.
L’itinéraire Visperterminen-Hospice du Simplon, via le Gibidum puis le Bistinepass, le long du Heido, phénoménal bisse d’altitude suspendu aux apics du Nanztal, à plus de 2’200 mètres, reste une rando VTT d’exception. Certes lointain et parfois compliqué à concrétiser pour nous autres « Welsch », cet hymne au VTT de montagne est absolument incontournable si vous êtes un adepte de vrai « MountainBike », au sens littéral de ce néologisme anglo-saxon.
La fraîcheur matinale n'est déjà plus qu'un lointain souvenir lorsque nous atteignons le hameau de Hobiel, au-dessus de Visperterminen.
Notre longue ascension est malheureusement encore et toujours "bitumineuse", mais les panoramas alpins grandioses qui se dévoilent à chaque virage rivalisent pour nous le faire oublier.
Les premiers revêtements terreux que rencontrent nos roues sont celles des pistes de ski de Visperterminen : plus faciles à dévaler l'hiver qu'à escalader à VTT à la belle saison.
Qu'un seul chemin croise notre piste, et nous quittons sans regrets ces boulevards hivernaux aménagés à coups de bulldozers.
L'exercice reste toujours aussi physique, mais forcément aussi, plus technique et ludique.
Brève boucle de récompense autour du Gibidumsee sur fond de Bietschhorn, panorama nord omniprésent.
Vu des hauteurs du Gibidumpass, son pendant sud n'est pas moins grandiose.
Trois fruits secs plus tard, il est déjà temps de penser à retrouver le Heido.
L'accès au point bas de cet incroyable bisse d'altitude est défendu par un raidillon qui demande un bonne dose d'abnégation et de technique. Tout de même pas au point de nous inciter à mettre pied à terre.
Rentrer dans le Nanztal par le Heido est le premier grand moment d'une rando qui n'en sera jamais avare.
Böshorn, Senggschuppa, Fletschhorn : un dégradé d'altitude qui reste en permanence en point de mire lorsqu'on suit le Heido vers le Sud.
A l'opposé, les contreforts du Loetschental semblent monter la garde pour éviter que notre regard se perde vers le nord.
Pour apprécier la beauté sauvage du Nanztal, vallon sans accès routier vers la plaine du Rhône, il vaut mieux s'arrêter et poser le pied, tant le Heido devient rapidement aérien.
Si même JP opte pour un passage à pied, c'est que la largeur disponible doit être inférieure à celle du cintre de son Blur.
Quand le Heido est canalisé, son itinéraire redevient un simple chemin. Simple, mais toujours aussi phénoménal à rouler.
Un glougloutement cristallin, une journée estivale et radieuse et un sentier étroit et sinueux bordé de pâturages fleuris : le bonheur du vendredi est définitivement dans le pré.
Le seul secteur d'ombre d'une journée écrasée de soleil et de chaleur ? Vus les coups de soleils recueillis par nos jambes et nos bras, ce n'est probablement pas loin de la vérité.
Quelques portages, parfois neigeux, nous hissent rapidement vers le superbe promontoir naturel d'Obers Fulmoos.
Photo-satellite des petites bâtisses d'Unners Fulmoos et de leurs verdoyantes pâtures constellées de tâches beiges et bêlantes : les "Schwarze Nase".
Plus agiles que leurs cousins ovins, les célèbres chèvres à col noir haut-valaisannes colonisent chaque pythons herbeux de ces hauts pâturages suspendus.
Farouches, indépendantes, ces caprins n'en sont pas moins terriblement curieux. Deux bikers suants sont pour elles une attraction singulière, qui ne saurait se rater, même au prix de quelques folles acrobaties.
Zigera ou nos premiers tours de roues sur le versant oriental du Nanztal.
Son single est plus caillouteux et exigeant que celui qui suit le Heido, mais reste très roulable vu l'altitude.
Nous laissons cette fois l'alpage d'Unners Fulmoos sur notre gauche pour revenir vers le Bistinepass, qui fait face au Gibidum, mais sur le versant opposé du Nanztal.
Après une longue alternance de portages et de roulages techniques, nous finissons par atteindre le petit cairn qui marque l'entrée dans la vallée du Simplon.
Le tracé du single Bistinepass-Simplonpass est une pure merveille de volutes langoureuses et appétissantes.
Son revêtement, par contre, est beaucoup plus âpre. Tout en roches et caillasse mouvante, il exige en permanence du doigté et de la concentration.
Difficile de perdre le fil d'une descente jalonnée de cairns.
Autres temps, autres joies ! C'est quand même plus sympa d'atteindre le col du Simplon à VTT via les sentiers pédestres, qu'avec un "Pinz" de l'armée suisse via son autouroute fédérale et bétonnée.
Toujours vêtu de vert et casqué, mais désormais ni militarisé, ni armé.
Le jeu de la marelle version VTT et marécage.
Deux cocas avalés sur le pouce avant d'attaquer notre plongée vers Brigue sur le célébrissime Stockalperweg. Célèbre, mais souvent beaucoup plus cassant et exigeant que pourrait le laisser penser cette photo prise sur son tronçon supérieur.
D'innombrables petites passerelles de bois n'en finissent pas de nous faire franchir et refranchir la Saltina ou l'un de ses nombreux affluents.
Etonnante rencontre chevaline dans l'un des nombreux parcs à bestiaux qui barrent le vallon que suit le Stockalperweg.
22 passerelles plus tard, le hameau de Grund et sa terrible remontée vers Schallberg est en vue.