Lancé comme ça, hors contexte, ça fait un peu penser à une onomatopée de BD, dont le héros serait en train de « boter »* son mauvais alcool dans l’arrière-cour d’un troquet sombre et douteux.
Remis dans son contexte, Bratsch, c’est le nom d’un village que nombre de GPS biologiques ** ne contiennent généralement pas dans leur base.
– En rajoutant Erschmatt et Engersch, votre GPS commence-t-il à retrouver ses satellites ?
– Toujours pas !
– Bon, allons-y, lâchons du lourd, de l’illustre, du renommé : Feschel, Brentschen, Jeizinen.
– Encore dans les choux ?
Va sérieusement falloir songer à télécharger une nouvelle mise à jour de votre cartographie embarquée, parce que la région regorge de single-tracks « haut valaisans »***, bien velus, qu’il serait péché de ne jamais avoir parcouru à VTT.
Fidèles parmi les fidèles, il était bien évidemment hors de question que nous vivions plus longtemps dans cette transgression. Notre quête de repentir a débuté sur l’insoupçonné et superbe chemin de la rive droite du Rhône, pardon Rotten, entre la Souste, pardon Susten, et Gampel. Immédiatement après cette douce entrée en matière, notre pèlerinage de rédemption s’est poursuivi par l’ascension de l’ancien chemin de Jeizinen, si souvent dévalé nez dans le guidon, lors de nos précédentes saisons pécheresses. Premier haut-fait de la liturgie selon Saint-Sentier, notre rite d’adoration a été de vaincre le descendant de cet incroyable apôtre, accroché aux flancs arides et rocailleux de Tännji, et devant hypothétiquement nous mener vers Bratsch. Une cérémonie religieuse sans pénitence n’est pas vraiment une cérémonie religieuse. La nôtre a consisté à nous élever jusqu’à Jeizinen via sa tortueuse mais asphaltée route de montagne. Et le rituel final ? me direz-vous. Et bien, pour clôturer ce culte dominical, nous avons choisi du grand, du beau, du pieux, du mystique : le phénoménal single-track qui plonge du Hohe Brücke de Rotafen directement vers les eaux bénies, ou bénites allez savoir, du Rhône, pardon Rotten.
Une journée entière dédiée à la religion VTT. Que c’est beau la foi !
* Pas la peine d’incriminer le correcteur de Word, ou pire encore, mes éventuelles déficiences orthographiques congénitales, contentez-vous d’approfondir les particularismes linguistiques locaux.
** Le GPS biologique n’est pas intégré dans un petit boîtier en plastic à la voix suavement obstinée et programmée pour vous contrarier méthodiquement à chaque intersection, mais est généralement situé entre les deux oreilles de la plupart des personnes.
*** Qualifiant un sentier pédestre, le terme « haut-valaisan » n’est pas considéré comme péjoratif ou injurieux. Ce serait plutôt le contraire.