L’itinéraire qui mène de Montana à Loèches-les-Bains, via la cascade de la Tièche, les alpages du Plan, de Nuschelet, de Plammis et de Chaeler peut être considéré comme une classique des randos VTT à travers le Vieux-Pays. Tout biker digne de ce nom se devrait d’y poser ses crampons une fois au moins durant la saison, tant les kilomètres de pistes et de sentiers qui permettent de transiter de la partie francophone du Valais vers sa partie alémanique sont particulièrement ludiques et gratifiants. Les sites traversés demeurent particulièrement préservés et les panoramas sur la vallée du Rhône, le Haut-Plateau de Crans ou la vertigineuse vallée de Loèches sont souvent grandioses.
Mais…. (forcément il y a un mais) Varneralp est une rando estivale et mai (ça fait beaucoup de mai(s) dans une seule phrase) est un mois printanier. Résultat, malgré son orientation solaire favorable, son point culminant raisonnablement élevé et un début de printemps pouvant être qualifié chaud, cette rando VTT s’est révélée beaucoup plus « neigeuse » que prévue.
A partir de 2000 mètres d’altitude, une succession de névés est venu agrémenter notre rando de nombreux épisodes humides, froid et plus ou moins engagés. Pas de quoi nous inciter à modifier nos plans, mais largement de quoi convertir nos godasses VTT en glaciales pataugeoirs à orteils et transformer certains passages en véritables franchissements hivernaux avec taillage de marches dans la pente, ou pire, enfoncements alternatifs jusqu’à mi-cuisse dans la neige molle… Finalement, on se demande ce qu’attend Shimano pour mettre sur le marché des câles automatiques pour raquettes ou crampons et Barryvox des ARVA (Appareils de Recherche de Victimes en Avalanche) adaptés au VTT.
Première surprise ! L'ancienne locataire hivernale n'a pas encore complètement libérée les lieux, loin s'en faut. On va donc devoir cohabiter...
Une fois entrés dans l'amphithéâtre naturel, nous abandonnons rapidement la piste qui change de rive et nous coupons à travers les prairies détrempées pour récupérer le chemin qui monte à la célèbre cascade de la Tièche
Welcome Home. Les bonnes habitudes ne se sont pas évaporées durant l'hiver. Un secteur de portage court mais intense nous hisse sur le premier épaulement.
30 mètres et une crête plus tard : Bingo ! Encore gagné ! Nouveau portage, mais dans la neige cette fois, avec en prime les eaux glacées de la cascades qui dégoulinent dans le cou... ;o)
Finalement, nous abandonnons sans regrets la superbe cascade de la Tièche pour résolument prendre la direction du Haut-Valais.
Les crocus ou perce-neige portent bien leur nom: la neige à peine fondue, les pâturages en sont aussitôt recouvert. La sortie se transforme en balade bucolique, d'autant que le terrain redevient momentanément plus propice à la pratique du VTT.
Après quelques hésitations, nous décidons de couper à travers prés en direction du petit étang de l'alpage du Plan pour tenter de rejoindre un hypothétique chemin de Nüschelet.
Après une courte séance de jardinage, et contrairement aux précédentes éditions, nous finissons par le dégoter ce fameux single qui mène à Varneralp.
Les premiers hectomètres sont assez cassants et nécessitent de courts mais nombreux portages qui mettent à mal notre rythme de croisière, mais aussi notre rythme cardiaque. Puis, au fur et à mesure que la forêt s'éclaircit, le sentier devient plus ludique et roulant.
No comment !! Ah si !! Du boulot en vue pour Jeannot
Le sandwich à peine arrivé jusqu'aux sucs gastriques, les hostilités reprennent. Pour accéder au plateau de Varneralp, impossible de courcircuiter ce enième névé. Les chaussettes étaient pratiquement sèches. Dommage.
La croix de Plammis située à l'extrémité Est du vaste plateau alpestre constitue le point culminant de la rando. La descente finale y débute par de doux et harmonieux contreforts herbeux.
Après le passage d'une première cassure de pente, la perspective plonge magnifiquement vers le Rhône. Si vous aviez entrepris cette rando avec nous, à ce moment précis, vous auriez pu voir ça.
Notre retour sur les flancs de la vallée du Rhône se conjugue avec un changement de relief. Les doux reliefs des pâturages supérieurs cèdent la place à un sol plus abrupt et rocailleux.
Bénéficiant d'une exposition Sud parfaite, le terrain devient définitivement sec. Nous attaquons le fameux single qui mène à l'alpage de Chaeller et ses innombrables et harmonieuses épingles
Les réguliers va-et-vient du bétail ont tracé une multitude de trajectoires différentes. En plus, ces braves bêtes ont eu la bonne idée de proposer un niveau de difficulté variable. De quoi satisfaire tous les niveaux techniques.
De toute manière, quelque soit l'option choisie, le panorama sur le bassin sierrois ou son pendant oberwalliser demeurent époustoufflants.
Dès le passage du petit oratoir de Chaeller, le single abandonne le versant principal de la vallée du Rhône et file résolument vers les falaises de Loèches.
Le single de la mort. Gros coeur ou neurones déconnectés indispensable. L'idéal est de réunir les deux pour enquiller sereinement le très aérien sentier taillé à même les falaises qui surplombent le village d'Inden. La moindre erreur serait probablement la dernière.
Last but not least. Le dernier névé de la journée fut aussi le plus périlleux. Le chemin est coupé par les restes d'une coulée de neige dure. L'impossibilité de contourner le passage associé à notre évident mauvaise volonté pour rebrousser chemin nous entraînent dans une petite séance d'escalade sur glace pas piquée des vers....