Goppenstein, Kandersteg : des lieux qui font irrémédiablement penser au tunnel du Lötschberg, ce trait d’union entre le canton de Berne et le Valais. Alors qu’il est si facile de le franchir en mettant son véhicule sur la navette ferroviaire qui traverse ce passage stratégique à travers une partie de la chaîne alpine, il est beaucoup plus ludique de tenter l’aventure en passant par-dessus l’obstacle à la force des mollets, en profitant en plus d’une des rares belles journées de septembre.
L’itinéraire débute dans le Lötschental, célèbre pour ses masques de carnaval sculptés et ses avalanches l’isolant parfois l’hiver, puis grimpe sur les hauteurs de la vallée du Rhône avant de plonger dans la cuvette de Loèche. Les bienfaits de la technologie sous forme d’un téléphérique permettent de gagner en quelques minutes le col de la Gemmi et ses falaises vertigineuses avant la descente infernale vers Kandersteg logé tout au fond de sa vallée. Sans être techniquement très difficile le parcours est long, cassant mais terriblement gratifiant au niveau visuel et émotionnel. Yeux, oreilles et nez sont particulièrement mis à contribution : des paysages grandioses, un silence reposant troublé seulement par quelques oiseaux métalliques de notre « force aérienne stratégique » à l’entraînement et des parfums d’automne très forts dans les nombreux pâturages traversés.
Au final un bonheur absolu, l’impression par moment de toucher au Graal du VTT, même si le fait de rouler en semaine m’a privé du plaisir de partager des instants magiques avec mes amis »abyssins » habitués de nos raids en Ethiopie…
Kandersteg, 8 heures du matin, embarquement homme-vélo sur la navette BLS pour rejoindre le côté valaisan du Lötschberg. La météo s'annonce prometteuse !
Ferden, 1400m, porte d'entrée du Lötschental. Après une bonne mise en jambe depuis Goppenstein les choses s'annoncent sérieuses : 14km et 1150m de dure montée pour s'extraire de la vallée.
Bye-bye asphalte, welcome rocks and stones : le VTT pur et dur commence ici, les muscles sont bien chauds et Fadumalp me nargue de très haut.
La face de Lauchernalp, autre lieu propice au VTT et à la glisse l'hiver. Un futur spot où je rêve d'aller user mes crampons.
L'arrivée dans les pâturage de Fadumalp laisse bien présager de la suite de la rando : les vues sur le Lötschental sont toutes plus saisissantes les unes que les autres. Comme je ne regrette pas d'avoir entamé mon bonus d'heures supplémentaires…
Le superbe petit hameau de Fadumalp, dominé par le Nirven, s'accroche à la pente et laisse entrevoir la suite des réjouissances : encore des sentiers bien pierreux et chaotiques sur lesquels mon Golddigger va pouvoir démontrer ses qualités de grimpeur.
La vue qui coupe les jambes et qui oblige à un sacré effort mental pour relancer la machine. L'endroit est magique, le panorama grandiose et l'odeur si particulière des alpages valaisans en début d'automne me rappellent d'autres spots mythiques de ce canton dont je suis pour moitié originaire. Ah racines, quand vous nous tenez !
Le hameau d'Oberi Meiggu marque la fin de la rude montée depuis le Lötschental et le passage sur les hauts de la vallée du Rhône. En face le massif des Mischabel et le Weisshorn dominent l'horizon. Il est temps de rallonger la Talas pour un festival de singles d'anthologie.
Le Bishorn devant le Weisshorn si bien nommé. La neige fraîche témoigne du temps exécrable du dernier week-end.
Le panorama offert depuis le Heruhubel (2310m) efface complètement la pompe au maximum de son régime, la sueur qui dégouline sur les yeux et la langue qui se coince dans le disque de frein. Les mots sont impuissants à décrire l'impression de sérénité, de détachement et de force qui semble attachée à ces lieux qui vont bientôt retrouver leur solitude hivernale. Il faut parfois bien peu de choses pour transformer l'instant présent en moment magique qu'on voudrait éternel. Le regard embrasse de gauche à droite le Fletschorn, le Weissmies, le massif des Mischabel, le Weisshorn, le Rothorn de Zinal, l'Ober Gabelhorn, le Cervin, la Dent Blanche, le Grand Combin et le massif du Mont Blanc. Géant !
La cuvette de Stafel marque le début d'une descente de près de 300m jusqu'à Underi Fäsilalpu, un nom bien d'chez nous ! En enfilade on devine l'entonnoir de l'Illgraben.
Une vue qui rappelle de si bons souvenir : le fantastique dévaloir de l'Illgraben, au bord duquel nous avions roulé lors de notre mythique tour du Val d'Anniviers 2003, le Crêt du Midi dominant l'Ars du Tsan et le Mont Noble contourné par le col de Cou, autres magnifiques endroits que j'ai sillonnés, et surtout le Mont Blanc dont nous avons fait le tour à VTT en 2003.
La traversée en single entre Underi Fäsilalpu et Bachalp en passant par Nirvenalp est époustouflante par la qualité du sentier, son profil en dents de scie, les nombreux aroles qui assurent un peu d'ombre et la vue plongeante sur Turtmann et son aéroport. Mais très vite il faut remonter pour atteindre Bachalp niché au fond de son vallon.
Après un petit casse-croûte et une pause bienvenus l'ouvrage est remis sur le métier en attaquant la dernière difficulté du jour : la montée en single vers Oberu, puis curieusement sur asphalte vers Galm.
Toute le bonheur d'une sortie VTT dans le Haut-Valais : un panorama magnifique, un single maintenu en parfait état et une signalisation privilégiant le VTT en prévenant les promeneurs qu'ici le biker est roi.
Bachalp paraît bien loin au fond de son vallon. Les muscles très sollicités commencent à rechigner devant l'effort et les crampes menacent, mais la majesté des lieux pousse à se surpasser.
Galm, petit oasis de calme sur le chemin du Restipass décrit par Steph
Les falaises du Torrenthorn en pleine lumière d'après-midi de septembre. Ah qu'il fait bon crapahuter à VTT sur les alpages valaisans alors que tant de collègues sont assis bien sagement derrière leur bureau…
Le point le plus haut du tour d'aujourd'hui : le Wysse See si mal nommé au pied du Torrenthorn. L'endroit est sauvage à souhait, la lumière et la température estivales suggèrent une petite sieste. Mais l'heure et le chemin restant à parcourir m'incitent à renoncer tant à la pause qu'à une tentative de pousser jusqu'au col du Resti pourtant si proche.
C'est avec regret que je contemple ce col mythique si cher à Steph, sans pouvoir le vaincre aujourd'hui. Mais ce n'est que partie remise, peut-être plus cette année mais sûrement en 2006.
Le single un peu chaotique qui mène sur les hauteurs de la vallée de Loèche sera rapidement vaincu. Inroulable au début il devient ensuite très ludique mais traître de par la hauteur des talus où les pédales se plantent facilement.
Oberi Alp, 2400m : à nouveau le point le plus haut du parcours. La vallée de Loèche est à portée de crampons et le col de la Gemmi au loin m'attire irrésistiblement. Il est temps de mettre les dernières forces dans la bataille si je veux profiter des bienfaits d'une boisson roborative dans la Mecque de l'eau thermale (Loèche-les-Bains).
L'alpage valaisan comme je l'aime : un éperon herbeux, quelques vaches d'Hérens, une petite mare boueuse, un single de rêve… Ne manque que l'odeur !
La cabane Rinder est en vue et la Gemmi toujours visible. Entre les deux une descente qui s'annonce infernale, une station thermale réputée et une montée vertigineuse en téléphérique pour rejoindre le versant nord de la chaîne alpine. Miam !
La meilleure récompense du biker halluciné : un nectar houblonné requinquant après une descente d'enfer sur Loèche-les-Bains. Technique et pourtant très rapide, cette plongée raide passe par la piste de DH locale : un must à ne manquer sous aucun prétexte. Décoiffant pour le biker et échauffant pour les disques !
Vue du col de la Gemmi la descente des alpages du Torrenthorn sur la station déroule ses nombreux lacets invisibles dans la forêt.
Un dernier regard embrassant une partie des Alpes Valaisannes, grandioses dans leur lumière de fin d'après-midi et il est déjà temps d'attaquer les 16 derniers kilomètres de la journée : la descente de la Gemmi (2346m) à Kandersteg (1174m) dans un univers très minéral
Le début de la descente est sans difficultés, il suffit de longer le Daubensee en se méfiant toutefois des promeneurs retardataires se dépêchant de rallier la Gemmi pour prendre la dernière benne du jour.
Perdu au fond de son vallon l'hôtel de Schwarenbach bénéficie des derniers rayons de cette magnifique journée.
La terrible paroi nord de l'Altels domine Schwarenbach de sa masse impressionnante.
La partie basse du passage de la Gemmi est en pente douce et la végétation reprend le dessus. L'éperon du Stock se cache derrière la forêt au loin. De ce point de vue dominant toute le haut de la vallée de la Kander je vais attaquer la cerise sur le gâteau de la journée : une mac (machine à coudre) fabuleuse de 36 épingles bien techniques ravagées par les récentes pluies diluviennes qui ont arrosé l'Oberland. C'est éprouvant, la concentration est totale et les mollets fatigués doivent encore supporter mes 85kg pour un quart d'heure, mais c'est la plus belle descente de mon année vététiste. Au bout de l'effort encore une boisson de remise en forme, près de 7 heures en selle, 57km et 1900m de montée pour 2850m de descente : un bonheur absolu qui récompense des si nombreuses fins de semaines pluvieuses qui ont gâché cette année 2005.