« Habemus rursus hiems »*. Alors autant en profiter, plutôt que de se lamenter sur les frasques d’un printemps volage. Si nous avions, un moment, envisagé une « ch’tite » sortie en Normandie, histoire de tirer parti des excellentes conditions de neige entrevues dans les journaux télévisés de l’Hexagone, nous avons finalement choisi de rester fidèle à nos chères Alpes, où la neige et l’hiver ont finalement aussi fait leur retour. Un retour certes moins alambiqué que dans le Nord de la France, mais un retour néanmoins appréciable.
Direction le cœur de l’hiver, Place St-Pierre, pardon, Bourg-St-Pierre, pour un nouveau sommet en « B ». Après le Bonhomme du Tsapi et le Becca Colinte, il était temps d’aller voir à quoi ressemble le Beaufort. Si les 3048 mètres de ce sommet usurpent certainement quelque peu leur appellation, l’itinéraire qui y mène, lui par contre, mérite parfaitement son qualificatif de « fort beau », comme dirait nos amis du plat pays.
* Nous avons un retour d’hiver.
Le chemin de la forêt des Rames : dévaloir réputé casse-pattes pour les fins de rando, mais agréable compagnon pour leurs débuts.
Azerin et son soleil sont rapidement en vue, mars oblige.
Reste juste à négocier la traversée du torrent de la Croix en évitant les inondations décrites sur son panneau d'entrée.Vue la température, ça devrait passer.
Azerin, ses vaste pâturages, son soleil... et son foehn, en avance sur le timing annoncé.
L'habituel goulet menant à Challand d'en Haut, dans les rafales tempétueuses et sur un revêtement gelé.Que du bonheur et quelques hectomètres de couteaux.
Toujours pas mal de foehn, mais un revêtement neigeux désormais bien regarni par une récente livraison.
Les faux-plats de la vaste combe de Challand...
... plus "faux" et longs que réellement "plats".
Le contournement du Six Noir par le sud...
... une option qui rallonge l'itinéraire mais qui réjouit les yeux.
Une trace qui s'élève par paliers à travers un dédale de moraines glacières et de vastes plateaux d'altitude.Superbe !
Face à la muraille des Maisons Blanches nous rejoignons l'option de contournement Nord du Six Noir.
Ressauts et cuvettes se succèdent, le D+ enfle.
Ciel laiteux pour un panorama d'exception.
L'heure des braves : les jambes sont lourdes, la tête fatiguée et le foehn de plus en plus contrariant.
Heureusement la pente est douce et le sommet enfin en vue.
Les derniers hectomètres sous l'oeil bienveillant de l'impressionnant Combin de Valsorey.
C'est de là que nous venons ...
... mais ce n'est certainement pas là que nous irons.
Cernés par les rafales de foehn, nous optons pour un repli dinatoire vers des contrées moins hostiles.
Un peu de neige fraîche, mais surtout beaucoup de disparités cachées.
Les portions verglacées et poudreuses s'entremêlent sans que le regard ne parvienne à en discerner les variations.
Le somptueux versant sis (si, si) entre Six Noir et Six Rouges en version cache-cache neigeux.
Quelques coups de carre aussi bruyants que brutaux...
... et pas mal de neige profonde en phase de transformation.
A notre retour dans la combe de Challand, la déclivité change, mais le menu persiste.
Chaque prise de carre réserve son lot de surprises.
C'est finalement le lit supérieur du torrent de la Croix qui offre les conditions les plus homogènes.
Si sa neige s'alourdit avec la perte d'altitude, les portions verglacés y sont rares...
... et ses nombreux méandres agréables à visiter...
... à condition de ne pas manquer la bifurcation pour Challand d'en Bas.
Rapide transition à flanc d'une vallée d'Entremont laminée par un foehn désormais tempétueux et intégralement regelée...
... pour récupérer la salvatrice route d'alpage menant à Bourg-St-Pierre.
Les pâturages de la Délise ont déjà été bien mis à mal par le foehn de la semaine passée...
... bien que son chemin reste provisoirement skiable.