Une fois encore repoussés vers les Bernoises par une nième incursion du foehn, c’est, une fois encore, sur Ovronnaz que notre choix s’est porté pour aller voir à quoi ressemble l’hiver, le vrai, celui avec de la neige (enfin) en abondance et du soleil pour en profiter. Dans notre viseur, la Pointe de Chemo et ses 2’626 mètres. Si la chaîne des Alpes est désormais bien regarnie en or blanc, le régime du sud persistant et la douceur l’accompagnant ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir de trouver encore de la poudreuse sur un adret aussi exposé que le versant sud de Dame Chemo. Et, de fait, on s’y croirait déjà en avril, sur un revêtement verglacé, décroûté ou carrément humidifié, selon le moment de la journée où vous choisissez de le fréquenter.
Mais, comme beaucoup de pointes et de cimes, Dame Chemo, possède des charmes cachés. En l’occurrence, un somptueux versant oriental plongeant d’un trait jusqu’aux vastes pâturages de Chamosentze. Une fois l’étroit goulet rocheux du sommet franchi, ce phénoménal plan incliné recelait encore une telle épaisseur de neige fraîche, protégée des assauts du soleil par l’ombre bienfaitrice de Dame Comonau, la voisine de Dame Chemo, que nous n’en avons, d’abord, pas cru nos yeux avant d’en avoir le souffle, puis les jambes, carrément coupés.
Quel bon plan et quelle journée de rêve !
Et même si la semaine qui vient se révèle aussi anticyclonique et douce qu’annoncée, ce qui est pris n’est plus à prendre. Et par les hivers qui courent, voilà un dicton qui devient chaque jour plus judicieux.
Et pour les plus incompétents fonctionnaires valaisans, elle est où la zone de refuge ? Au Service Cantonal de la Chasse ?
Un début de matinée mâtiné de gris.
Une fois à Loutze, il faut choisir, caler ou caler.
Comme judicieusement annoncé, une fois sa grasse mat' terminée, le soleil a fini par se lever.
Avec l'altitude notre trace dégèle un peu mais sans complètement drécroûter.
Pas grave, l'incroyable beauté de la Combe de la Chaux se charge de nous faire oublier nos reculades intempestives.
Ciel de foehn sur les Valaisannes, zigzag engageant dans les Bernoises. En Valais, plus qu'ailleurs, il y a toujours un coin de ciel bleu.
Les résidents locaux, du haut de leur balcon, semblent se moquer de nos pérégrinations neigeuses.
Nos ouvreurs à l'approche du col entre Chemo et Comonau.
Pendant que les uns tricotent, les autres suent à grosses gouttes dans la chaleur prenant peu à peu possession de l'adret.
Mais rapidement, tout le monde se retrouve confronté aux charmes des mailles à gauche et des mailles à droite.
Fort heureusement, les dernières conversions permettant de se hisser au col, se font sur une neige, ramollie et enfin adhérente.
Et si on allait voir à quoi ressemble l'autre versant ?
Un étroit goulet rocheux à dévaler et puis, banzaï !!! Un rail complet de poudre à sniffer...
... pour la première grosse "épeuffée" de l'hiver.
Un pan incliné long comme un jour sans ski...
... recouvert d'une couche de peuf profonde comme une réflexion de Michel Onfray.
En perdant de l'altitude, la neige se fait plus lourde, mais paradoxalement plus consistante et plus portante. Donc, pas plus difficile à skier.
Toutes les bonnes idées sont partagées. Mais finalement, pas tant que ça. 10 randonneurs inspirés pour un versant aussi renversant, ça reste un sacré bon plan.
Quelques "Z" qui montent vers Rambert et une interminable succession de "S" qui filent vers Chamosentze.
A fond jusqu'à Tsanrion...
... en semi-apnée avec les jambes en phase d'amputation avancée.
Chamosentze Down Town, quand on croit qu'il n'y en a plus, il y en a encore.