Quand le bus Iveco de la ligne B681 de Car Postal referme ses portes automatiques, dans un bruit d’air comprimé, puis redémarre en nous laissant sur le bord de la route, vous vous dites :
Que c’est beau !
Que c’est haut !
Qu’il souffle à décorner n’importe quelle Hérens !
Qu’il fait bigrement froid !
Qu’il commence à grésiller !
Qu’il ne va pas tarder à neiger !
Et puis, vous prenez conscience qu’après toutes ces années de VTT, vous avez atteint le bout du bout du Valais. Le dernier mètre de son dernier hectomètre de son dernier kilomètre. Que plus loin, c’est Uri. Qu’après tout ce temps passé en selle et en chemins, vous êtes, non pas au bout de l’histoire, mais au bout du territoire. Et que, parmi tout ce que le Vieux-Pays compte de sentiers, vous avez sous vos roues, non pas le dernier, mais le plus excentré. Alors, vous cliquez une pédale, puis les deux et vous commencez à rouler. Vous rejoignez rapidement Gletsch et ce Rhône qui n’a encore de fleuve que le nom. Ensuite, comme lui, vous filez lentement vers l’Ouest, à travers les premiers paysages austères et sauvages de ce généreux pays qui va encore vous prêter, pour quelques heures, un sentier de cet incroyable réseau que des hommes bien avisés, avant vous, ont tracé pour vous permettre de rouler.
Et petit à petit, sans savoir pourquoi, vous souriez …