Les maux de dos ayant diminué grâce aux manipulations rebouteuses italiennes et à la chimie helvétique nous allons pouvoir attaquer la seconde sortie de notre trilogie frioulane. Cette fois-ci nous plongeons plus encore au cœur des Alpes carniques à l’extrémité orientale de la chaîne des Dolomites. Claut est une petite station estivale blottie au fond d’une vallée encaissée, surmontée par des pitons rocheux rendant le passage entre vallées quasiment impossible. Au départ nous pensions franchir une fenêtre à VTT mais les locaux et les cartes nous ont vite découragés. Place donc à un tour plus forestier bien que très pentu.
Commencée en douceur en remontant la vallée sur une dizaine de kilomètres, la sortie se mue vite en exercice de grimpe sur un sentier forestier à plus de 40º. Le temps couvert et la température agréable n’empêchent pas une sudation quasi fluviale. Les noms des alpages traversés sont étranges (Pian de Cea, Croche, Pradut, Ressetum) mais les panoramas toujours aussi impressionnants. Les signes de présence humaine étant quasi nuls, que se passerait-il si nous avion un gros pépin? La prudence est de mise dans les descentes longues et techniques sur des chemins très caillouteux et ravagés par des orages qui doivent être dévastateurs dans ces vallées encaissées.
La fin du tour se terminera en remontant en partie le Val Cimoliana entouré de falaises verticales assez oppressantes mais toujours grandioses. Au final un grand cru carnique qui pourrait bien revoir nos crampons une autre année, tant la région regorge de possibilités pour des vététistes entraînés.
Les falaises dominant Cimolais, à l'extrémité orientale des Dolomites, font présager un second tour frioulant aussi musclé que le précédent. Mais notre soif de découvertes est intacte malgré nos problèmes de dos.
Que dire, qu'écrire devant tant de majesté minérale, de sauvagerie colorée? Le lit asséché du torrent Cimoliana témoigne des conditions terribles qui y règnent par temps d'orage.
Le ciel se couvre rapidement et les sommets au sud sont d'autant plus impressionnants.
Le pont de Lesis, petit hameau après Claut, est le dernier signe de civilisation avant les alpages d'altitude. Ici commence le royaume des alpinis.
Asphalte encore méprisé avant Pian de Cea. D'ici peu nous invoquerons son touché doux et velouté alors que les cailloux et le sable compliquerons singulièrement notre ascension.
Sauvagerie du parc national des Dolomites frioulanes pour biker assoiffés d'exotisme.
Pian de Cea marque un tournant au fond du Val Cellina. A partir d'ici les choses vont singulièrement se compliquer pour nous.
La largeur du torrent à sec laisse imaginer la violence des flots à la fonte des neiges ou lors d'orages estivaux. L'endroit est angoissant et nous fait prendre conscience de la puissance des forces naturelles. Brrr…
Et dire que nous avions initialement prévu de passer tout au fond de la vallée par la Forcla delle Fregoane, là où corde et piolets semblent quasi indispensables! Comme quoi la meilleure lecture de carte ne vaut pas la vision réelle.
Bien callés sur nos selles nous attaquons le début de la montée vers Casera Pradut. Très vite la pente va s'accentuer à 30-35% et le sol caillouteux à souhait va rendre l'exercice très pénible. Les dents serrées et le regard fixe, je n'aurai pas la force morale de sortir mon APN pour immortaliser l'effort.
Hard, very hard, extremely hard. L'art du vététiste puriste et motivé consiste souvent à souffrir pour atteindre le Nirvana alpin, avant de pouvoir enfin plonger dans l'extase de la descente. Cette forme d'orgasme vététiste est vicieusement masochiste.
L'alpage de Casera (refuge) Pradut nous permet enfin de récupérer mais quelques gouttes de pluie nous font craindre le pire dans ces lieux sauvages.
Très vite nous filons vers la Casera Ressetum qui marquera le début d'une longue descente qui va terriblement nous secouer.
D'étranges igloos parsèment les pâturages de Ressetum. Malgré nos recherches les Inuits sont introuvables. Mais les abris en polystyrène doivent permettre aux moutons de se protéger des intempéries et peut-être des loups.
Dernier regard vers un petit coin de paradis, Casera Pradut perché au-dessus de sa falaise.
Claut, petite station blottie au fond du Val Cellina.
Cimolais au loin et Claut 900 mètres en contrebas sont les deux seuls villages des Val Cimoliana et Cellina, vallées enclavées au milieu des Alpes carniques.
La difficile descente sur Claut demande à nouveau une bonne concentration tant le terrain est traître et cassant.
Paysage bucolique pour vététistes aux avant-bras tétanisés et à la gorge desséchée. Ah que la campagne est belle!
Incroyablement claire mais terriblement froide l'eau de la Cellina nous fait très vite regretter de ne pas nous être muni d'une flasque de bleue, notre absinthe jurassienne. Un tel produit bio serait divinement mouillé par un filet de pareils flots.
Comme le tour ne peut se terminer sans dérouler nos jambes sur un terrain moins cassant nous décidons de remonter le Val Cimoliana, majestueuse et impressionnante vallée encaissée très illustrative de la topologie des Dolomites.
La météo nous oblige à garder un œil sur le ciel car un orage soudain pourrait avoir de fâcheuses conséquences. Notre équipement léger et le large lit du torrent tout proche nous incitent à la prudence.
Ponte Gotte marque la fin de la boucle du Val Cimoliana. L'endroit est encaissé et les nombreux blocs de rocher témoignent de la sauvagerie des lieux.
Alors que d'aucuns, chargés à fond, sillonnent les routes de l'Hexagone dans un Tour trop souvent dédié à la pharmacopée, nous préférons pour notre part nous charger plus naturellement avec les produits locaux. Le café glacé figure sur notre liste de produits interdits d'ingestion avant la fin de la sortie, mais hautement régénérateurs dès les vélos chargés dans le coffre.
