C’est une histoire de degrés. Des degrés d’humidité revus à la baisse, des degrés Celsius poussés vers le haut et des degrés de danger réduits de trois unités en trois jours. Moins d’une semaine après les intempéries dites « catastrophiques », les hautes pressions sont (enfin) revenues sur les Alpes, ramenant un soleil qui a rapidement œuvré à la stabilisation d’un manteau neigeux vraiment énorme au-dessus de 2’000 mètres et nous avons pu reprendre le cours d’une saison de ski de rando que nous avions été forcés de mettre en stand-by.
Pourtant ce rapide et appréciable retour à la normale ne s’est pas fait sans casser d’œufs. Plusieurs épisodes de redoux suivis de l’inévitable cycle « gel nocturne/dégel diurne », bien épaulés par des vents tempétueux, ont rapidement dégradé la qualité de cet abondant or blanc. La poudreuse a pratiquement disparu en dessous des 3’000 mètres et la neige cartonnée, « trafolée », voire carrément verglacée est d’ores et déjà le lot du ski loin des pistes.
Ceci tendrait à confirmer que quantité ne rime pas souvent, voire jamais, avec qualité.
Eh bien tant pis, il va encore falloir qu’il reneige… N’en déplaise aux « hiverophobes ».
Rien de nouveau sous le soleil, ni dans l'ombre matinale de Bourg St Pierre : ça piaille et ça caille.
Traverser directement sur le garde-corps de la passerelle sur le torrent de la Croix. Un exploit ... ou pas selon la quantité de neige présente.
Le fameux goulet d'Azerin, une simple formalité légèrement pulsée grâce à une trace bien faite et une neige plus accrocheuse que prévu.
Ombre VS lumière. Ubac VS adret. Mais pourquoi tant de haine ?
La croix de Challand d'en Haut nous offre un coup d'oeil panoramique sur la procession de sa combe éponyme.
Pour la pause de 9 heures sur le petit banc de bois, va falloir creuser un peu... ou revenir au printemps.
Emerger au soleil redonne sourire et entrain ...
... même, ou surtout, au groupetto frigorifié.
Trace rectiligne et vaste combe en phase de redressement redonnent rapidement du D+ à notre rando.
Moins de neige que prévu ! La faute au vent à l'oeuvre plus souvent qu'à son tour, si proche de la crête sud des Alpes.
Qu'importe le flocon quand on a la passion (du D+ et des cloques.)
Pas encore de but fixé, mais toujours une trace à suivre.
L'heure du choix. Pointe de Penne ombrageuse et dégarnie ou Six Noir ensoleillé et capitonné ?
Comme les retardataires ne sont pas invités à donner leur avis ...
... quand ils débarquent à l'intersection, l'option est déjà prise.
Six Noir, sans regrets surtout en voyant l'état de l'arête entre la Pointe de Penne et la Tita de Bou.
Un petit quart d'heure et 100 mètres de dénivelé plus tard.
Chaleur et fatigue aidant, les derniers mètres ascendants ne sont jamais les plus aisés à avaler.
Sur le sommet du Six Noir, le bien nommé, ou plutôt, juste en face, au soleil.
La pause casse-croûte, avant le ski du même nom.
Ca partait pourtant bien. Neige dure et bien damée par le vent...
... pour un contournement du "Noir" sans (trop) d'efforts.
Mais, à l'approche de sa vaste pente occidentale, le doute s'installe.
Revêtement très hétérogène, mais encore jouable... à défaut d'être joueur.
Avec un peu de chance ou d'instinct, y a moyen d'y carver sans vraiment s'exploser ni le souffle, ni les jambes.
Pourtant à mesure que le pan s'incline, son revêtement change, se faisant parfois cassant, parfois casse-gueule.
Pause sourire ou pause jambes ? Un peu les deux.
Vierge mais très difficile à lire, la neige du versant convoité se fait rapidement mériter.
Cartonnée, trafolée ou verglacée, il faut constamment improviser.
Pas impossible à skier, mais jamais donné.
Du coup, les jambes fatiguées subissent les caprices du revêtement encore un peu plus que les autres.
En retrouvant l'ombre de Challand, on retrouve une neige un peu moins croutée ...
... qu'avec beaucoup de vitesse et un peu d'adresse, il y a moyen de carver.
Keep Up Your Speed Or Die !
La plongée finale sur la Délise par sa trouée forestière ? Euh... non, peut-être pas.